AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Frédéric Beigbeder (1508)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'amour dure trois ans

Mon premier Beigbeder.



Je ne sais pas pourquoi mais j'appréhendais un peu cette lecture comme on appréhende un dépucelage. J'étais tiraillée entre le désir de connaître enfin cet auteur si médiatisé, de toucher du bout des yeux cette littérature "tendance" et à la fois craintive devant cet inconnu qui a déjà accumulé tant de conquêtes. Restait à savoir si ces dernières étaient des "filles faciles" peu regardantes ou bien de véritables conquêtes à la "Madame de Tourvel"...



Et bien, maintenant que c'est consommé, je peux me prononcer : une défloraison peu excitante voire passablement ennuyeuse. Le style de Beigbeder est un subtil mélange de maîtrise rédactionnelle et de suffisance qui voile à peine son nom.



L'auteur, alias Marc Marronnier (une usurpation d'identité à laquelle l'auteur renoncera d'ailleurs pour entièrement se révéler, épargnant au lecteur l'exercice périlleux de différencier l'auteur du narrateur), me semble être un être oisif tout à fait inintéressant qui cherche à se donner de l'importance et, pour ce faire, occupe ses loisirs dilettantes à se créer du charisme à défaut d'être réellement né beau et intelligent. Étalant sa culture comme de la confiture, croyant se découvrir du courage à employer des verbes comme "enculer" et "sucer", il a la prétention d'offrir à la Littérature avec un grand L les offrandes expiatoires de sa vulgarité et de sa pseudo-philosophie de la vie. Son récit, à mon sens, n'est sauvé du ridicule que par sa fluidité, sa précision et son rythme.



D'une part, je ne suis pas du tout d'accord avec sa théorie personnelle selon laquelle "l'amour dure trois ans" et, d'autre part, je ne pense pas que Mr Beigbeder et moi ayons la même définition de ce qu'est l'Amour (avec un grand A là encore). Sur cette base, il est vrai que tous les deux nous commencions plutôt mal. Le personnage de Marc Marronnier/Frédéric Beigbeder est suffisamment vain et imbu de lui-même pour que je considère avec beaucoup de recul son appréciation du plus noble sentiment pouvant être ressenti par l'être humain. Les ficelles utilisées par l'auteur me semblent bien faciles et tapageuses ; idéales pour vendre en librairie, insuffisantes selon moi pour faire de ce roman une oeuvre.



Je ne peux pas affirmer que la lecture de "L'Amour dure trois ans" ne m'a apporté aucun plaisir. Non, je redis même que d'un point de vue stylistique c'est plutôt agréable; ça se lit en deux heures. Mais ça ne laisse vraiment que peu de traces dans mon esprit alors dans ma mémoire, vous pensez ! Cette manie flagrante qu'il prend à peine le soin de dissimuler de vouloir appuyer tout son "génie" (dont il est le premier convaincu) sur quelques tournures "choc", bien senties et bien écrites, ne suffit pas à marquer ce roman de la marque de l'art. Qu'il se consacre plutôt à écrire des scripts, je pense que ça lui ira mieux. Oui, mais, sans doute que ça ne lui apporterait pas assez de prestige dans les salons parisiens qu'il dénigre assez facilement bien qu'il leur doive tout son mérite. L’écrivain BoBo a beau jeu d'égratigner son milieu mais ce n'est pas l'emploi de quelques gros mots qui feront se pâmer ses professeurs de Louis-le-Grand. Ce n'est pas non plus l'invention de quelques concepts telle l'omnisexualité qui lui ouvrira les portes du Panthéon. Enfin, ce n'est pas le parfait naturel avec lequel il s'adonne aux partouzes et consomme de la dope qui fera de lui un grand écrivain. Oh, le vilain rebelle !



Revenons pour conclure à l'oeuvre. Que celles et ceux qui lisent cette critique et apprécient les romans de Beigbeder ne pensent pas que je condamne l'auteur à perpétuité. Comme un amant maladroit lors d'un premier rendez-vous, il ne m'a simplement pas fait une grande impression mais qui a déjà vraiment profité de sa "première fois" ? Il est donc probable que je lui redonne un jour sa chance mais il faudra qu'il prenne la peine de vraiment me séduire et pas seulement celle de biffer mon nom sur la liste déjà longue de ses aventures.
Commenter  J’apprécie          1266
Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé

Lamentations d’un vieux beauf complètement à la masse



Oui j’ai lu ce livre. Non c’est pas une blague.

J’étais vraiment curieuse de lire par moi-même ce dégueulis de ouin-ouin.

Déjà, titre du premier chapitre : « Moi aussi, je suis une victime ». Ça donne le ton 🙃 Suit une intro à base de regardez, j’ai une fille, je ne peux pas être misogyne. En plus ma maison est pleine d’enfants, je ne peux pas être un violeur. Et puis à cause de tous ces traumatismes qu’on me cause je suis diabétique et je peux plus manger de sucre. Que tout le monde arrête d’être troméchant avec moi svp, je suis votre ami 🥹 Bref, le premier chapitre n’est qu’une longue tentative de justification d’un pauvre gars qui se victimise beaucoup mais qui a plutôt l’air de se sentir coupable d’il ne sait trop quoi. Mais tout ça c’est bien sûr la faute aux féministes, aux wokistes, aux communistes modernes et même aux gens de la radio… bref, du monde entier sauf lui (et ses potes cis hétéro blancs riches, sûrement).

Second chapitre, ode à la coke avec option étalage de tout son palmarès de jet-setteur camé. Enfin, c’est censé être un avertissement doublé de mea culpa avec glaçage regardez-comme-j’ai-tout-vu-tout-vécu mais bon, passons. Bon ok, je dois bien admettre qu’il livre dans ce chapitre deux ou trois réflexions assez intéressantes, mais il finit toujours par retomber dans son pathos ouin-ouin et c’est vraiment fatigant.

Vient ensuite un chapitre sur ses diverses retraites catholiques. En toute honnêteté, il n’est pas non plus dénué d’intérêt, mais cette fixette qu’il fait sur son zizi et sur son statut d’hétérosexuel éternellement victime du reste de l’humanité gâche vraiment tout son propos. Au final ça tourne toujours en branlette égocentrique dégoulinante de condescendance omnisciente. De même pour le chapitre suivant, traitant des armées et de la colonialisation, dont je n’ai pas vraiment compris ce qu’il venait foutre là, à part étaler encore un peu sa culture et sa science infuse. Plutôt que des confessions, ce livre est vraiment un ramassis d’auto-congratulation et de regardez-moi-comme-je-suis-humble-et-intelligent saupoudré de beaucoup de sarcasme larmoyant.

Et on termine en apothéose ultime avec ce merveilleux chapitre intitulé « le désir effrayant », dans lequel le monsieur nous explique qu’on peu s’estimer heureuses, nous les femmes si ingrates envers nos sauveurs les hommes hétérosexuels, que la loi et la prison existent : sans ça, les agressions sexuelles seraient infiniment plus nombreuses. Mais il faut remettre les choses en contexte : tout ça, c’est seulement la faute de la génétique et de la biologie ! 🤷‍♀️ Absolument pas du patriarcat et de la culture du vi0l bien sûr.

On y trouve également une apologie de la pornographie et de l’institution du mariage qui ne sont certainement pas des outils du patriarcat mais bien ce qui sauve, encore une fois, les méchantes femmes tentatrices du désir irrépressible des pauvres hommes hétérosexuels, dramatiques victimes de leur condition non choisie.



Il se fait porte-parole des hétérosexuels mais je crois que beaucoup d’hétérosexuels s’en sentiront insultés. Tout ce qui est représenté ici, c’est la classe des vieux porcs vexés et frustrés de ne plus pouvoir tremper leur biscotte comme bon leur semble, consentement ou pas.

Le meilleur moyen de devenir effectivement hétérophobe ? Lire ce livre. Heureusement, il mesure seulement cent pages et c’est bien sa seule qualité.



Ne faites pas comme moi, ne lisez pas ce livre svp et surtout n’allez pas donner d’argent à ce genre de caca. C’est une honte qu’une maison d’édition gaspille de l’énergie et du papier pour ça.
Commenter  J’apprécie          12555
Trois jours et trois nuits

En 2020, les chanoines de l’abbaye de Lagrasse ont invité des écrivains à partager trois jours et trois nuits de leur existence.



La COVID a compliqué le scénario et finalement quatorze écrivains publient leurs témoignages. A noter que Boualem Sansal « athée en recherche de Dieu », n’a pu se rendre sur place « j’attends ce jour comme un fiancé attend de rencontrer sa promise » mais offre une belle réflexion sur l’Islam, que Michel Onfray semble avoir honoré l’invitation sans témoigner, et qu’il n’était pas nécessaire d’être chrétien ou catholique pour être sollicité comme le précise Jean-Paul Enthoven.



La préface de Nicolas Diat, les quatorze chapitres et la postface du Père Le Fébure du Bus, ont nourri durant ce mois de janvier mes médiations et certains chapitres méritent lectures et relectures. Chaque contribution est riche de la diversité des écrivains, de leur rapport à la culture, à la religion, à la vie.



M’ont particulièrement marqué « La fondation » de Camille Pascal qui restitue la chanson de Rolland et la fondation de l’abbaye par Charlemagne … une épopée lyrique contée miraculeusement par une plume savoureuse.



« Les soldats de la grâce » de Jean-René van der Plaetsen interroge notamment sur la vocation de trois Saint Cyriens devenus religieux, à l’exemple de Charles de Foucauld.



« Le refuge » de Frédéric Beigbeder, témoignage poignant d’un noceur assumé, s’échappant de l’abbaye pour suivre un match de foot au bar local … Mais pas que !



« La résurrection » de Frantz-Olivier Giesbert évoque le siège d’Hippone en 430, observe notre actualité et conclut « Laisse pousser en toi les racines de l’amour » car c’est à chacun, par son comportement, de repousser la barbarie.



« Tolle lege, tolle lege » (prends et lis) de Xavier Darcos réfléchit sur la culture latine, la civilisation romaine, sa transmission grâce aux abbayes et sa disparition décidée par les idéologues et pédagogues commettant les réformes successives de l’éducation nationale.



Certaines contributions, dont celles de Simon Liberati, sont de réelles méditations de textes bibliques et exigent une lecture attentive.



Ces chapitres illustrent des approches diverses et variées le Lagrasse. Certains ont été attentifs aux religieux et à leur ouverture à l’extérieur (écoles, hôpitaux, paroisses) , d’autres à l’abbaye, certains à la lecture des Confessions de Saint Augustin fondateur de ce ordre religieux, plusieurs à la liturgie et au rythme immémorial des offices. D’où la richesse et l’originalité de cet ouvrage.



J’ai découvert ces chanoines il y a plus de quarante ans, sur les chemins vers Compostelle, à Moissac, quand le Père Wladimir constituait un premier noyau de religieux et j’ai été séduit d’emblée par la beauté de la liturgie. Depuis nous sommes passés plusieurs fois à Lagrasse mais l’âge et les distances étant ce qu’ils sont je ne sais si nous aurons l’occasion d’y retourner.



Cet ouvrage offre une belle rencontre avec cette communauté en pleine croissance, toujours accueillante aux pèlerins et touristes parcourant les Corbières.
Commenter  J’apprécie          1192
L'homme qui pleure de rire

La jaquette de ce roman nous offre un beau smiley qui n'est autre que le titre du livre : L'homme qui pleure de rire.

Depuis août 2016, Frédéric Beigbeder proposait une chronique hebdomadaire dans la matinale de France Inter, jusqu'à ce jeudi 15 novembre 2018 où l'écrivain s'est totalement raté. Le récit s'ouvre donc avec la narration de cette fameuse chronique dont il a perdu le texte, qu'il a donc totalement improvisé et qui va lui coûter sa place sur France Inter.

C'est Octave Parango, son avatar romanesque, le narrateur du roman. Il va retracer sa nuit d'errance depuis la veille, 19 h jusqu'à son arrivée dans le studio à 7 h, un plan reproduisant sa trajectoire est d'ailleurs inséré au début du bouquin. C'est une nuit très agitée et très arrosée qu'il vit. Nous n'en sommes pas surpris car le goût pour la fête de Frédéric Beigbeder est bien connu de tous.

Tout en évoquant ce naufrage, il en profite pour régler ses comptes avec quelques animateurs. Un chapitre est même intitulé "Techniques de la chronique humoristique par Octave Parango" : quelques rudiments pour devenir comique radiophonique français en quatorze leçons. Il raconte aussi comment la patronne de "France Publique" l'a recruté et affirme que le rire est devenu obligatoire et nous en signale les dérives et les risques.

L'auteur s'épanche également sur ce qu'a été sa vie, sa jeunesse folle et la création en 1984 par cinq garçons de vingt ans qui s'ennuyaient, du Caca's Club : "L'appellation nous allait bien, à nous qui ne parlions que de caca, de pipi, de vomi, de cul, de bites, de chattes, d'alcool et d'herbes, tout en ayant des parents membres du CAC 40. Pour être franc, je dois confesser qu'à cinquante ans passés, je m'ennuie vite quand il n'est pas question de ces sujets".

Est évoqué aussi dans ce périple nocturne le premier acte des "gilets fluo" dans un Paris en feu comme l'est le Fouquet's.

Toujours adepte de la fête, du monde de la nuit, en quête de boissons alcoolisées et de substances illicites, c'est un homme amer, désabusé et désemparé par l'époque, qui n'a pas vu défiler les années, comme chacun de nous d'ailleurs, un homme presque désespéré qui se cache avec tout de même un gros motif de bonheur depuis qu'il est marié et père de famille.

Je retiendrai donc de ce livre le désarroi d'un homme.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          1000
Un roman français

Mon deuxième Beigbeder et pas des moindres puisqu’il s’agit de quelques bribes de sa vie qu’il nous relate dans ce roman français.



Embarqué en garde à vue pour un peu de farine blanche sur le capot d’une voiture, dans la cellule où il étouffe, où il s’ennuie, il ne lui reste qu’une échappatoire: écrire sa vie. Lui qui est amnésique, ce n’est pas une mince affaire. Seul avec lui-même, les souvenirs reviennent comme autant d’images salvatrices de sa condition de prisonnier privé de sa liberté.



Frédéric Beigbeder nous compte sa vie, son enfance, ses parents, ses grands-parents, sa fille avec beaucoup d’humilité et de sensibilité. Ça sonne juste les pensées de Beigbeder, ça sonne l’enfant de trop, l’enfant de divorcé, la France a contre courant. Ça coule de source surtout avec le poète enfermé plus loin qui déglingue sa prose contre l’absurdité du système. Carcéral, familial, existentiel.



De petits chapitres pour de grands passages, des citations à la pelle, le tout dans l’acuité et la douceur d’un Beigbeder inspiré, avec juste l’envie pour une fois de ne plus oublier d’où il vient et où il a grandi.



Alors oui, j’assume, j’aime l’écrivain. Je ne connais pas l’homme mais du Beigbeder, c’est de la bonne. À mon goût du moins.
Commenter  J’apprécie          918
L'amour dure trois ans

La première année, on achète des meubles...



Le bonheur n'existe pas.



Et de 1.



La deuxième année, on déplace les meubles...



L'amour est impossible.



Et de 2.



La troisième année, on partage les meubles.



Rien n'est grave.



Et de 3.



Et de 3 comme 3 ans comme l'amour dure 3 ans. Parce que pour Frédéric Beigbeder, l'amour c'est pas une mince affaire, ça lui refilerait même de l'urticaire tant il angoisse à ne pas rester amoureux plus de trois ans. Alors à coups de pince-sans-rire, de cynisme romantique et de franche rigolade, on en prend plein la figure avec de l'amour en veux-tu en voilà, des je t'aime moi non plus, à la sauce philo ou bien cérébrale, bref moi, je me suis régalée de tout ce déballage anti morose anti grise mine qui devrait être lu par tous les célibataires en mal d'amour ou les convertis.



Le langage cru et parfois carrément obscène pourrait en rebuter plus d'un mais malgré mon puritanisme assumé, je me suis découvert un second degré et l'humour est tellement omniprésent que c'est passé comme une lettre à la poste.



L'amour dure trois ans c'est aussi « Hypnose, sinon l'amour dure trois ans » slogan pour ce parfum, ou bien avant tout une histoire de coeur, de cul, d'un homme, des femmes, de ses convictions, de sa frousse bleue, de ses désillusions, de ses espoirs aussi. J'ai adoré ce roman, il m'a fait passer un succulent moment certes parfois hot parfois beurk mais totalement plaisant en terme de style narratif, de réflexions et d'humour. Que ça fait du bien !
Commenter  J’apprécie          8917
Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé

« J’aime mieux être homme à paradoxes qu’homme à préjugés »

Célèbre confession, non pas d’un homme de pub à la formule bien perchée mais de Rousseau, philosophe ou douanier, mais ce n’est pas de sa faute. Nota bene, je parle de feu Jean-Jacques, pas de glaçon Sandrine, qui elle n’aime que les hommes déconstruits et qui n’aime pas trop Frédéric Beigbeder, ni Jean-Jacques d’ailleurs.

La barbe a blanchi, les idées aussi selon ses détracteurs, et Fredo Calimero passe aux aveux mais il s’accorde quand même beaucoup de circonstances atténuantes et charge une époque qui le laisse en rade avec ses couilles qui pendouillent. Il a la culpabilité douillette.

Le personnage public m’agace et ne m’intéresse pas mais je partage souvent ses goûts littéraires irrévérencieux et à défaut de tomber en pamoison devant son style, j’aime son sens de la formule et la fluidité de ses pages. Et puis, je souscris pleinement à sa lutte contre une littérature aseptisée à la sauce woke et aux bons sentiments.

Il nous raconte son histoire (et se la raconte beaucoup) de has been de la reniflette, sa retraite à l’abbaye Sainte Marie de Lagrasse et son stage au 21 ème régiment d’infanterie de Marine. Il se cherche ainsi peut-être un Dieu pour se faire pardonner (l y a du boulot) et un moyen de soigner sa maladie du nombril : le narcissisme.

Le récit démarre par le taguage de sa maison à Guethary suite à des prises de position contre la pénalisation des clients des prostituées. La tolérance, il n’y a plus de maison pour cela. De la tolérance, il n’y en a plus beaucoup pour le provocateur qu’il est. On a quand même du mal à le plaindre quand on connait le prix du mètre carré à Guéthary et les tous petits soucis qui l’affligent mais son petit acte de résistance ironique contre les outrances du féminisme radical et son portrait-robot de présumé coupable pas très repentant visent juste.

Catho + Hetero + ChroniqueurauFigaro + Blanco + cincuento + critiquedannieErnaux= la tête à toto sur l’échafaud LGBTQQIA+ (un signe de plus et on en fait un code Wi-fi !)

Au final, ce n’est pas le roman de l’année, ni du mois, et peut-être même pas de la semaine, et il est surtout inutile de sortir les extincteurs. Ce n’est pas un brûlot misogyne mais la chronique d’un anachronique narcissique (parfois pathétique) qui se rend compte que la fête est finie et qui aimerait sauvegarder sa liberté de penser et d’écrire ce qui lui plait.

Il partage avec les Confessions de Saint Augustin sa rupture avec les Manichéens… en moins pieux, les idées plus friponnes qu’Hippone.

Un mâle pour un bien.

Commenter  J’apprécie          877
L'amour dure trois ans

Comment ai-je pu attendre aussi longtemps avant de lire du Frédéric Beigbeder ? Je me pose encore la question depuis que j’ai terminé ce livre et qu’à chaque fois que je le regarde, encore posé sur ma table de chevet, j’ai envie de le rouvrir pour le relire (et cette envie de relire un livre est assez rare chez moi pour que je le souligne !)

J’ai dévoré cette histoire désenchantée où se mêlent un humour grinçant, une ironie mordante et des constats d’une vérité à la fois accablante et légère.

Beigbeder s’attache à démontrer que l’amour est chose bien incompréhensible, qui, de manière ontologique, échappe à la raison et qui subit les attaques d’un enchaînement hormonal et chimique du cerveau (ça fait froid dans le dos !)… Que celui qui ne se retrouvera pas dans ce qu’a décrit l’auteur me jette la première pierre !

Personnellement, je me suis complètement retrouvée dans ce personnage de ma génération, trentenaire un peu désabusé qui aime, n’aime plus, aime à nouveau, doute mais vit, se détruit, vit encore et profite. La vie quoi. Avec toujours ce désir d’éprouver ce merveilleux sentiment - mais ô combien ténu -, qu’est la passion, ce sentiment fort qui fait souffrir mais qui nous fait tellement nous sentir en VIE.

Le style est fluide, sans prétention mais d’une justesse dans les mots et dans le sens de l’expression qui m’a ravie. Nul doute que dès mon prochain tour à la librairie, je fais la razzia sur ses autres bouquins !

Pour en revenir sur le thème de L’amour dure trois ans, je suis intimement convaincue que cette génération de trentenaire (dans laquelle je m’inclus sans honte) est une génération qui demandera toujours beaucoup à l’amour. On veut le consommer comme on consomme de tout dans la société, et surtout n’en tirer que le meilleur. Alors qu’en matière d’alimentaire, la mode est au light, en amour, en revanche, on demande la folle passion, le sentiment fort, qui vous bouffe le cœur et les tripes, qui vous empêche de manger, de dormir, et qui vous donne votre passeport pour la vie dans toutes ses splendeurs et ses misères : aimer et souffrir. N’est-ce pas là le sens même du mot « passion » en latin ? Aimer et souffrir. Et cette souffrance nous permet de nous ancrer dans la réalité, dans la vie, d’une manière tellement empirique et physique que c’est dans cette souffrance même que l’on peut se sentir vivre. C’est du Stendhal moderne : la cristallisation du sentiment et la passion comme seul antidote au désenchantement de la vie.

Certes, la question reste posée à la fin du roman : l’amour dure-t-il vraiment trois ans et faut-il toujours recommencer (si l’on ne peut accepter la perte de ce sentiment incroyable) ou peut-on espérer trouver quelqu’un qui nous permettra de surmonter cette routine du couple qui ronge les relations et avec qui l’amour-passion prendra définitivement ses quartiers ? Le nœud du problème réside donc en une question simple : serons-nous d’éternels enfants en quête d’un sentiment qui par nature, nous échappera toujours dans le temps ou pourrons-nous mûrir assez pour accepter que l’amour, c’est aussi arrêter de courir les chimères et envisager une relation de couple comme un échange tendre et complice ? En gros, la passion et la tendresse sont-ils deux sentiments intrinsèquement différents ou sont-ils les deux faces d’une seule et même médaille qu’il faut oser retourner un jour ?



Terminé le 13 mai 2007.

Commenter  J’apprécie          840
Un barrage contre l'Atlantique

Môôôssieur Beigbeder, ses états d’âme, son vit, son œuvre ….

Frédéric Beigbeder jette des phrases sur la page blanche, des réflexions, des anecdotes, quelques infos sur sa vie intime, celle de ses amis ou de ses ex.

La vie de Beigbeder, écrite par Narcisse Beigbeder, car Môôôssieur aime se regarder le nombril, s’admire, se jette des fleurs, bat sa coulpe, exhibe ses états d’âme et ressasse son âge canonique de cinquante-cinq ans.

Heureusement cela est savamment saupoudré d’une bonne dose d’humour et d’auto-dérision. Je ne peux pas dire que cela m’ait intéressée, au moins dans les pages de Closer j’aurai pu espérer quelques infos croustillantes, mais là non, rien que du réchauffé...

Ce livre est le tome 2 d’Un roman français, ce n’est pas gênant car cette accumulation de paragraphes sans liens entre eux ne constitue en rien un roman, et si le tome 1 était du même acabit, ne pas l’avoir lu ne nuit pas à la compréhension…

Certaines phrases bien léchées sonnent comme des slogans publicitaires, d’autres m’ont fait rire, m’ont agacé par leur vacuité ou leur suffisance, certaines sont touchantes de sincérité ou poétiques, mais quand on intitule un livre roman, moi, j’attends bêtement une histoire, et là mon histoire, je l’attends toujours. Cette volonté de faire du name-dropping à outrance (de surcroît sans aucun intérêt pour les ignares comme moi qui doit connaitre un nom sur cinq, et encore), de régurgiter ses anciennes « gloires » et conquêtes, ça suinte l’angoisse du vieux jet-setter fatigué qui, loin des paillettes et des baignoires de champagne, se demande si la vie vaut encore d’être vécue alors qu’il nous a expliqué trois paragraphes avant, que ça y est, loin de Paris, il a atteint le nirvana. Le lecteur se pince un peu pour y croire (ouch ! ça fait mal !)

Ce bouquin m’aura tout de même permis de faire connaissance avec Benoît Bartherotte, un étrange énergumène endémique du Cap-Ferret, qui par amour pour sa propriété déverse (sur ses deniers personnels) des tonnes de gravats pour que la pointe du Cap ne disparaisse pas engloutie sous les flots. J’aurai au moins appris un truc au sujet de cette star locale. Bon, allez cher Fred, arrête de gâcher ton talent, j’attends toujours mon histoire, moi !

Commenter  J’apprécie          7312
Un roman français

S’il vous plait, un Beigbeder light!

Pas de souci chef, j’ai ça en magasin.

Le point de départ d‘ «Un roman français» part de la désagréable aventure que le célèbre noceur, écrivain, animateur, réalisateur a connu en 2010. A savoir une garde à vue pour avoir sniffer un petit rail de coke sur le capot d’une voiture alors que passait la maréchaussée. Répréhensible bien évidemment.

Et de prendre la machine à remonter le temps pour justement le faire passer dans sa cellule pendant sa garde à vue. Et surprise, on découvre un F.B. tendre, sensible, torturé (ça on s’en doutait un peu) qui nous offre un roman beaucoup plus sage que sa production habituelle. Il réussit à nous émouvoir menant son récit jusqu’au bout avec le même brio. L’humour est là aussi mais souvent plus pour botter en touche que pour faire le malin.

OK, je ne suis peut-être pas objectif car je suis un fan de cet hurluberlu mais ce roman français montre que le génial présentateur du cercle (tient c’est mon speudo) est un talentueux auteur. Et je ne reviendrai pas sur ma position ! Prix Renaudot de surcroit.

Commenter  J’apprécie          731
Trois jours et trois nuits

Une envie de sérénité avant les vacances : je me suis offert trois jours et trois nuits… dans un monastère ! Bon en vrai, j'aurais bien aimé mais par manque de temps, je me suis offert cette retraite par procuration, grâce à la littérature. Avec moi, une quinzaine d'auteurs a été invité à vivre une retraite de trois jours et trois nuits au coeur de l'abbaye de Lagrasse, en clôture, c'est-à-dire dans le carré VIP avec les chanoines. En retour, chacun d'eux a offert un texte que leur a inspiré cette expérience. A mon tour d'en commettre un retour.





La liste des auteurs est variée mais étonnamment, l'ensemble des écrits est plutôt homogène, et leur complémentarité rend l'ensemble harmonieux. Sur les quinze, seuls trois ou quatre m'ont paru plus hermétiques, principalement ceux qui décryptaient le plus précisément certaines paroles ou histoires bibliques. Je les ai trouvé moins accessibles et moins intéressantes car moins focalisées sur l'expérience personnelle de leur auteur. J'ai apprécié en revanche les contributions où les auteurs livraient beaucoup d'eux-mêmes, soit en anecdotes personnelles, soit en réflexions, émotions, observations et descriptions de leur expérience à Lagrasse. C'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant parce que le plus généreux, le plus humain… Des qualités qui sont à l'origine de ce livre, puisqu'en échange de cette expérience, les auteurs reversent leurs droits aux chanoines de Lagrasse, pour la restauration de leur abbaye. Cette fois, vous ne culpabiliserez pas d'ajouter un livre à vos PAL !





Même si l'ensemble est homogène, je ne me suis pas ennuyée parce que chaque récit étant personnel, ils sont tous différents, évoquent un vécu et/ou un ressenti différent. Et puis les plumes et anecdotes sont savoureuses selon les auteurs. Allez, je le confesse ici : je connaissais très peu d'auteurs dans ce panel, mais avec certains je me suis régalée. J'ai trouvé Beigbeder particulièrement émouvant et drôle, dans son texte, alors même que je connais très peu l'auteur et encore moins la personne. On y retrouve aussi Sylvain Tesson, qui ne pourra s'empêcher de descendre le clocher en rappel, entrainant avec lui une poignée de frères ! Même le récit totalement historique de Camille Pascal, que je craignais de moins apprécier, est en réalité hyper enrichissant et joue un rôle très important dans l'enchainement des textes.





Mais si l'approche est différente selon les personnalités, on retrouve dans la plupart des textes des thèmes récurrents : la beauté de l'endroit et la sérénité que l'on y ressent, la crainte d'attaques terroristes, la bonté des chanoines, leur bonne humeur, le silence comme espace de pensée, l'importance de la liturgie et du mystère (du cérémonial comme de la langue utilisée pour les messes) dans l'attractivité de la foi, la langue latine comme approche poétique de la religion, des rapprochements avec la vie militaire, à laquelle ont d'ailleurs goûté certains auteurs comme certains chanoines ; le côté rassurant d'une vie bien réglée, et son efficacité pour retrouver du temps. Les confidences entremêlées sont intéressantes et donnent envie de faire l'expérience de cette humanité qui fait du bien, loin de l'agitation mercantile et de la course à l'individualisme du siècle. Et l'on y trouve quelques références littéraires à explorer.





Le calme, ainsi que la paix intérieure qui m'envahit dans ces lieux, m'ont toujours attirée. le silence m'y remplit, et je peux enfin entendre et ressentir toutes les émotions qui souvent crient et se bousculent, ignorées, remises à plus tard, quand on aura enfin ce temps qu'on ne prend jamais. C'est souvent un moment très intense, que j'ai éprouvé de nombreuses fois en m'arrêtant dans de tels lieux sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. Je me suis toujours dit qu'un jour je m'offrirai ce genre de retraite même si, pour l'instant, l'occasion ne s'est pas encore présentée.





Pour l'anecdote, elle s'est en revanche présentée de manière inattendue pour l'une de mes meilleures amies : Très croyante, et ayant organisé son mariage presque entièrement, elle a laissé le soin à son mari d'organiser le voyage de noces contenant la FAMEUSE nuit de noces ; Depuis des mois elle me confiait, avec les yeux qui pétillent, ses tentatives de deviner où l'homme de sa vie avait décidé de l'emmener passer cette folle nuit… Vint enfin le moment fatidique de vérité et là… SURPRIIIIIISE !! Voyage de noce dans un… Monastèèèèère !!! Incompréhension de mon amie qui rêvait de sa nuit de noces, tandis que son mari était absolument convaincu de lui faire plaisir !! Résultat : nuit de noces en cellules, et dans le silence… L'histoire ne dit pas s'ils y sont restés trois jours et trois nuit, mais peut-être que vous, vous aurez envie d'en faire l'expérience avec ce livre ! L'avez-vous faite en vrai ?
Commenter  J’apprécie          6850
Trois jours et trois nuits



« Quand chacun des interlocuteurs vient de si loin, il faut du temps pour se comprendre. On s’écoute, mais on ne s’entend pas, ne fût-ce sur le plan du vocabulaire. Sauf pour ce qui touche les points sensibles en chacun de nous. En fin de compte, une rencontre authentique se situe toujours à un niveau plus profond ou plus élevé, ouverte sur l’infini. Par-delà les paroles, un regard, un sourire suffit pour que chacun s’ouvre au mystère de l’autre, au mystère toute autre. » François Cheng « L’Eternité n’est pas de trop »



Suis-je agnostique ou athée ? A mes yeux, cela n’a pas d’importance. Je suis une mécréante qui cherche la Lumière et ce n’est pas faute d’avoir prospecté. De temps en temps, mes pas me ramènent vers cette quête, j’éprouve toujours une attirance pour les lieux consacrés quels qu’ils soient, qu’importe l’Obédience, ils m’apaisent. Je me sens en communion avec ceux qui m’ont précédée, le temps n’existe pas. Etre touché par la grâce tel Eric-Emmanuel Schmitt dans Sa Nuit de Feu m’interpelle. Il se veut sans église, sans dogme, une très belle expérience.



Ce sont souvent des livres qui croisent mon chemin comme celui-ci qui, eu égard à mes lectures, me fut recommandé par Babelio. Les commentaires d’Aquilon62 et de Migdal m’ont motivée à partir en compagnie de ces quatorze écrivains et des moines sur les chemins de l’Abbaye de Lagrasse. Abbaye du pays cathare, née de la volonté de Charlemagne, j’entends « La Grâce », elle en a connu des vicissitudes, des destructions et des reconstructions jusqu’à l’arrivée de quelques chanoines qui mènent, entre ses murs, une vie de prière sous l’égide de la Règle de Saint-Augustin. La restauration a démarré en 2014 et comme pour toute rénovation, il faut de l’argent. Il a été convenu que le produit de la vente de ce livre reviendrait à l’Abbaye.



N’avez-vous jamais ressenti le besoin de vous isoler, loin de l’agitation extérieure et de ses tourments, l’impérieuse nécessité de vous retrouver face à vous-même, ce n’est pas une fuite mais plutôt un besoin de reprendre contact avec votre moi intime, de se recentrer. Il y a de très beaux endroits où se ressourcer mais pour avoir été en plein hiver, au moment des grandes marées, le Mont-Saint-Michel reste pour moi la halte idéale, propice à la méditation, pour demeurer seule avec moi-même.



Nicolas Diat nous offre une belle préface et le Père Abbé, Emmanuel-Marie Le Fébure du Bus, conclut cette insolite mais féconde expérience qui a réuni une quarantaine de moines et quatorze écrivains aux croyances et sensibilités tellement différentes.



Les hôtes comme les invités ont tout partagé dans le silence de ce lieu consacré. Imaginez les moines glissant sur le sol carrelé au petit matin pour se rendre à l’office, tous vêtus de blanc, psalmodiant les prières, entonnant les chants grégoriens, la liturgie latine reprenant toute son épaisseur et son mystère, imaginez les invités, basculant dans un monde qui leur est tellement étranger, déjeunant d’un modeste repas, partageant le pain qu’il soit celui de l’officiant à la messe ou celui du réfectoire, sans un mot, concentrés sur la lecture du jour , attendant patiemment les échanges qui se font autour du café. Ils ne rencontreront que la Paix, l’amitié, l’écoute, des contraintes aussi qui viennent rompre avec l’immédiateté de notre vie moderne mais qui donnent toute l’intensité aux instants vécus.



Bien évidemment, certains d’entre les écrivains se questionneront sur la vie en communauté, après tout, les moines sont des êtres humains même s’ils sont parvenus à domestiquer leur égo, si leur être tout entier semble porter la lumière, il n’en reste pas moins qu’ils sont des hommes. Leur emploi du temps est intense et laisse peu de place aux aspérités, le rituel les relie. Les journées sont rythmées par les Offices (sept), la prière, l’étude, le travail manuel, le jardinage – j’ai beaucoup aimé la description du jardin et des essences diverses - les visites aux malades, les hôpitaux dans les services de soins palliatifs. Saint-Augustin veille sur eux, dans chaque cellule, ses confessions les rappellent à l’ordre. Il guide les frères dans sa vision de l’amour fraternel.



Ce livre représente la somme des différents dialogues ou écrits de chaque écrivain. Ils y ont apporté une part d’eux-mêmes, que ce soit l’athée qui humblement parle de son questionnement, que ce soit celui qui se réfugie derrière l’histoire de l’Abbaye pour éviter de se livrer, que ce soit le tourmenté comme Beigbeder ou Liberati ou la lucidité de Boualem Sansal, ce livre est très beau ! C’est le cheminement pendant trois jours d’hommes différents qui ne cherchent que la bienveillance en toute simplicité, dépouillés de leurs préjugés, sans jamais chercher à convaincre, C’est le dialogue – dias logoi – deux visions différentes qui se complètent et non qui se censurent, s’interdisent. Toutes les réflexions sont à savourer, à relire aussi. Certaines pensées m’ont particulièrement émue que ce soit par la beauté ou par l’humilité.



« Et penser à ces hommes agenouillés, m’aide à tenir debout » Frédéric Beigbeder



NdL : Pour @afriqueah, notre Francine dont je lis les mémoires, une page du livre s'ouvre sur une pensée de Saint-Augustin. J'aime ces clins d'œil de l'Univers.

Commenter  J’apprécie          6518
Oona & Salinger

Un ouvrage qui m'a complètement réconciliée avec son auteur. Acheté sur un coup de tête, simplement parce que le nom de Truman Capote apparaissait, je dois dire que je n'ai vraiment pas été déçue, loin de là...



Le lecteur découvre ici non seulement la vie (enfin du moins, en partie) de celle qui allait devenir la femme de Charles Chaplin, à savoir Oona O' Neil mais aussi, son aventure amoureuse avec celui que plus tard, nous connaîtrons sous le nom de J.D. Salinger (Jérôme de son prénom). Ce roman se déroule juste avant la Seconde guerre mondiale, que le lecteur vit en direct grâce aux lettres fictives que Jérôme envoie à Oona. Il y trouve aussi la vie mondaine d'une petite starlette extrêmement riche et la vie trépidante qu'elle menait entourée de ses amies et de celui qu'elle considéra longtemps comme étant son meilleur ami, à savoir mon très cher Truman Capote.

Bien plus qu'une simple autobiographie, cet ouvrage est avant tout un roman sur ce que Salinger aurait très bien ou dire à Oona et inversement, puis celui que tout le monde connaît sous le nom de Charlot lui dira par la suite. Une histoire d'amour, avortée et déchirante dans le premier cas et attendrissante et passionnée dans le second.

Une chronique sur la vie au front en parallèle de ce qui se passait à Hollywood et tout cela donne ce superbe ouvrage.



Accompagné de photographies d'époque, je dois saluer le brio de l'auteur qui s'est extrêmement bien renseigné sur chacun de ses protagonistes pour donner l'impression à son lecteur de vivre ses merveilleuses scènes, déchirantes pour certaines, en direct. A découvrir !
Commenter  J’apprécie          644
Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé

Ces « confessions », fort brèves, se divisent en cinq chapitres : « Moi aussi, je suis une victime » ; « Adieu la coke » ; « le refuge » sur une retraite que l'auteur a faite dans un monastère ; « Un chaos structuré » sur un séjour dans le 21e RIMA ; « Un désir effrayant » sur l'obsession sexuelle. ● Les deux premiers chapitres à la prose primesautière et espiègle, sont agréables à lire, pleins de formules amusantes, même si la thématique de la « coke » n'est vraiment pas nouvelle sous la plume de Beigbeder. ● Il a incontestablement le sens de la formule. Par exemple : « le seul moment où la France me manque, c'est quand je n'y suis pas. À l'étranger, je la regrette ; à domicile, je la déplore. » ● Les deux suivants, les chapitres 3 et 4 m'ont paru fastidieux, et du reste ne sont pas inédits, comme l'auteur le souligne en avant-propos. ● le dernier chapitre est sans doute celui qui prête le plus volontiers le flanc aux critiques car l'auteur y généralise à tous les hommes, hétérosexuels comme homosexuels, son obsession sexuelle particulière. ● L'ensemble m'a paru assez médiocre, en-dessous du niveau moyen de ses autres livres. Cependant, Beigbeder ne mérite pas d'être traîné dans la boue comme certaines critiques ici le font. En particulier, dire qu'il est has been me paraît assez à côté de la plaque puisque c'est précisément ce qu'il revendique dans tout l'ouvrage, dès même le titre. N'écrit-il pas : « j'avais une nouvelle ambition : vieillir. » ● J'ai trouvé ses critiques contre Annie Ernaux vachardes mais bien vues : « On peut jouer les victimes à vie comme Annie Ernaux. Elle est richissime depuis 1984 mais a répété pendant cinquante ans qu'elle était une transfuge de classe (quoique fille d'épiciers soit un sort plutôt enviable : il y a toujours de quoi manger dans une épicerie). […] Annie Ernaux a capitalisé toute sa vie sur la honte de sa jeunesse. Elle a hérité de ses parents épiciers un talent pour l'exploitation d'un fonds de commerce. […] Annie Ernaux a réussi à fabriquer une oeuvre à la fois creuse et plate. […] Sa façon de dénigrer Houellebecq quand elle a reçu son Nobel était aussi inélégante que celle du gardien de l'équipe de football d'Argentine, championne du monde, Emiliano Martinez, chambrant Kylian Mbappé après la victoire. Il ne leur suffit pas d'être consacrés, il leur faut encore enfoncer les perdants. C'est que la gloire ne rassure pas les imposteurs : ils doutent de leur valeur. » ● Il ne peut s'empêcher de faire de la provoc, comme lorsqu'il compare judaïsme et catholicisme avec une mauvaise foi certaine : « Quand Anne Berest, Lola Lafon ou Karine Tuil déclarent : « Toute ma vie, j'ai cru que je m'en fichais d'être juive, mais en vieillissant, je m'aperçois que je me sens juive au fond et blablabla », tout le monde salue leur sincérité touchante. Et quand moi je déclare : « Toute ma vie, je croyais que je m'en fichais de mon catholicisme, mais en vieillissant, je me prosterne devant Jésus dans une chapelle gothique et blablabla », je me fais traiter de sale réac, d'apôtre de l'intégrisme et de symbole de la bourgeoisie blanche conservatrice lectrice du Fig Mag, à jupe plissée, serre-tête en velours et carré Hermès », même s'il est vrai que sa conclusion me paraît pertinente : « La cathophobie est un racisme parfaitement autorisé, voire encouragé en France. » ● Ou bien : « Il faudra un jour qu'on m'explique la différence entre les Dom-Tom et les colonies. Pourquoi l'Algérie française, c'est mal, et la Calédonie française, c'est bien ? » ● Ou encore : « le point commun entre 1942 et 2022, ce sont les monceaux de cadavres de femmes et d'enfants. Et d'hommes aussi : plusieurs centaines par jour. Pourquoi trouve-t-on normal que les hommes meurent ? Cela ne me semble pas très féministe. » Même s'il est vrai qu'on peut s'étonner de trouver naturel que les individus de sexe masculin meurent à la guerre, le parallèle entre 1942 et 2022 laisse perplexe. ● En conclusion, c'est un livre vite lu et sans doute vite oublié, auquel on peut préférer L'homme qui pleure de rire (2020).
Commenter  J’apprécie          5919
L'homme qui pleure de rire

La couverture se résume à un smiley, une émoticône qui penche la tête en riant aux larmes. Puisqu'il faut bien un titre en toutes lettres, ne serait-ce que pour référencer le livre, le petit bonhomme qui rit en pleurant a été traduit par "l'homme qui pleure de rire". Je ne suis pas familière de l'oeuvre de Frédéric Beigbeder, ni du personnage people et médiatique, ni de l'homme (quand les deux ne se confondent pas), mais j'ai cru comprendre que cet opus mettant en scène Octave Parango, son double littéraire, venait clore une trilogie, après "99 francs" et "Au secours pardon". Après la pub dans les années 90 et la mode dans les années 2000, voici qu'Octave Beigbeder s'attaque à l'humour des années 2010 et à sa tyrannie : "l'humour est une dictature parce qu'il n'autorise jamais de droit de réponse", et en particulier à l'humour des chroniqueurs radiophoniques du service public : "L'humour des insolents chroniqueurs de France Publique consiste à saper les fondements de la démocratie en se faisant passer pour son dernier rempart". C'est là qu'il faut indiquer (personnellement, ça m'avait totalement échappé à l'époque) que Frédéric Parango a sabordé en beauté sa carrière de chroniqueur humoriste de la matinale de France Inter/Publique, un beau matin de novembre 2018. Arrivé en studio après une nuit blanche de débauche, sans avoir rien préparé, il avait tenté de meubler ses trois minutes et quelque d'antenne avec beaucoup de vent et de vide, sous le regard consterné et crispé des autres animateurs (j'ai regardé le podcast de cette séquence, et le mépris agressif de ceux-ci m'a interloquée. J'ai essayé de transposer la scène sur La Première – RTBF, mais je ne suis pas arrivée à imaginer la même pression féroce. Trouvez-moi naïve si vous voulez).

Aussitôt éjecté de la chaîne, Octave/Frédéric décide d'en tirer un livre, dans lequel il raconte la fameuse scène et les heures qui l'ont précédée, ceci devant peut-être expliquer cela, mais de toute façon argument irrecevable pour la matinale "la plus écoutée de France". Et nous accompagnons donc Octave au fil de la nuit, au terme d'une journée qui a vu des "gilets fluo" enflammer les Champs-Elysées. de bars en boîtes de nuit, il erre entre alcools, drogues et tentatives de séduction, et son esprit vagabonde de réflexions sur les gilets jaunes, sur l'humour obligatoire et dévastateur, sur les médias et les réseaux sociaux, en digressions nostalgiques sur son passé orgiaque aux antipodes de sa vie actuelle de papa-gâteau convaincu. Avec virulence, Octave Parango règle ses comptes avec son ex-employeur et ses ex-confrères spécialistes ès dérision. "L'homme qui pleure de rire" est en réalité un homme qui pleure d'être obligé de rire, et le smiley de la couverture a un côté effrayant.

Difficile pour moi de faire la part des choses entre le vrai, l'exagéré et l'inventé, mais ce Frédéric/Octave m'a paru sincère (trouvez-moi dupe si vous voulez), bien qu'assez barbant avec toutes ces références à un certain milieu parisiano-culturo-médiatique qui ne me parle pas. le bougre est parvenu à me toucher, avec son humour désespéré, son inadaptation à l'air du temps, son côté ado-qui-ne-veut-pas-grandir, ses difficultés existentielles à concilier sa sempiternelle image de dandy parisien et sa vie rangée de père de famille dans le sud-ouest.

Octave/Frédéric écrit/parle avec lucidité, poésie parfois, et un sens aigu de la formule. Pas exactement optimiste sur le monde comme il va, "l'homme qui pleure de rire", derrière son masque de clown, voudrait simplement pouvoir pleurer de joie.



En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#Lhommequipleurederire #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          592
Confessions d'un hétérosexuel légèrement dépassé

Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit de s'exprimer ?

Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit de se victimiser ?

Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit d'être en souffrance ?

Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit de ne pas être d'accord avec certaines idées ?

Est ce que Frédéric Beigbeder a le droit à un minimum de respect en tant qu'homme blanc hétérosexuel de plus de 50 ans ?

La réponse à toutes ces questions est oui, évidemment.

Les personnes qui vous répondront le contraire ne sont que des fachos sectaires qui nous enfoncent un peu plus chaque jour et dangereusement vers l'obscurantisme.

L'idée d'un tel monde est effrayant. Chacun devrait pouvoir s'exprimer librement, et écouter respectueusement l'autre, même s'il n'est pas d'accord. Pas le monde des Bisounours, le monde, le vrai en réalité.

Sinon, un livre intéressant qui donne un point de vue masculin sur pleins de sujets actuels et hyper originaux, à savoir le féminisme, la drogue, le mal de vivre...mais qui a le mérite de secouer un peu le cocotier de la bienpensance qui, il faut bien le dire, devient grave relou et ringarde.

Commenter  J’apprécie          579
Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
Commenter  J’apprécie          570
Une vie sans fin



Dernier roman de Frédéric Begbeider, on sent dès les premières pages que l’il a retrouvé une partie de son punch, punch qui avait disparu progressivement dans ses livres précédents, en particulier dans Oona & Salinger.



Il n’est jamais aussi fort que lorsqu’il se met en scène dans ses romans.



On s’ennuie cependant un petit peu au fur et à mesure du roman malgré quelques tournures percutantes qui nous rappellent que c’est Begbeider qui écrit.



Au final un roman agréable à lire sans être grandiose.





Commenter  J’apprécie          562
Nouvelles sous ecstasy

Frédéric Beigbeder, ou plutôt son double littéraire Octave Parango (enfin on ne sait plus très bien qui est qui), aime tester différents produits illicites. Cette fois ci, notre héros va expérimenter l'ecstasy pour trouver l'inspiration littéraire.

Il n'en est pas à sa première expérience, ainsi il y a quelque temps, notre plumitif avait voulu tester un mélange de sa composition personnelle : fanta citron, biazipine concassée, pastis. Notre écrivain met donc son mélange détonant dans une flasque et se rend au Rex club. Assis à une table, il matte la salle en sirotant son mélange. Avec lui, ses potes Michka Esseyas et Simon Liberita lui tiennent compagnie. Une superbe créature l'invite à danser au son de la house music à plein tube. Notre nightclubber baragouine quelques mots à sa partenaire : "Tout est provisoire et tout s'achète. L'homme est un produit comme les autres, avec une date limite de vente." Elle lui répond: " Mais putain de quoi tu parles ?" Et elle le laisse en plan.

Notre romancier reprend une lampée de sa mixture, il se sent très, très en forme. Il fonce dans une salle annexe où on organise des karaokés. Il arrache le micro des mains d'une chanteuse amateure et commence ses diatribes en beuglant tel un télé-évangéliste : "L'amour dure 3 ans. Si les hommes font tant de peine aux femmes, c'est parce qu'elles sont plus belles quand elles pleurent. Notre amour est beau parce qu'il est impossible. J'accuse la société de consommation de m'avoir fait comme je suis : insatiable. le monde est irréel sauf quand il est chiant." Notre écrivain continue ainsi devant la salle désertée, jusqu'à ce que les lumières s'éteignent...

Quelques jours plus tard, un de ses potes le persuade d'aller sur le darknet pour faire son marché de beuh, c'est sûr à 100%, lui assure-t'il. Notre grand écrivain passe donc sa commande de weed sur le dark, on va livrer la marchandise chez lui le lendemain à midi. Ah ça c'est mortel la livraison à domicile ! se dit-il. A six heures du mat, notre écrivain est en plein rêve pornographique quand il entend un boucan d'enfer, des connards sont en train d'exploser sa porte d'entrée. Il se lève, zigounette à l'air et il met ses lunettes noires. "Police" beugle un mec cagoulé tout en noir, suivi d'une dizaine d'autres. C'est ainsi que notre grand nigaud s'est retrouvé au poste pour achat illicite de drogue. de son amusant séjour au commissariat, il écrira "Un roman français". A quoi ça tient l'inspiration littéraire !

Commenter  J’apprécie          5421
L'amour dure trois ans

J'avais depuis longtemps envie de découvrir Frédéric Beigbeder, l'homme qui défraie les chroniques, l'homme qui n'a pas sa langue dans sa poche et encore moins sa plume et bien voilà, c'est chose faite. Que dire après cette lecture ? Tout simplement que je comprends mieux pourquoi j'ai attendu aussi longtemps avant de le lire car, ici, grosse déception. J'aurais peut-être mieux fait de commencer ma lecture par "99 francs" mais bon, je voulais lire cet ouvrage maintenant car je vais bientôt fêter mes trois ans de mariage, cela me paraissait symbolique et si il y a bien une chose que je voudrais dire à l'auteur, c'est que je ne suis absolument pas d'accord avec son personnage, Marc Marronnier, comme lui même s'en rend compte d'ailleurs à la fin de l'ouvrage en découvrant l'Amour avec Alice (amour avec un grand A).

Même si je reconnais une certaine qualité de l'écriture, j'ai trouvé cet ouvrage un peu vulgaire et uniquement basé sur le sexe.



Le roman est suivi du scénario du film dans lequel on retrouve pas mal de divergences, même si le fonds reste le même. Je suis néanmoins contente d'avoir découvert cet ouvrage car c'était quelque chose que je voulais lire. Pour les curieux, à découvrir !
Commenter  J’apprécie          543




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Frédéric Beigbeder Voir plus

Quiz Voir plus

Frédéric Beigbeder

Frédéric Beigbeder est d'origine béarnaise. Que signifie son nom de famille en béarnais ?

Horizon lointain
Bord de mer
Belle vue
Littoral calme

12 questions
194 lecteurs ont répondu
Thème : Frédéric BeigbederCréer un quiz sur cet auteur

{* *}