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Critique de ElBaathory


Dire que je trépignais d'impatience à l'idée de retrouver Jay Kristoff n'était qu'un doux euphémisme tant j'avais hâte de découvrir la nouvelle série de ce génie que j'affectionne tant. Pour autant, j'avoue que j'étais assez craintif de peur de l'ombre que pourrait influencer Nevernight sur ma lecture. Cela étant sans compter sur le talent indéniable de l'auteur qui réussit haut la main le défi de s'émanciper allègrement mais pas totalement de sa précédente oeuvre pour nous en dévoiler une nouvelle toute aussi captivante et passionnante.

Sans être passé loin du coup de coeur, nul doute que L'Empire du Vampire est un chef d'oeuvre du genre littéraire. Bien que la mythologie vampirique n'est pas ce que je préfère, Jay Kristoff s'approprie les codes de cette légende pour en réaliser quelque chose de neuf, mature et des plus pertinent à découvrir. Bien que ces créatures restent membrées de dents aiguisés, avides de sang et sensibles à l'argent, leurs différents pouvoirs et autres sont surnaturels sont bien plus accrus et d'une violence inouïe cette fois-ci. Aussi séduisante que dangereuse et aussi violente qu'horrifique, j'ai tout simplement adoré la figure du vampire dévoilée par ce dernier. Jay Kristoff réalise un travail incroyable quant à ce mythe et dévoile un panthéon parfaitement orchestré, à la hiérarchie rondement menée. J'ai eu l'honneur de découvrir cette parfaite et habile construction et cette fine maîtrise grâce à la langue bien pendue et sarcastique – comme je l'aime – de Gabriel de León, cette moitié de vampire que j'ai rencontré en fâcheuse position. En effet, l'intrigue prend place dans la cellule dans laquelle notre antihéros, pas si antihéros que cela mais nous y reviendront, est maintenu prisonnier. Sa sombre geôlière désire connaître l'histoire de cet atypique individu aux allures de héros de guerres invincible et indestructible. Celui-ci, bien que réfractaire à la collaboration finira par répondre finalement à cette demande en échange d'une puissante drogue auquel ce dernier semble dépendant. Débute alors une riche et vive immersion au sein d'un univers des plus froid et austère qu'il m'ait été donné à lire. Pendu à ses lèvres, je me suis laissé guider par son franc parler, son ton bestial ainsi que ses manières rustres et malotrues.

Tout débute alors et jusqu'à présent de manière somme toute classique mais cela était sans conter sur le talent et le génie de Jay Kristoff. Alors que je découvrais avec vif intérêt la jeunesse et l'adoubement de Gabriel auprès de sa nouvelle légion, l'Ordre d'Argent, notre moitié suceur de sang têtu et n'en faisant qu'à sa tête, décide de livrer à son auditeur le récit de son aventure liée à la quête du Saint-Graal. Oubliez à présent le traditionnel schéma du héros en devenir et laissez place à une construction narrative décousue mais parfaitement alléchante et captivante. Sans savoir où souhaitait me mener Gabriel, je l'ai laissé disposer les pièces de son puzzle comme bon le lui semblait pour me retrouver face à une toile d'une complexité à toute épreuve. En ce sens et bien que déjà émerveillé par la prose de l'auteure, Jay Kristoff est parvenu à me surprendre parfaitement. Nul doute que son style s'est une fois de plus bonifié avec le temps et cela se ressent amplement dans la maîtrise de L'Empire du Vampire. Ce dernier sait comment embarquer ses lecteurs avec lui. C'est pourquoi, et malgré sa taille impressionnante, ce premier tome se dévore avec avidité et efficacité. Les six livres que comporte ce-dernier se dévoilent tout aussi intéressants et importants et permettent l'avancée des différentes intrigues dévoilées et drastiquement ficelées.
Mieux encore, l'auteur reprend quelques éléments déjà présent dans sa précédente série tout en les remaniant afin de les imbriquer à sa nouvelle oeuvre. Quel plaisir de retrouver ainsi le puissant loin que détient Mia et ses familiers, remplacé cette fois-ci par la curieuse épée brisée et parlante de Gabriel. Il fallait oser reprendre cet élément dont j'ai trouvé le parallèle séduisant. Néanmoins et bien que connaissant maintenant l'intrépidité et l'habilité du style de Jay Kristoff, ce ne m'a pas empêché de m'être à nouveau fait avoir par sa brutalité et certaines révélations m'ont autant fait rager que précédemment. Jusqu'à sentir monter mes larmes aux yeux à certains moments devant autant d'injustice et sévices. Ce n'est pas encore cette fois-ci que l'auteur épargnera ses protagonistes et encore bien moins ses lecteurs même si je dois bien admettre avoir trouvé cela jouissif. A croire que l'auteur a les lecteurs qu'il mérite. Et je ne parle même pas de la fin qui nous laisse sur d'importantes et inattendues révélations face auxquelles, je me dois encore de maudire et détester Jay Kristoff. Que sera longue l'attente avant de retrouver Gabriel de Léon.

En effet et comme je vous le disais, le portrait de ce personnage aux allures d'antihéros se dessine remarquable, évolutif et surtout saisissant. Bien qu'assez abrupte, cette première échauffourée m'a de suite interpelé grâce à la franchise et au sarcasme de ce personnage. Ce dernier se dévoile aussi courageux que vaillant mais aussi intrépide qu'imprudent et semble cacher derrière ses cinglantes réparties ainsi que son impressionnante violence une grande part d'humanité. J'ai de suite compris que je faisais face à un personnage complexe, construit en profondeur et je ne me suis absolument pas trompé. J'ai été saisi par le captivant contraste que possède Gabriel de Léon et minutieusement mis en valeur par Jay Kristoff. En dévoiler davantage reviendrait à vous dévoiler certaines vérités le concernant que votre coeur n'est pas prêt à attendre – le mien ne l'était pas, je vous rassure et ne s'en est toujours pas remis d'ailleurs – mais sachez que l'évolution de ce protagoniste tend à le faire devenir un véritable héros avec un grand H. Derrière sa noirceur et sa carapace se cache un être que j'ai adoré apprendre à connaître et dont la découverte m'a lié intimement. Ce vieil ours mal léché n'est d'ailleurs pas le seul personnage à détenir d'importants secrets et j'ai apprécié le traitement des différents membres de cette troupe atypique mais charmante et mettant à l'honneur une large diversité ethnique et sociologique. Il faut dire qu'en traitant du mythe vampirique, l'ambiance de L'Empire du Vampire est assez particulière et mystérieuse. Celle-ci oscille entre noirceur et lumière, entre démoniaque et piété. Ce contraste permanent offre un résultat détonant mais séduisant à souhait et je me suis autant imprégné de la violence de l'univers que j'ai fait preuve de rédemption. Ainsi, je n'ai pas été surpris de croiser le chemin de différents abbés, d'une soeur particulièrement séduisante et bien d'autres viles ou angéliques créatures telle une sorcière.

C'est pourquoi et comme vous l'aurez compris, la composition de ce premier chapitre m'a donc plus que convaincu et largement conquis. Bien que décousue et finalement finement ficelée, la construction et l'intrigue de ce dernier m'ont plus que captivé et passionné ! Jay Kristoff démontre tout son talent d'orateur et donne la voix à une personnage complexe et profond que j'ai adoré suivre dans cette sombre et pieuse épopée. L'Empire du Vampire détient un séduisant contraste constant et détonant que je ne peux que vous obliger à découvrir.

De plus, je ne pourrais finir cette chronique sans revenir sur le merveilleux et impressionnant travail d'édition réalisé. En effet, Bon Orthwick est aux commandes des illustrations qui accompagne ce premier volet et je remercie l'artiste pour ces nombreuses et délicieuses esquisses permettant un sentiment d'immersion encore plus vif et exacerbé. J'ai adoré m'arrêter sur chacune des oeuvres dévoilées afin de contempler toute la justesse des sentiments écrits par Jay Kristoff. Tout comme je remercie une nouvelle fois la maison d'édition De Saxus pour tout le soin et la finesse apportés à chacune de leurs parutions et celle-ci en particulier qui se veut un merveilleux incroyable livre-objet à posséder.

Cette lecture a été réalisée à l'occasion du Pumpkin Autumn Challenge – 2022 : Menu Automne de l'étrange – Catégorie In the dark I hear a call.
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