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Critique de LoupAlunettes


C'est une aventure étrange proche du conte moderne et ce n'est pas forcément ce que l'on s'imaginera, un oeil posé sur la 1ère de couverture.

Un couple de même sexe s'installera, fondera son foyer douillet et se trouvera spectateur d'un drôle de phénomène.

Chaque nuit, les objets bougeront, changeront parfois de place, seront même renversés (mais pas abimés).
Tandis que dans un conte traditionnel, on ne se poserait pas la question d'y voir un fait de la réalité, que l'on incriminerait un mauvais esprit jaloux ou des lutins moqueurs, le détail du couple de même sexe impulsera sans doute un peu plus que le contexte de l'imaginaire el'idée d'un acte malveillant venant d'une main humaine.

Faisons un peu rêver avec la conteuse Praline Gay-para.
Les plus jeunes moins terre-à-terre espéreront l'intervention magique, même dans ce cas de figure, qui ne devrait être qu'un détail.
Et ils auront raison car nous sommes bel et bien dans le registre du conte.
Le couple, ne se démontant pas, décidera de surprendre les importuns qui s'inviteront chaque soir dans leur salon pour faire la fête sans eux.
Et la surprise sera de taille.
Mais qui sont ces petites coquines ?
L'histoire s'intitule Pomine et Pomette, l'auriez-vous oublié ?



Jouant des poncifs et des soucis de paternités et maternités tant vues dans les contes, cet album va jouer sur le suspens, contre toutes attentes et sur les apparences.

Là dessus, les contes nous auront bien habitué à l'idée pessimiste puis heureuse qu'à l'origine les histoires d'amour ne commencent pas toujours naturellement bien, que l'affaire est bien plus compliquée pour que le château tienne debout et qu'il faudra donner de soi pour qu'il en résulte enfin une belle construction qui tienne.
Quel horrible scénario, où les belles jeunes filles promises à un bel avenir perdent leur maman pour que l'aventure des contes commencent,
où les rois et les reines chargent d'autres gens pour élever leurs enfants parce qu'ils n'ont pas le temps entre les bals et les guerres,
où les papas esseulés se remarient très rapidement pour la sécurité des enfants qu'ils n'élèvent pas eux-mêmes,
où les autres parents trop pauvres pouvaient abandonner leur progéniture dans les bois s'ils en avaient trop et pas de quoi les nourrir,
que certains vieux couples des contes pouvaient ne pas pouvoir avoir d'enfants et personne à voir grandir ...

Les contes avaient su tordre néanmoins le cou à ses horribles réalités médiévales
et permettre de croire en partie au destin, à la providence, à toutes ses choses qui ne dépendaient pas de la naissance d'un héros paysan ou d'un héros roi.
Ainsi les petites filles qui ne bénéficiaient plus des conseils des mamans pouvaient compter sur des marraines-fées par chance et la magie réglait tout : la dot et le meilleur mari.
Youpi!
Mais attention ! Les vrais héros et héroïnes auront toujours dû mériter leur bonheur en l'obtenant par des épreuves difficiles, le bonheur selon ces contes ne se donne pas, il se mérite, avec ce que l'on est.
De la sorte, dans ses histoires, les couples nobles et vieux, à la droiture constante, pouvaient être, par magie, récompensé d'une descendance insolite, après avoir supporté la privation d'un enfant dans leur foyer. Qu'il soit petit comme un bouton de rose, petit comme un pouce, aussi éphémère qu'une boule de neige, peu importe, le conte offrira des oubliés de vivre cette expérience exceptionnelle (et eux, aussi vieux soient-ils, préféreront élever cet enfant eux-mêmes).
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