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Why Are My Nerves So Sensitive?: Neuroscience Education for Patients with CRPS or RSD
Adriaan Louw
4.00★
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"Why are my nerves so sensitive ?" devrait vraiment être traduit en français tant l'éclairage qu'il apporte sur l'algoneurodystrophie est didactique et intéressant. C'est un petit livret relié par spirales de 82 pages écrit en 2014 par des kinés américains, spécialisés en neurosciences. Le livre n'est actuellement disponible qu'en anglais mais est accessible à ceux qui ont de bonnes bases, car les notions décrites sont vulgarisées.
Ce petit livret se veut donc éducatif pour décrire ce qu'est le CRPS (Complex Regional Pain Syndrom) ou SDRC en français (Syndrome Douloureux Régional Complexe), plus communément appelé algodystrophie ou algoneurodystrophie. Cette pathologie est liée à un dysfonctionnement du système nerveux après une blessure, qui laisse le membre atteint extrêmement douloureux et est par conséquent fort handicapante.
Le premier fondement de ce livre est d'éduquer sur le système de douleur, car il semblerait que des études aient montré que plus le patient comprend le fonctionnement du mécanisme de la douleur, plus la guérison pointera rapidement le bout de son nez. En préambule donc, le livre indique qu'une douleur qui dure bien plus longtemps que le temps "normal" de guérison est bien plus probablement du à une sensibilité nerveuse qu'à une ou des structures endommagées. Pour remettre en perspective, la guérison d'une fracture du plus gros os du corps humain, à savoir le fémur, prend 6 mois. On comprend donc bien qu'une douleur de plusieurs mois voire années sur une simple entorse dépasse le temps usuel de guérison du corps humain. En réalité en ce qui concerne l'algodystrophie, la blessure est bien guérie dans le délai classique, mais le système nerveux nous joue un mauvais tour.
C'est ainsi que le livret explique le "système d'alarme" du corps, c'est-à-dire le système nerveux. Sans la douleur, l'espèce humaine n'aurait pas pu survivre, c'est un mécanisme naturel qui permet de nous arrêter pour guérir une blessure. L'activité du système nerveux s'intensifie ou décroit dépendamment de multiples facteurs : stress, mouvement, température... mais surtout le système nerveux a des seuils. Si le seuil d'excitation est dépassé, le signal est transmis au cerveau qui décide de la réponse adaptée à la situation : la douleur. La douleur est donc 100% produite par le cerveau lorsqu'il pense que le corps est menacé. Il sait même gérer les priorités : si on se casse la cheville en trébuchant à un passage piéton alors qu'un camion arrive à pleine vitesse, le cerveau va traiter le danger par ordre de priorité et nous faire décamper fisa, avant de finalement envoyer le signal de douleur à la cheville cassée une fois sain et sauf, pour nous dire d'aller à l'hôpital poser un plâtre.
Chez certaines personnes après une blessure, les nerfs restent à un niveau d'excitation élevé même après que tout a été mis en place pour revenir dans un état sécuritaire pour le corps (aller à l'hôpital, faire une radio, poser un plâtre, marcher en béquilles, rester au repos...). Ceci a pour conséquence de rapprocher l'intensité du signal électrique qui passe à travers les nerfs du fameux seuil à partir duquel le cerveau envoie de la douleur. On a moins de marge pour absorber le stress, et certaines activités vont déclencher plus rapidement une douleur qu'avant. En somme, le système nerveux est devenu hypersensible, le cerveau est resté en état d'alerte. Les causes peuvent être variées : problèmes de famille ou personnels, peur, anxiété, mauvaise réponse aux traitements médicaux qui génère du stress à propos de la guérison, et même le ressenti de la douleur lui-même qui est stressant. D'après l'expérience des auteurs et la recherche sur le sujet, plusieurs facteurs semblent être susceptibles de causer à une algodystrophie : une forte douleur lors de la blessure, une fracture, une entorse, une opération, un plâtre, et des antécédents de migraine.
Penchons-nous sur les nerfs : ils contiennent une centaine de capteurs destinés à nous protéger et à nous permettre d'évoluer dans notre environnement. Par exemple : température, stress (capteurs sensibles à la chimie du sang, donc, selon ma compréhension : si on est stressé, le cerveau relâche des hormones de stress qui se retrouvent dans le sang), circulation sanguine et pression artérielle, mouvement et pression "mécanique" sur la peau, immunologie (molécules dans le corps en réponse à une maladie). Tous ces capteurs remontent en permanence l'information au cerveau, qui décide ensuite de la réponse à renvoyer. D'autre part, les nerfs sont interconnectés, il n'est donc pas rare qu'en cas de douleur quelque part, celle-ci se propage aux nerfs voisins (le système d'alarme étant activé, ça réveille les voisins), d'où le fameux syndrome épaule-main par exemple. En outre, les zones d'anciennes blessures peuvent se réveiller.
Il faut savoir que le cerveau contient la cartographie exacte de chaque partie de notre corps, qui est maintenue grâce au fait que nous utilisons à prior