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EAN : 9782253109082
279 pages
Le Livre de Poche (01/03/2006)
  Existe en édition audio
3.92/5   3178 notes
Résumé :
Une jeune enfant est retrouvée morte, assassinée sur les berges engourdies par le gel d’un petit cours d’eau. Nous sommes en hiver 1917.
C’est la Grande Guerre. La boucherie méthodique. On ne la voit jamais mais elle est là, comme un monstre caché. Que l’on tue des fillettes, ou que des hommes meurent par milliers, il n’est rien de plus tragiquement humain.
Qui a tué Belle de Jour ? Le procureur, solitaire et glacé, le petit Breton déserteur, ou un mar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (323) Voir plus Ajouter une critique
3,92

sur 3178 notes
Les Âmes grises... où comment regarder les turpitudes d'un village, en apparence calme, par le petit trou de la lorgnette... Sur fond de Première Guerre Mondiale, on assiste aux réactions des villageois après "l'Affaire", c'est-à-dire la mort d'une fillette, retrouvée dans l'eau, assassinée alors qu'elle n'avait que dix ans. Son surnom ? Belle de jour. Il faut avouer que la gamine le porte bien mal... à moins qu'il n'y ait un rapport entre la couleur du corps et celle, tirant entre le bleu et le violet, de la fleur éponyme. Pourtant, on ne se focalise pas sur le meurtre. Non. On se braque plutôt sur les personnages qui gravitent autour : le procureur, le juge, le père, l'institutrice... Et l'on comprend dès lors le titre : tout le monde a quelque chose de négatif en lui, quelque chose à se reprocher... On navigue dans cette ambivalence. Philippe Claudel sonde les coeurs, les âmes de chacun, fouille au plus profond des consciences... Et si chacun d'entre nous était cette âme grise ?

Un beau, très beau roman !

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Une couverture dans les tons de bruns, un peu sépia. Une petite fille, des branchages ou plutôt des broussailles. Les Âmes grises, on sent que la gaité ne sera pas de mise.

On entre à peine dans l'histoire et déjà, elle nous happe. Qui est le narrateur ? Comment sait-il ? Où se situe-t-il au milieu de tous ces événements et de ces différents personnages ?

Très vite, vient l'Affaire, la majuscule est d'importance, le terrible assassinat de cette petite fille, la bien nommée Belle de jour, d'autres meurtres suivront. Un suspect se dessine rapidement et parallèlement, notre envie de savoir et d'enfin comprendre nous emporte.

L'opposition entre les petites gens et les notables tout-puissants, le pot de terre contre le pot de fer, donne toute sa force et contribue à donner corps à cette histoire qui fleure bon la province française de cette époque troublée par la première guerre.

Plus encore que pour l'histoire, particulièrement poignante, j'ai eu un véritable coup de coeur pour l'écriture de Philippe Claudel que j'ai découvert avec ce livre. Une écriture parfaitement calibrée, toute en nuances, en évocations, en émotions et en parfums, déjà, qui amplifie la véracité et l'authenticité du récit.

Le monde et les hommes ni tout noirs, ni tout blancs et les âmes grises...


Un grand merci à ma nantaise préférée pour cette belle découverte.


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Un livre très fort, bouleversant qui nous emporte. Je n'ai pas trouvé de temps mort dans ce roman et suis sortie de ma lecture très émue. Un très grand livre de Philippe Claudel qui a été pour moi un coup de coeur. Je conseille vivement la lecture de ce chef d'oeuvre.
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Le narrateur omniscient, adresse sur un cahier des lignes de confessions à sa femme Clémence décédée il y a fort longtemps, des confessions comparables à des plaies douloureuses, ouvertes sur des remords, des ressentis et des aveux.
Le narrateur nous retrace par le biais de ses écrits, une période noire d'un petit village de Province où un matin d'hiver 1917, on découvre le corps d'une petite fille de 10 ans tuée par strangulation.
Le récit gravite autour de ce macabre assassinat, le narrateur un policier témoin observateur de l'enquête, nous transporte dans cette sombre affaire. Il décortique au fil de la lecture l'ambiguïté de cette tragédie, et nous décrit également la vie tourmentée des petits gens et les notables du village.
En parallèle, ce roman nous amène à certaines réflexions sur différents cas de figure, les atrocités de la 1ère guerre mondiale et ces jeunes garçons poussés sur le front sans expérience, sans préparation psychologique, traumatisés par les horreurs d'une guerre sanglante et barbare, ces soldats déserteurs, fusillés pour avoir fui les responsabilités d'une patrie, ces jeunes garçons qui ne veulent pas devenir assassins d'une guerre qu'on leur impose, une guerre qu'ils ne comprennent pas. C'est une réflexion sur la peine de mort, des têtes tranchées sous l'épée d'une justice stricte, rigide et malveillante. C'est un regard sur la ségrégation des classes sociales, où la haute bourgeoisie traite avec condescendance le petit peuple, d'ignorants. La bourgeoisie et ses inspecteurs, ses juges, ses procureurs et ses notables qui s'octroient des droits et du pouvoir sous prétexte d'instruction et d'éducation, et qui révèlent des faces cachées de pourritures et d'injustices, trouvant des coupables idéaux pour classer des affaires dérangeantes.
Et parmi cette réalité, il y a « Belle de Jour », la fillette assassinée à l'âme pure, que « le Mal qui rend les Hommes si laids », ne possédera pas !
L'auteur sous la main d'une jolie plume, expose les douleurs, les lâchetés, les injustices, des uns et des autres, un roman bouleversant où les protagonistes sont comme cités dans le texte par Joséphine amie du narrateur « Ni salauds, ni saints, ni tout blanc, ni tout noir c'est le gris qui gagne. Les Hommes et leurs âmes c'est pareil... » Nous sommes juste des âmes grises.
Le charme de ce roman, c'est ce mystère qui perdure sur « l'opacité de ce crime » qui nous laisse juge de choisir le coupable, ou tout comme le narrateur dans « le doute, la pénombre, l'hésitation, et l'absence de réponses et de certitudes »... Crime d'un pervers ou crime d'un martyr, est-il souhaitable de le savoir !
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Une ambiance lugubre dans ce village maudit
*
Mais alors quelle atmosphère brumeuse et mélancolique dans ce roman rural. Tout au long de ma lecture, je me suis sentie comme une petite souris qui se faufile dans les maisons et espionne tout ce petit monde. le narrateur est un vieux gendarme, le "shérif du coin", déversant ses Confessions, se centrant sur l'Affaire.
Qu'est-ce donc cette Affaire? Ah mes chers lecteurs, vous l'apprendrez bien tôt si vous entrouvrez ce "fait-divers régional" (fictionnel) qui a défrayé la chronique d'un village de province durant l'hiver 1917.
Vous l'aurez compris, cette tragédie se déroule durant la 1ère guerre mondiale. Une période bien sombre qui fait écho avec ce crime sordide.
*
Plutôt que de présenter l'enquête sous une forme classique, l'auteur a préféré nous raconter la vie de ces villageois dans leur quotidien avec leurs faiblesses et leurs vices. Les notables, les soldats déserteurs, les "petites gens", tout le monde y passe. Ni noire, ni blanche, mais grise. Oui, l'âme grise. Une noirceur tapie au fond de chacun, dans d'infinies nuances de gris.
*
Une écriture tellement juste, si imagée que j'ai visualisé les scènes. Il paraît qu'une adaptation en film a été faite, mais je n'en ai pas eu besoin.
Malgré un début un peu lent, je me suis laissée emporter par la voix du narrateur. Je suis passée par de l'incompréhension, au doute, à la peur, à la pitié, à la colère. Mais pas à la quiétude.
*
Noir, sombre, inquiétant, troublant, mais authentique.
Oui, la petite souris a appris, a réfléchi et a mal digéré la fin (émouvant).
Et ce crime qui n'est pas résolu (m'enfin!)
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Citations et extraits (462) Voir plus Ajouter une citation
Adélaïde Siffert suivit sa filleule au cimetière. Vingt-deux jours entre les deux enterrements. Pas une heure de plus. Et durant ces trois semaines, les larmes coulèrent sans s’arrêter sur le visage d’Adélaïde, je dis bien sans s’arrêter, ni le jour, je peux en témoigner, ni la nuit, je suis prêt à le jurer. Les bonnes gens partent vite. Tout le monde les aiment bien, la mort aussi. Seuls les salauds ont la peau dure. Ceux-là crèvent vieux en général, et parfois même dans leur lit. Tranquilles comme Baptiste.
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Je vis le visage de Joséphine devenir rouge pivoine, et dans ses yeux luire l’éclat du crime. Sûr que si elle avait eu en main une pétoire ou un couteau, Mierck passait la dernière porte, illico presto. On tue beaucoup dans une journée, sans même s’en rendre compte vraiment, en pensée et en mots. Au regard de tous ces crimes abstraits, les assassinats véritables sont bien peu nombreux si on y réfléchit. Il n’y a vraiment que dans les guerres que l’équilibre se fait entre nos désirs avariés et le réel absolu.
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Je n’ai jamais eu une autre occasion de parler avec Barbe. Pourtant, l’envie m’en a démangé souvent, un peu comme une gale pas très saine, qui gratte et qu’on aime tout à la fois, mais je me disais que j’avais le temps : ça, c’est la grande connerie des hommes, on se dit toujours qu’on a le temps, qu’on pourra faire cela le lendemain, trois jours plus tard, l’an prochain, deux heures après. Et puis tout meurt. On se retrouve à suivre des cercueils, ce qui n’est pas aisé pour la conversation.
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Le pire est qu’on avait fini par ne presque plus l’entendre. On voyait passer chaque jour, toujours dans la même direction, des hommes à pied, jeunes, et qui allaient vers la mort en croyant encore pouvoir la feinter. Ils souriaient à ce qu’ils ne connaissaient pas encore. Ils avaient dans les yeux les lumières de leur vie d’avant. Il n’y avait que le ciel pour rester pur et gai, ignorant la pourriture et le mal qu’on répandait à même la terre sous son arc d’étoiles.
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D’abord on ne vit rien, mais on entendit deux rires. L’un, épais comme un crachat, et que je connaissais. L’autre, tout nouveau pour moi mais que j’appris à connaître bien vite. Un banc de fumée puante flottait dans toute la pièce, posant un écran entre le gros juge assis à son bureau, celui qui se tenait debout près de lui, et nous autres ne sachant que faire. Pui peu à peu nos yeux s’accoutumèrent à la purée de pois et le visage du juge sortit des brumes (…).
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Connaissez-vous ce grand roman sur l'indicible mais aussi sur l'autre, sur l'étranger, que l'on doit à un écrivain contemporain et qui reçut le prix Goncourt des Lycéens ?
« le rapport de Brodeck » de Philippe Claudel, c'est à lire au Livre de poche.
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