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Critique de patachinha


J'avais déjà entendu ce mot "résilience" sans connaître précisément sa signification. Boris Cyrulnik a l'art de nous l'expliquer de façon abordable pour ceux qui ne maîtrisent pas le jargon psychiatrique, et les exemples donnés illustrent bien ses propos.




La résilience est cette capacité à triompher de l'adversité, à se développer malgré les épreuves douloureuses que l'on ait pu traverser. le résilient est quelqu'un qui réussit à construire quelque chose de positif là ou d'autres échouent. Ce n'est pas nécessairement quelqu'un de joyeux, montrant une immense joie de vivre, on peut même être dépressif et résilient! Cela correspond à une faculté de rebondir face aux coups du sort et non pas une aptitude au bonheur.



Cyrulnik met en exergue l'idée que le traumatisé peut rarement s'en sortir seul sans l'aide de ce qu'il appelle judicieusement un "tuteur de développement". Celui-ci sert de point de repère, de modèle ou de guide dans sa tempête intérieure. Cela peut être un parent, un frère, un membre de la famille avec un statut important, un professeur, un éducateur, un psy, un ami... quelqu'un qui l'aidera à intellectualiser les évènements traumatiques, à entreprendre un travail de deuil puis de renaissance.



Biensûr l'essentiel du cheminement se fait dans le for intérieur. La résilience permet à défaut de pouvoir oublier son passé, de composer notre devenir en fonction des milieux "écologiques, affectifs et verbaux". le rêve et l'intellectualisation jouent un rôle primordial chez le résilient, car ils sont souvent le point de départ de l'élaboration d'une théorie de vie.

Cyrulnik nous démontre à quel point les traumas sont inégaux car ils surviennent à des moments différents sur des constructions psychiques différentes. L'âge est un facteur important, l'enfant a tendance à se souvenir de tout dans les moindres détails alors que l'adulte théorise ses souvenirs dans des reconstructions sociales où l'évènement prend sa place. Comme exemple très pertinent il cite la mort du président Kennedy, dont il ne se souvient pas précisément comment il a reçu cette information mais se souvient de détails insignifiants comme la chambre, le lit, le temps qu'il faisait etc. En racontant son passé, on le reconstruit, on ne le revit pas, ce qui ne signifie pas non plus qu'on l'invente.



Il ne faut pas perdre de vue, que chacun se construit en fonction de l'image qu'il renvoie consciemment ou non de sa personnalité, et de l'image que la société renvoie de soi.

Meurtri, le résilient doit souvent faire face à une certaine "culture" qui considère que son destin est tracé, que la répétition est inévitable, que rien ne peut sauver la personne. Ce qui est vrai si effectivement le sujet n'a personne sur qui compter, il ne pourra pas s'en sortir tout seul. Curieusement il existe une ambivalence dans le regard porté aux résilients. Souvent, on les aime tant qu'ils sont dans un état lamentable, puis ils deviennent suspects dès lors qu'ils s'en sortent par la grande porte...



"Afin qu'un merveilleux malheur vous donne des idées heureuses", c'était votre petite dédicace au salon du livre monsieur Cyrulnik. Merci pour cet ouvrage accessible et utile ...
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