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Critiques de Claudie Gallay (1171)
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Les Déferlantes

Le poids de nos vies bercé par le chant des vagues, les déferlantes,

Son regard, mes silences, nos pas vers les falaises,

Ces oiseaux qui partent, ceux qui restent,

Leurs cris, leurs rancunes secrètes,

L'odeur du mensonge,

Un jouet volé,

Toi.

La plainte du vent,

Mes yeux dans la mer,

Une nuit, un phare qui s'éteint,

Son pouce sur le creux de ses lèvres,

La mer démontée, cœurs écorchés des Suppliantes,

Dans une petite boîte en bois, des lettres à l'encre bleue,

Une cigarette qu'on partage, lourds non-dits qui partent en fumée.

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La beauté des jours

Du vent, une porte qui claque dans la maison, un cadre qui se détache du mur et se brise, une photo de Marina Abramović oubliée qui refait surface.......et devient le grain de sable dans l'engrenage du quotidien parfaitement réglé de Jeanne. Jeanne, mariée avec Rémy, un boulot, des jumelles à l'Uni, une jolie maison, un beau jardin fleuri, heureuse. Jeanne employée à la poste, Rémy magasinier à Auchan.



Abramovic est une artiste controversée. Moi-même, bien que très réceptive et ouverte à l'Art Contemporain, dont je pense parfois, du "n'importe quoi", d'autres fois le trouve "génial", les performances de l'Art corporel d'Abramovic me mettent mal à l'aise. Repousser les limites du potentiel physique et mental, défier la pudeur, la douleur, le silence, la solitude, la mort dans un milieu artificiel, je le vois comme de la provocation, dont je peine à voir la dimension artistique. D'autres artistes y se sont hasardés mais apparemment jusqu'aujourd'hui ,médiatiquement c'est celle qui a eu le plus de succès. Gallay, elle, elle est fascinée par Abramovic, sans aucun doute, et elle s'en inspire pour l'intégrer dans la vie de son héroine, cette force libératrice de l'Art, que je vous laisse découvrir.



Les chiffres, les séquences, les listes, le geste qui se répète régulièrement aux jours et heures précises, l'influence d'Opalka*, c'est la marque de Gallay qui revient dans tout ses livres ("Tout devient très compliqué quand les choses ne suivent pas leur cours").

L'écriture de Gallay est très belle, délicate, aérienne, vaporeuse, même un fait banal est exprimé avec beaucoup de grâce et d'émotion, ses phrases sont courtes, simples, sans fioritures. La solitude infinie des êtres qui s'en dégage est exprimée avec une grande douceur au point qu'elle en efface la tristesse. Elle touche au plus intime de notre être, notre monde intérieur, où l'amour même est un soupçon. C'est tout simplement magique !

J'aimerais que ses livres ne se terminent jamais, ce doit être ça le plaisir immense que nous donne une lecture, un plaisir infini......merci Claudie.



"Ce qui me calme......

La beauté des jours...."





*"Details d'Opalka" Claudie Gallay

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Avant l'été

Claudie Gallay est une de mes écrivaines fétiches françaises , dont j'ai lu tout les livres avec grand intérêt et plaisir jusqu'à aujourd'hui. C'est la première fois que je peine avec ce dernier livre . L'histoire qui se déroule dans les années 80 est celle de cinq jeunes femmes dans la vingtaine, liées d'une forte amitié. La narratrice Jess est l'une d'entre elles. Sans boulot, elle habite chez ses parents dans un hôtel de province tenue par sa mère. On est dans une petite ville où tout le monde connaît tout le monde. Ces filles très différentes les unes des autres, insouciantes, solidaires, enfin presque, se lancent un défi : participer à un concours pour la fête du printemps avec un défilé de mode dont elles vont créer la chorégraphie et les costumes assez osés. Vu l'époque et le milieu fermé d'où elles viennent, la confiance qu'elles ont en eux-mêmes générée par l'insouciance, est supposée être le moteur du récit .

Pour qui connaît son oeuvre, au prime abord cela semble intéressant vu que le contexte porte la marque Gallay et de temps en temps on retrouve le charme de la forme et du fond propre à l'écrivaine, comme ce passage touchant du corniaud de Tonia Astré qui attend sa maîtresse morte. Mais dans l'ensemble à part quelques passages brillants, plus on avance plus ça résonne creux. Plus court elle aurait pu peut-être le sauver, mais presque 500 pages pour raconter une histoire , où il ne se passe rien de notoire à part les bobos habituels , incidents du quotidien peu convaincants et une fin tarabiscotée , et où elle y a collé un personnage incongru et même dirais-je cliché comme Mme Barnes, l'aristo, La Parisienne, un caractère étrange, antipathique . Gallay la pose comme personnage central, celui qui aidera Jess à grandir , une femme ridicule avec ses gestes d'instruction de dégustation de caviar, ses leçons de vie condescendantes.... Alors qu'à mon avis c'est plus par solitude et égocentrisme que par générosité qu'elle s'approche d'elle. Et que dire des slogans clichés qu'elle lance, "Le dénuement , je vous le dis, c'est la liberté", facile à dire de la part d'une qui est née avec une cuillère en or dans la bouche, " l'infidélité donne une chance au bonheur ", no comment, beaucoup trop de perles que je n'aurais jamais attendu de Gallay. Quand à l'idée de défilé, file rouge du récit, je n'en ai pas saisi l'intérêt. Je n'ai pas aussi retrouvé, à part les agendas du père de Jess, l'influence d'Opalka, les chiffres, les séquences, les listes, le geste qui se répète régulièrement aux jours et heures précises, la marque de Gallay qui revient dans tous ses livres. Déjà le sujet est banal et sans la patte Gallay, c'est un livre quelconque sans grand intérêt.



Désolée, vu aussi sa longueur une lecture que je ne puis conseiller , et surtout pour qui ne connaît pas du tout Gallay, car tout ses autres livres à une exception près sont magnifiques. J'espère de tout coeur qu'à la prochaine, elle nous reviendra avec un superbe livre comme Les Déferlantes ou Dans l'or du temps.







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Les Déferlantes

Dès les premières lignes, « Les déferlantes » est un gros pavé qu’on ne lâche plus. L’héroïne dont on ne connaît pas le nom, croise Michel au sein d’un village où vivent plusieurs personnes mystérieuses. C’est une sorte de huis clos à La Hague et le vent de la lande tourbillonne à vous rendre fou…



L’intrigue tient en haleine et nous entraine du café du village jusqu'au bord de la mer en passant par les habitations…



Claudie Gallay, avec un souffle inouï, traduit l’indicible, l’amour, la rancœur ou le pardon, l’impossible deuil des êtres aimés, la complexité des liens familiaux…

C’est un livre d’une rare subtilité sur la brutalité des sentiments, râpeux comme la lande, vigoureux comme le vent et dont les vagues d'émotions nous touchent à chaque page.



Un livre fort et inoubliable.



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La beauté des jours

Jeanne, 42 ans, se sent heureuse. Son bonheur elle le trouve dans mille et une choses, elle l’attrape dans un rayon de soleil, dans les arbres qui valsent, dans une caresse pour son chat, auprès de son mari Rémi et ses jumelles. Jeanne semble née pour le bonheur. Comme ces êtres détachés du malheur, ceux qui ne voient que le bon côté de la vie, Jeanne est heureuse.

Dans sa petite vie bien rangée, Jeanne nourrit aussi une grande affection et admiration pour Marina Abramovic, une artiste serbe qui défie la vie et la peur. Elle inspire à Jeanne un dépassement, une profonde envie d’éloigner ses peurs. Elle lui écrit. Lettre après lettre, elle dépose son affection, son quotidien. En retour, elle lit les pensées de Marina, comme une eau vitale pour son équilibre.

Lorsque Jeanne croise un ancien amant, Martin, elle se met à douter de son bonheur, des limites de sa vie.

Si son mari est un homme gentil et débrouillard, Martin est l’homme des rêves, celui qui parle aux oiseaux, aux ruines. Quand on a déjà les poches pleines de beauté, peut-on s’autoriser à en vouloir davantage...



Claudie Gallay que je ne connaissais pas m’a étonnée, il y a cet espèce de ravissement dans les courbes de ce roman. Les phrases sont allégées de toute complication, se dégage d’elles une harmonie tout en beauté.

Je me suis sentie apaisée à lire cette beauté des jours.

Tout est dans la contemplation ici, le ressenti, les images. La folle action est intérieure, silencieuse.



C’est un roman que je conseille pour tous les amoureux et les partisants du beau.

La beauté des jours, c’est « faire de chaque jour une vie entière, et de chaque heure, un jour. »
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Seule Venise

Le programme me semblait tout à fait alléchant, voyez donc, un long voyage à Venise en période hivernale, période de fêtes de surcroît et des pas solitaires à frôler les rues italiennes. De toute beauté ai-je imaginé... Claudie Gallay s’attarde sur une femme quarantenaire, fraîchement abandonnée par son homme qui décide de tout plaquer pour essayer de faire son deuil loin de chez elle.



Il m’a beaucoup ennuyée ce roman, aïe aïe. Il m’a manqué un contenu beaucoup plus abouti en lieu et place de ces phrases en lambeaux. Venise... à elle seule mérite un portrait descriptif magique et travaillé. Tout cela m’a bien manqué.

L’héroïne quant à elle est assez agaçante dans sa façon d’être toujours en hésitation. Et cette façon de vouvoyer je ne sais qui m’a tout autant ennuyée.

Je me suis perdue dans ce roman avec la frustration immense qu’il me semblait pourtant bien accessible et très simple. Est-ce la faute à des émotions bâclées ou bien à ces personnages auxquels j’ai eu beaucoup mal à m'attacher et à situer.



Il y a tout de même quelques passages relativement poétiques sur l’atmosphère de Venise en hiver qui ne m’a pas laissée de marbre. Les chapitres sont aussi très courts, ce qui fait de ce roman, une petite lecture assez limpide.

De loin, j’ai préféré La beauté des jours dans une autre atmosphère mais dans un style bien plus recherché.
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Seule Venise

Un livre que j'ai beaucoup aimé... Presque un coup de coeur! J'aime cette découverte de Venise en hiver. Les promenades dans cette superbe ville, dans la brume ou sous la neige. Est-ce parce que je suis amoureuse de cette ville? mais cette première rencontre avec Claudie Gallay me laisse une forte impression et je suis sous le charme de ce beau roman.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Les Déferlantes

Il y a des livres comme ça ou tu t'ennuis, ou tu te dis :



« Putain je vais en chier un bout de temps… »



Que l'on soit bien d'accord, ma sensibilité pour ce bouquin n'engage que moi, et mon mauvais gout, complètement hermétique à ce style de lecture qui ne me fait pas rêver…



Sautons du coq à l'âne et parlons un peu philosophie.

L'autre jour, j'étais dans la voiture, je roulais pépère à 120 km/h sur la départementale qui relie mon appartement à mon boulot quand un chanteur populaire de la variété française me demanda :



« Il est ou le bonheur, il est ou ? »



Sans réfléchir, et parce que j'ai un putain de côté philosophe, j'ai répondu :



« Dans ton cul »



Bien sur chacun y trouvera matière à vulgarité, d'autant plus que le livre est aussi doux et beau qu'un bébé lapin, vivant…parce que mort c'est tout de suite cruel… même avec une bonne sauce…

Donc voilà j'avais répondu ça comme ça sans réfléchir, et à haute voix… Et là qu'est ce que j'entends :



- Dans ton cul, dans ton cul… papa dans ton cul

- Euh merde, chut on ne dit pas ça

- Merde, ça pu le cul cul

- Mais non mais non, enfin si, mais non putain, dis pas des trucs pareils

- Putain de merde, putain de merde…



Ma fille est une éponge à philosophie, et ça me fait bien marrer… du coup j'ai réfléchi un peu parce que le gars qui chante, il avait pas fini de brailler ses notes les plus hautes, et il est revenu à la charge avec sa question de merde mais avec une nuance :



« c'est quoi le bonheur »



- Un barbeuc… là je sentais que mon moi philosophe prenait de l'assurance…



T'es là, t'as pas de journal, t'as pas de petit bois, mais t'es dehors, les merguez rêvent de se juter sur les flammes incandescentes de ma faim qui me crie famine… T'es au grand air, je pars à la recherche de quelques brindilles malheureuse, un vieil emballage et un briquet… et c'est le kif… le son de la bouteille que tu débouches pour accompagner tout ça… hum… bonheur éphémère qui ne dure que le temps des braises qui se consument et qui s'éteignent gentiment…



Après soit tu prolonges le bonheur, et là « dans ton cul » prend tout son sens, et cela peut être une alternative bien bandante, on oublie les soucis, et on transpire un peu pendant quelques minutes… ou quelques secondes pour les plus honnêtes…



C'est plein de petits plaisirs quotidiens finalement, suffit de se donner le temps, de baiser son froc, ou de le garder chasteté et de lire un bon bouquin, de regarder un bon film, bref c'est indéfinissable, chacun se contente de ses moments à lui, en musique, en, silence, en méditation, il n'est pas quantifiable, faut juste savoir en profiter le moment venu, sans se poser de question en chanson… Parce que plus tu le cherches, moins tu le trouves…



Donc pour en revenir au bouquin, bah ce n'est pas ma came… mais cela n'enlève rien à ses qualités…



Bisou les copains

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La beauté des jours

Je sors d’un roman intimiste qui va au fond d’un être, une femme, simple.

Mariée, deux grandes jeunes filles qui commencent à quitter le nid, un mari aimant et pas compliqué, une fratrie uniquement féminine, une mère travailleuse, une Mémé compréhensive et sage, un père incompréhensif et replié sur lui-même, une amie volcanique.

Ai-je fait le tour ?

Non.





Jeanne parait simple, mais en fait est passionnée.

Par une artiste très spéciale, Marina Abramovic, qui fait de sa vie un test sans fin de ses limites (rester le plus longtemps possible sur une croix en glace, jouer avec un couteau qu’elle fait passer entre ses doigts le plus vite possible au point de les entailler, enfin, vous voyez le genre).

Passionnée, donc, par cette artiste, qui la projette hors d’elle-même, qui la libère de sa petite vie simple.

Passionnée par les gens. Elle est postière, et même si elle est introvertie, elle adore le contact, les regards, les mains. Elle aime les membres de sa famille. Elle est humaine, serviable, compréhensive. Elle aime son amie torturée par une rupture amoureuse.

Passionnée enfin par Martin, un ancien copain d’école croisé fortuitement, qui l’emmène lui aussi au-delà d’elle-même, au risque de compromettre tout ce qu’elle a construit.





Un roman d’amour, donc. D’amour de tout. Des gens, de la vie, de la beauté des jours.

Un roman pur, qui se base sur le quotidien et s’envole dans les étoiles.





Pourtant, il m’a fallu du temps pour m’y insérer. Le quotidien était trop quotidien, Jeanne trop passive. Et puis tout à coup, l’arrivée de Martin a fait sauter les barrières de la monotonie, tout en douceur, tout en pudeur, tout en retenue. De petites phrases parsemées ici et là interpellent, happent l’esprit. Ces petites phrases deviennent au fil de l’histoire des réflexions plus longues, plus nombreuses, peut-être trop répétitives.





Roman de la beauté, de l’art, des petites choses.

Roman de la famille.

Roman de la femme.

Roman de la vie.

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Les Déferlantes

Amateurs d’intrigues fortes et de péripéties, passez votre chemin. Il s’agit d’un roman d’atmosphère. Ce sont un refus de deuil, des secrets de famille et les pesanteurs d’une vie de village, noyés dans les descriptions de la nature et du climat de ce bout du monde qu’est La Hague… La mer toujours changeante, le vent, la pluie et l’humidité si fréquents, les landes, les falaises, les oiseaux : tout cela semble avoir un rôle déterminant dans les destins, les choix et les vies. « J'aime les endroits qui s'imposent physiquement. La Hague, c'est quelques kilomètres carrés de vent, de lumière, de lande sauvage, et la mer qui vous submerge » a dit l’auteur dans un interview.



La narratrice, ornithologue ayant des difficultés à faire le deuil de son compagnon décédé et provisoirement installée à La Hague, va, très lentement mais avec opiniâtreté, découvrir des secrets qui ont scellé le destin de plusieurs personnes qu’elle côtoie. Des personnages, un peu caricaturaux et à la recherche d’un ‘’ailleurs’’, corsent cette quête.

Ce long cheminement trouve son épilogue dans les 30 dernières pages où les personnages prennent le pas sur la nature.



J’ai aimé ce roman lent et dense, cette nature omniprésente et si longuement décrite, ces personnages écrasés par le destin qui tentent de se (re)construire, de survivre ou, simplement, d’atteindre un rêve.

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Une part de ciel

Une boule en verre, de celles qu'on secoue pour voir tomber la neige sur les Pyramides ou la Tour Eiffel, de celles que Curtil laissait derrière lui quand il laissait en plan femme et enfants pour aller vivre sa vie, voilà ce que reçoit Carole chez elle à Saint-Etienne où elle vit seule depuis que ses filles sont parties et que son mari l'a quittée. Cette boule qui surgit de l'enfance est un signe de son père qui veut voir ses enfants au Val-des-seuls, sans préciser ni quand ni pourquoi. Carole n'a rien d'autre à faire que de retourner dans le village de montagne qui l'a vu grandir pour retrouver son frère Philippe et sa soeur Gaby. Eux sont restés au village. Philippe y est garde-forestier et rêve de retrouver le chemin parcouru par Hannibal dans les Alpes tandis que Gaby vivote dans un mobilhome avec La Môme, une gamine abandonnée par sa mère et attend le retour de son homme, Ludo qui est en prison. Les jours passent, l'hiver arrive, Noël approche, Curtil ne se montre pas et Carole s'installe dans une routine apaisante parfois interrompue par les souvenirs du passé, les bons et les plus douloureux.





Un petit village de la Vanoise qui hésite à devenir une station de skis, des habitants un peu rugueux mais solidaires, une fratrie qui a été cabossée par la vie, une héroïne à la recherche d'elle-même...Claudie GALLAY sait mieux que personne planter un décor, créer une ambiance, transcrire les questionnements et les errements de ses personnages. Fidèle à son style et à ses thèmes de prédilection, elle signe ici un roman sensible et intimiste qui interroge sur la famille, les souvenirs d'enfance, la culpabilité. Grâce à une écriture moins distanciée, moins hachée qu'à son habitude, mais toujours aussi lancinante et soucieuse du moindre détail, le livre dégage un sentiment de force, de tendresse et d'humanité. Un grand roman qui emporte le lecteur dans son univers, faisant de lui un villageois parmi les autres, soucieux de l'avenir du Val-des-Seuls et de ses habitants. Une belle histoire, à lire absolument.
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Seule Venise

Comment dire ?

Comment vous dire l’atmosphère distillée par ce livre, étrange, froide, silencieuse.

Venise en hiver...

Les rues désertes. L’eau envahissante, suintante, qui s’étale.

L’île aux fous, l’île des morts, l’île des chats.

Les cafés sur les places, où on boit le chocolat chaud, puis plus tard, le cognac.

La pension tenue par Luigi, prévenant, espérant la venue de ceux qu’il aime.

Ses hôtes : le prince russe, très vieux, immobile, nostalgique, malheureux, digne.

La danseuse vive et tourmentée, et son amoureux. Heureux ?

La librairie, enfin. Le seul vrai but de la narratrice, le seul point d’attache. Car Dino à la voix rauque et au regard pénétrant la trouble. Elle qui s’est réfugiée à Venise après une histoire d’amour tronquée.



Cette atmosphère, seule Venise peut la livrer. Et je l’ai aimée.

Mais la narratrice, cette femme trompée, m’a énervée. A quarante ans, elle ne croit plus à l’amour, elle le dénigre, et pourtant elle en veut encore. Sa manière d’être, de parler m’exaspère. Elle a l’air de ne comprendre rien à rien, de ne pas savoir se comporter, dans n’importe quelle circonstance.

Ou est-ce le style avec lequel cette histoire est racontée qui m’irrite ? Je ne sais pas, mais voilà que les petites touches, les silences, tout ça me laisse sur ma faim.



Seule Venise parle d’amours malheureuses, sauf une...mais je ne vous dirai pas laquelle. Elle est là, cachée dans les pages, et se révèle peu à peu. C’est cette histoire-là que j’ai aimée, uniquement celle-là.



Mais l’atmosphère de Venise en hiver, elle, je ne l’oublierai jamais. Elle m’a prise, m’a emportée, au point que j’en oubliais la Noël ici, maintenant.

A ce propos...je vous souhaite un Noël paisible, limpide, serein. Et peut-être un voyage à Venise ?

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Seule Venise

Venise en hiver,fin décembre,triste,grise,désertée,glaciale ....mais si belle...Je ne sais pas si c'est l'endroit idéal pour noyer son chagrin d'amour en hiver, mais c'est ce qui se présente , un peu par hasard à l'héroïne de Gallay.

Une pension dans un vieux palais,un vieux aristocrate russe en chaise roulante,un bouquiniste qui voue une passion pour un peintre juif ayant peint l'holocauste ,la brume, les gondoles,le chocolat chaud du café Florian...et trois histoires d'amours en chassé-croisé.

Gallay a bien planté son décor,aussi bien comme ville, que comme locations et personnages,une splendeur en décadence et beaucoup de nostalgie.Splendeur d'antan de Venise,de Russie,de la jeunesse bref de tout ce qui est déjà dans le passé et dont le souvenir est beaucoup plus éblouissant que le présent.En contraste,cette femme de quarante ans à la recherche d'une consolation, ce russe qui vit dans le passé,ce propriétaire de pension qui attend sa fille qui tarde à venir, dans cette Venise sous l'acqua alta,la neige,repliée sur elle-même ,dans son sommeil d'hiver.

Tout est effleuré,même l'amour avec une poésie d'une douceur infinie.....

Trés beau texte,inconditionnelle de Gallay,je n'ai rien à ajouter.
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La beauté des jours

Dans sa petite ville de l'Isère, Jeanne, 43 ans, mène une vie tranquille et rangée : un pavillon avec jardin, un gentil mari qu'elle a épousé très jeune, des jumelles parties faire leurs études à Lyon, un travail au bureau de poste, une voisine meilleure amie pour échanger confidences et fous rires. Jeanne aime cette vie pétrie d'habitudes, de la piscine du lundi au repas dominical chez ses parents à la ferme. Pourtant, derrière une façade faussement lisse, Jeanne aime glisser un peu de fantaisie dans sa routine. Parfois, elle suit un inconnu dans la rue, juste pour le plaisir de se glisser dans les pas d'un autre. Et par-dessus tout, elle admire l'artiste serbe Marina Abramović, une performeuse qui sans cesse repousse les frontières de ses peurs, de son corps, de son mental. A travers elle, Jeanne interroge ses propres peurs, ses désirs, son goût du risque. Quand, par hasard, elle retrouve un amour de jeunesse, la femme tranquille ose sa propre performance...



Dans La beauté des jours, il y a d'abord le style Gallay, fait de phrases courtes et de descriptions minutieuses et détaillées des faits et gestes des personnages. Ici, il contribue à nous plonger dans la simplicité de ce quotidien que certains pourront qualifier d'étriqué, cette vie provinciale, routinière et sans surprises que mène cette femme d'habitudes. Mais il sait aussi souligner la beauté que l'on trouve en toute chose pour peu qu'on prenne la peine de la regarder. A travers le portrait d'une femme simple et heureuse, Claudie Gallay raconte le bonheur au quotidien qui accepte ce qu'elle a comme une chance mais qui ne reste pas béate. Elle sait aussi s'évader, surtout à travers son admiration sans bornes pour cette artiste serbe qu'elle suit depuis longtemps. C'est l'art dans ce qu'il a de plus absolu qui s'invite ici dans sa vie, lui rappelant que le beau, l'inutile et les expériences extrêmes existent et font du bien. Autour de Jeanne, à la fois transparente et secrète, gravitent des personnages très réussis, de la meilleure copine abandonnée par son compagnon au père fermier aigri de n'avoir eu que des filles, elles-mêmes mères de filles, personne pour reprendre la ferme, en passant par la grand-mère philosophe ou Rémy, le mari, trop prévisible peut-être, mais toujours tendrement amoureux.

Roman du temps qui passe, du bonheur ordinaire, de la vie qui s'écoule sans heurts, des petits riens qui font du bien, de la '''beauté des choses'', de l'art aussi, cette lecture raconte des gens normaux, des petites vies simples mais pas simplettes. Un personnage féminin lumineux, un roman superbe et une Claudie Gallay fidèle à elle-même mais qui ne déçoit pas.
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La beauté des jours

Au début, le livre m'a déplu, tout m'a déplu : le prénom du personnage principal, Jeanne, très en vogue actuellement - trop d'ailleurs - : qui donnait à sa fille le prénom Jeanne dans les années 75 ? Personne ! Alors, elle, elle s'appelle Jeanne et elle a quarante et quelques années. Elle a de la chance d'avoir un si beau prénom. Je l'imagine pensive - les Jeanne sont pensives – et calme. Elle porte un foulard vert et un gilet gris pas très neuf. Oui, je la vois bien comme ça. Elle est émerveillée par le monde, les petites choses du monde, la lumière, un renard, des abeilles qu'elle prend le temps d'observer, parce qu'elle a le temps, Jeanne.

Elle aime aussi l'art contemporain, les performances et son mari est un gentil abruti qui refait toute la cuisine, lui ramène des macarons tous les mardis (je pleure) et met des sous de côté pour aller en Grèce.

Bref, tout ça m'a énervée, peut-être parce que je n'y croyais pas, tout me semblait sonner faux. Un peu/beaucoup cliché, quoi. D'abord, j'aurais préféré qu'elle s'appelle Stéphanie, Sandrine ou Nathalie comme tout le monde à cet âge-là, qu'elle n'ait pas ce doux air rêveur-ailleurs-jevoisdeschosesquepersonnenevoit, qu'elle se tue au travail au boulot ET à la maison plutôt que de regarder les coccinelles se promener sur le rebord de la fenêtre ou les trains passer et qu'elle se réjouisse au moins UN PEU de côtoyer un homme qui l'aime et qui refait chaque année une pièce de la maison et sans râler en plus ! Ingrate ! Tu préfères quoi, toi, comme teinte pour la cuisine ? Je ne sais pas, je vais réfléchir cette nuit… Quand il n'y a plus qu'à choisir la couleur, ça va ! Grrrrrrrr !

Jalouse moi ? Ben OUI, peut-être, certainement même : 1. Parce que je ne m'appelle pas Jeanne, 2. Parce que j'ai intérêt à ne pas avoir les deux pieds dans le même sabot avec ma marmaille et le boulot, 3. Parce que les jolies-belles choses de ce monde, je n'ai pas le temps de les contempler, voire je les écrase en marchant dessus (non intentionnellement bien sûr - attention chez moi, défense de tuer les araignées, elles sont énormes, peuvent rester six mois dans un coin, bien tranquilles, mais on n'a pas le temps de se causer elles et moi, chacun son taf), 4. Parce que j'aime l'art, contemporain et tout et tout mais de là à ce qu'il ait une influence sur ma vie… (sauf la littérature, bien sûr), j'en conclus donc que je suis hyper insensible.

Résumons : mon nom est nul, ma vie est nulle, je n'ai aucune sensibilité et l'art me laisse de marbre.

C'est pourquoi, Jeanne m'a énervée.

Mais, comme je ne suis pas du genre à ne pas finir un livre, je suis allée jusqu'au bout et… est-ce la simplicité de l'écriture qui m'a touchée ou la Jeanne et son malaise existentiel qui ont fini par m'avoir ? Je ne sais pas mais je me suis retrouvée complètement chamboulée (comme quoi, je ne suis pas si insensible que ça, na!), en pleurs, vidée… Les dernières pages m'ont bouleversée, je les ai trouvées tout simplement très belles et je me dis que comme une idiote, dès le début, j'aurais dû me laisser aller. Au lieu de ça, j'ai fait la fière, j'ai voulu résister (pourquoi ? Faudrait creuser… Un peu de frustration ? Il faudra que j'en parle à mon psy !) Bon, en tout cas, me voilà bien ! Depuis que j'ai refermé le livre, je pense à Jeanne souvent, comme quoi…

Que je vous présente enfin le sujet (comme vous êtes patient!)

Donc Jeanne - quel beau prénom quand même…- s'ennuie. (Ses grandes filles sont parties, elle ne semble pas partager grand-chose avec son mari, son boulot n'est pas bien passionnant MAIS, ses grandes filles vont bien (et c'est déjà pas mal), son mari l'aime (c'est appréciable aussi) et elle a un emploi (ce n'est pas donné à tout le monde) : alors quoi ? Fatiguée d'être heureuse, la nouvelle Bovary ? Une petite dépression qui s'annonce ? En tout cas, parfois les petites choses en entraînent de plus importantes (l'effet papillon, c'est ça?) : un coup de vent et un cadre se décroche, le verre se brise et une photo s'échappe. D'une de ses filles ? Non, pas du tout, c'est une photo de Marina Abramović. Quoiiii, vous ne connaissez pas cette artiste mondiAAlement connue ? Rassurez-vous, moi non plus (mais je me suis rattrapée et je suis allée voir sur Internet TOUTES ses prestations, pardon, ses performances.) C'est un professeur qui avait présenté à la classe de Jeanne cette artiste (comme quoi, on mesure mal la responsabilité des enseignants…) et soudain, Marina Abramović refait irruption dans la vie de notre héroïne - ou alors Jeanne l'avait en elle depuis bien longtemps, je crois plutôt à cela - et celle-ci de s'interroger soudain sur le sens de son train-train en particulier et de la vie en général, avec de vastes questions comme : « J'ai bientôt passé la moitié de ma vie, et je me demande ce que je vais faire de l'autre. » (c'est pas bon de s'interroger comme ça, ah non!) et l'on sent que petit à petit, elle se détache et plus elle s'éloigne de notre monde, plus elle se passionne pour le travail de l'artiste-performeuse (matrice/mante?) et va même jusqu'à lui écrire, régulièrement.

Marina Abramović (à travers différentes performances que je vous laisse découvrir - bon, c'est vrai, je n'ai pas tout compris du projet) semble vouloir tester les limites : de son corps (en le flagellant, en le coupant, en le congelant, en restant des heures dans la même position, en risquant de mourir...), de son esprit (en supportant la douleur, en communiquant avec l'autre par le regard, - cette performance appelée The Artist is present, MoMA, 2010 m'a vraiment impressionnée, si si ! -, en se séparant de l'être aimé…)

Bref, comme vous l'avez compris, Abramović n'est pas dans le train-train, elle, c'est le moins que l'on puisse dire, et surtout, elle OSE, elle FAIT et n'attend pas. Alors Jeanne s'interroge : « Ça t'arrive des fois de penser aux choses qu'on aurait dû faire et qu'on n'a pas faites ? » demande-t-elle à son amie Suzanne (encore un beau prénom pour la copine, grrrrr!). « Ce que vous faites me console de moi. » écrit-elle à Marina… C'est beau ça, hein ?

Devant la face médusée de son mari qui, pendant sa pause bière et entre deux coups de pinceau, essaie de comprendre l'intérêt grandissant de sa femme pour cette artiste, celle-ci tente de lui expliquer : « Il y a une force en elle qui libère ceux qui la regardent. »

Et, c'est VRAI, il n'y a qu'à voir l'état dans lequel se mettent certaines personnes dans la performance dont je vous parlais tout à l'heure où il s'agit seulement, dans un face-à-face, de la regarder sans rien dire. L'intensité de son regard donne VRAIMENT l'impression que non seulement elle vous voit, vous prend en considération mais aussi qu'elle vous comprend et je veux bien croire que des gens insuffisamment regardés craquent !

Bon, je vous vois sourire et vous demander : et moi, finalement, suis-je suffisamment regardé ? A vous de voir…

En tout cas, Jeanne va avoir l'opportunité de changer de vie - comment ? Suspense… et que va-t-elle faire ? Suspense aussi ! « J'ai l'impression qu'il y a deux Jeanne en moi, une qui a eu envie de cette vie calme et bien rangée et l'autre qui voulait être différente. La première a été la plus forte. Mais j'ai besoin, de temps en temps, de sentir en moi la présence de l'autre. »

Voilà le problème…

Alors moi, quand c'est comme ça et que mes pensées commencent à s'envoler comme celles de Jeanne et que je me dis que… et peut-être aussi que…., bref quand je sens que le danger existentiel rôde, alors je passe à l'action : aspirateur, tondeuse, lessive, repassage.

Et voilà, le tour est joué ! C'est ma recette-bonheur. Elle est simple, gaie, sans prétention, pas chère et terriblement efficace. Finalement, c'est pas ça qu'on appelle une performance ? Si ?

Je savais qu'au fond, j'étais une artiste !
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Une part de ciel

PITIE !!! J’abandonne !

Ce n’est pas dans mon habitude de ne pas persévérer, mais là, non, je ne peux plus.

Quel ennui !

Quelle morne existence !



Une femme part dans son village d’enfance, un village de montagne, rejoindre son frère et sa sœur, à l’appel de leur père, qu’ils appellent Courtil. Drôle de père, qu’ils ne voient qu’épisodiquement depuis leur enfance, et qui leur envoie une boule à neige comme signe de ralliement.

Elle retrouve donc des gens qu’elle a connus, et ça lui fait du bien, je suppose, car « le père de ses filles » l’a quittée il y a peu. Quelle idée, aussi, d’appeler son ex « le père de mes filles » au lieu de le nommer.

Il n’y a pas que ça, d’ailleurs, qui m’a irritée : quelle manie a-t-elle de dire « le café A Franky, le magasin A Sam, etc. » Que ça m’énerve !

Et puis les paysages ne sont même pas décrits, je n’arrive pas à m’imaginer cette montagne grandiose.

Et puis que de silences, que de non-dits, que d’attitudes froides, que de petites phrases anodines.

Roman intimiste ? Même pas. La narratrice ne partage rien.

Roman contemplatif ? Même pas. La narratrice s’enfonce dans le quotidien banal.



De temps en temps, une phrase ressort, bien sentie, bien vraie. Et celle-là, je la note, tout de suite.

Car de Claudie Gallay, j’avais adoré « Seule Venise » et son atmosphère spéciale, je m’étais délectée de ces petites phrases-phares.

Mais ici, elles sont noyées dans la brume de l’hiver, elles se diluent dans l’anodin, le quelconque.



Et le père, qu’est-ce qu’il fait ? Il envoie un signal à ses enfants pour leur dire qu’il va arriver, et il ne vient pas !

Je n’ai pas la patience de Carole, moi, et je suis partie. En claquant la porte, au quart, ou même moins, du livre.

Non, mais !

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Seule Venise

C’est l’histoire d’une femme qui vient d’être abandonnée par son compagnon, et sombre dans un profond désespoir. Elle liquide son compte en banque, quitte tout, direction Venise en plein hiver…



Revenir dans une ville où l’on a été heureux, sur les traces de l’Amour, qu’elle cherche encore au travers de ses rencontres, arpentant chaque coin et recoin de la ville, elle nous entraîne dans sa quête et l’on va s’installer avec elle dans la pension de famille, plus ou moins confortable.



On va partager ses promenades, ses rencontres : un vieux prince russe en fauteuil roulant, un couple étrange, une danseuse Carla et son amant, Valentino pour qui amour ne signifie parfois que possession de l’autre, passion donc une porte ouverte vers la violence. Peu à peu, l'histoire s'installe, et on s'installe en elle, comme on se glisse dans les méandres de Venise.







Ce que j’en pense :







Je venais de déambuler dans Paris, en 1942 avec Modiano, et à peine remise de mes émotions, j’ai mis mes pas dans ceux de cette femme qui m’a fait découvrir Venise en hiver, sous la pluie, loin des touristes mais avec ses couleurs qui n’appartiennent qu’à elle. Je l’ai visitée dans les pas de Jean d’Ormesson, il y a des années. Il parle si bien de Venise et de l’amour que les deux sont liés dans ma mémoire. La douane de mer, la lagune, San Marco…



Comment rester insensible au charme du vieux prince russe en fauteuil roulant, qui n’a jamais fait le deuil de son amour d’adolescent Tatiana, bien qu’ayant épousé une femme de son rang dont il a eu des enfants. Il apprend à notre héroïne mystérieuse (comment l’appeler autrement puisque l’auteur ne lui a pas donné de prénom) à apprécier les choses, le vin par exemple, qu’il faut garder en bouche, goûter avant de l’avaler.



Il lui apprend aussi que l’exactitude est la politesse des rois, il a été en retard une fois et s’en est voulu toute sa vie, car tout a été chamboulé… comment apprécier la musique…



Le libraire, Dino, quant à lui, va lui apprendre bien-sûr les livres, et aussi des mots, l’amour de Venise qui lui fait découvrir outre Marguerite Duras, Tolstoï, Rilke et autres auteurs qui hantent Venise, et la peinture avec Zoran Music, rescapé des camps de concentration, …



Il y a aussi Luigi, qui tient la pension, fait la cuisine pour ses hôtes, attendant sa fille pour les fêtes et décorant le sapin de Noël pour l’accueillir… Clara qui ne vit que pour la danse...



Ce sont tous des écorchés vifs, malmenés par la vie…



J’avais aussi des ampoules aux pieds, tant Claudie Gallay m’a fait découvrir des endroits splendides et méconnus, le peintre Zoran Music ; elle a une façon particulière de nous faire voyager, dans les valises de l’héroïne qui est parfois exaspérante dans sa façon d’aborder les gens, ses questions surprenantes ( « Qui est Euripide ? » ) voire dérangeantes, son manque de pudeur dans sa relation avec les autres, entrant chez eux presque par effraction, en trouvant cela parfaitement normal.



Ce n’est pas une personnalité qui m’attirait au départ, et pourtant j’ai eu envie de la suivre, de la voir s’éveiller aux autres, trouver un sens à la vie, tomber amoureuse. Elle s'oublie peu à peu dans sa rencontre avec les autres et se laisse porter par Venise, par les arts, le brouillard, la pluie, le chocolat chaud, les chats...



Je ne suis pas passée loin du coup de foudre avec ce livre que j’ai beaucoup aimé, par son atmosphère si particulière, impossible à raconter d’ailleurs, et qui me fait penser à Marguerite Duras. Qu’il s’agisse de la ville en hiver, de l’eau omniprésente, tout est intense et remue en profondeur, avec ces phrases courtes, presque lapidaires parfois, entre lesquelles des instants d’émotion pénètrent par effraction eux-aussi… La nostalgie est au rendez-vous…



C’est le premier roman de Claudie Gallay, et déjà l’envie de renouer avec ce style si particulier vient me titiller… comme la bonne odeur du chocolat, boisson dont l’héroïne abuse avec gourmandise…



Merci à Yzabel qui m'a fait découvrir ce livre et cette auteure

un lien pour découvrir Zoran Music

http://www.claude-bernard.com/artiste.php?artiste_id=62




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Avant l'été

Jess est rentrée chez ses parents, dans son village natal, après une séparation. Elle est toute jeune, avait quitté le nid, pris son envol pour la vie. Sans boulot, elle aide ses parents et sa grand-mère dans l’hôtel familial et erre comme une malheureuse la journée. Jess a pourtant retrouvé ses amies d’enfance et sa meilleure amie Juliette. Ce sont de toutes jeunes femmes qui vivent dans un village où tout le monde se connaît et où il n’y a pas de perspectives d’avenir. Le printemps est bientôt là, la fête du village aussi et les filles vont décider d’organiser un défilé de mode pour cette occasion. Se mettre en lumière devant les habitants, ce qu’elles n’ont pas l’habitude de faire. Jess nous raconte leur évolution dans la vie et ce projet, les premières rivalités et trahisons, la vie du village dans les années 80.



Le walkman dans la poche, les écouteurs vissés les oreilles, du Jeanne Mas à fond, des santiags aux pieds, mon Dieu où sont mes vingt ans ?! Juste une mise au point sur les plus belles images de ma vie.



Un roman léger, frais, à déguster avant l'été avec un brin de nostalgie et des tas de souvenirs.
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Avant l'été

J'avais réservé ce livre à la bibli, il y a des mois, et entretemps lu quelques-unes des critiques publiées, ici, donc je savais à quoi m'attendre. Mais, il y a des écrivains dont on continue à lire les livres, espérant retrouver le moment de grâce de la première fois. Claudie Gallay en fait partie, pour moi. J'avais commencé ma découverte de cette auteure avec Les déferlantes, livre qui m'avait séduite. Je n'ai hélas jamais retrouvé cet éblouissement, même si certains m'ont plu aussi.



Avant l'été, et même en attendant le printemps... Pour saluer l'arrivée de celui-ci, une fête est organisée. On y brule le pantin, bouc émissaire, symbole de tous les échecs, pour sortir de la grisaille, celle de l'hiver et celle des chagrins.

« Tout ce qu'on reproche à la vie, tout ce qui a fait souffrance cette année,le froid, la mort, les ennuis, les maladies, les mauvais comportements, les abandons, les trahisons, tout. Tout est de sa faute. La mort de Tonia Astré. L'abandon du chien. le cocufiage de Daval, sa mort dans le puits. Et le départ d'Antoine.

Avec le printemps qui arrive, la vie doit gagner sur le froid, sur la tristesse, sur le chagrin, sur la mort.

C'est ce que promet le feu.

C'est pour cela qu'on doit sacrifier. »



Et un concours est organisé : Jess et ses quatre copines, toutes âgées de 23 ans, vont y participer par un défilé de mode : trois tenues chacune et la robe de mariée pour terminer. L'auteure par la voix de Jess nous raconte les mois qui précèdent, les préparatifs du défilé, la vie dans cette petite ville où tout le monde connait tout le monde, où un mari cocu se jette dans un puits par honte, parce qu'il ne supporte pas les regards sur lui, où traine une bande de mauvais garçons, moins mauvais qu'il n'y parait, où une vieille dame, héritière du notable du coin, vient mettre un peu d'animation dans la vie de Jess.



C'est lent, très lent. Il ne se passe pas grand chose dans le livre à l'égal de la vie dans cette ville. Et pourtant j'ai fini par m'attacher à Jess. j'ai beaucoup aimé certaines pages, certaines de ses conversations avec ses amies, son mal-être. Dommage que ces pages soient perdues au milieu de beaucoup d'autres. le livre aurait gagné en force à être plus court, à mon avis.

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Les Déferlantes

Les déferlantes sont ces vagues, hautes comme des murs, qui frappent le littoral du Cotentin du côté de La Hague.



Ici vit un monde de taiseux où l’on jalouse le bonheur des autres au point de l'empêcher, où parfois les hommes ne finissent pas leurs phrases et où quelques mots en suspens suivis d’un silence disent beaucoup des secrets de famille que la mer n’a pas gardés.



Quant aux amours, elles sont faites du même bois. “Un amour fait de mensonges et de silence, avec des recoins et des non-dits tellement obscurs qu'on entend hurler la meute”.



Cela donne un rythme lent à l’écrit, avec quelques longueurs au milieu du roman.



Je ne suis pas un aficionado de ce genre de livre, type comédie dramatique de la vie.

Pourtant, j'ai suivi avec facilité et plaisir ces gens enracinés dans un cadre hors norme, bercé par les vagues.

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Claudie Gallay

Née à Bourgoin-Jallieu en ...

1941
1951
1961
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