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Critique de Roupille


Quand j'étais gamin, j'étais bête. Enfin… Plus bête qu'aujourd'hui. C'est-à-dire vraiment très bête.
A chaque fois que, mes parents et moi, nous allions chez mes grands-parents, ceux-ci m'offraient un beau volume relié des Voyages Extraordinaires, de Jules Verne. Ces livres, dans une édition parfaitement nostalgique, étaient magnifiquement ouvragés, avec une couverture cartonnée aux teintes rouges, bleues et or, aux pages épaisses, subtilement grainées, et dont les tranches semblaient couvertes d'or. La dernier détail notable de cette collection était ce petit marque-page tissé à la reliure du livre. Une édition sublime, à n'en point douter, mais bon… ça faisait "livre de vieux", alors je décrétai que je n'aimais pas et je n'y ai jamais touché. En même temps, je crois que je l'ai déjà dit, mais quand j'avais 10 ans, j'étais vraiment bête.
25 ans plus tard, en vacances chez mes parents et en panne d'inspiration pour ma prochaine lecture, je décidai de consulter mon ancienne bibliothèque à la recherche d'un livre oublié, d'une madeleine de Proust, ou d'une découverte inattendue.
Malgré les déménagements, ma bibliothèque restait rangée comme à l'époque, et constituée essentiellement de livres éducatifs sur les animaux, l'astronomie, l'architecture ou encore les sciences, de livres jeunesse lus et relus parlant de trésors sur une île ou protégés par un dragon, de grand Nord ou de gamins faisant l'école buissonnière dans le Mississipi, et, toujours intacts, de ces fameux Voyages Extraordinaires. C'est ainsi que je mis la main sur Vingt Mille Lieues sous les Mers, et que pour la première fois, je plongeai enfin dans ces extraordinaires aventures du grand précurseur de la science-fiction que fut Jules Verne.

Quel voyage !
Nous sommes en 1866 et toute la communauté scientifique est en émoi. Un monstrueux animal inconnu, probablement un narval géant, est parvenu à faire couler plusieurs navires, entraînant une vague de panique jusque-là inédite sur les océans. le professeur Pierre Arronax est sollicité pour représenter la France auprès d'un bâtiment américain lancé autour des océans dans la chasse au monstre marin, accompagné de son domestique. Arronax, jeté à la mer avec le chasseur Ned Land par un choc entre la frégate et le monstre des profondeurs, sera secouru par le capitaine Nemo, qui en fera les prisonniers de son "monstre des mers", le sous-marin Nautilus. C'est ainsi que démarre ce voyage de vingt mille lieues sous les mers.

Des personnages extraordinaires !
Dans Vingt Mille Lieues sous les Mers, il n'est difficile ni de lister, ni de reconnaître les principaux protagonistes de l'histoire. Celle-ci est racontée du point de vue de Pierre Arronax, professeur au Muséum d'Histoire Naturelle, médecin, sociable, curieux, à l'enthousiasme débordant et ayant une appétence toute particulière pour les descriptions complètes, précises, détaillées mais non dénuées d'une joie communicative.
Le Pr Arronax est toujours accompagné de son fidèle domestique Conseil, jeune homme taciturne qui, comme le dit si bien Arronax, "en dépit de son nom, ne [donne] jamais de conseils". Ensemble, ils rencontreront le chasseur Ned Land, harponneur géant canadien, sorte de capitaine Haddock avant l'heure, avec qui ils seront faits prisonniers par le capitaine Nemo.
Ce dernier, commandant misanthrope du Nautilus, a construit son sous-marin afin de s'éloigner du vice des hommes et s'isoler dans ce monde aquatique capable de subvenir à tous ses besoins.

Un voyage extraordinaire !
Jules Verne, c'est l'un des précurseurs de la science-fiction, un auteur d'aventures avec un grand A, et la lecture de ces Vingt Mille Lieues sous les Mers est comme un bonbon acidulé aux multiples saveurs : c'est frais, c'est piquant, c'est rafraichissant, et quand on a terminé, on a envie d'en reprendre un !
Alors bien sûr, il y a ces descriptions longues, prolixes, abondantes, interminables, copieuses, peut-être un peu excessives quand il s'agit de passer 2 pages entières à décrire les types d'écailles d'un poisson ou les types de rivets et boulons utilisés pour construire le mythique Nautilus, mais d'un enthousiasme tellement communicatif qu'elles parviennent, sinon à se rendre toujours passionnantes, à contribuer à cette immersion dans ce monde marin avec force détails et explications scientifiques.
Le langage et le style parfois désuets de l'ouvrage peuvent prêter à sourire, mais cela contribue aussi au charme incroyable de l'oeuvre, épopée sous-marine véritablement spectaculaire, extraordinairement moderne, au traitement visuel extrêmement cinématographique, vingt-cinq ans avant l'invention du cinématographe, et dont certains moments sont absolument grandioses. On est totalement plongé dans ce voyage sous les mers, où les découvertes se succèdent aux moments de bravoure et les discussions philosophiques entre Arronax et Nemo aux festins pêchés lors de leurs multiples explorations.
On est littéralement happé dans ces aventures que tout gamin rêverait un jour de vivre, et l'on en ressort avec une seule envie : c'est d'en vivre d'autres comme celles-ci !
Quand j'étais gamin, que j'étais bête !
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