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Critiques de Bernard Quiriny (303)
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Portrait du baron d'Handrax

Bernard Quiriny s’est bien amusé pour dresser le Portrait du baron d’Handrax. Il a rivalisé d’imagination et d’humour autour de son personnage - réel ? inventé ? – un homme excentrique au possible, qui ne travaille pas, ne se refuse rien car la fortune amassée par ses ancêtres lui permet de tout oser. Voilà un avantage que tout le monde n’a pas !

Est-ce que, en tant que lecteur, j’ai pris du plaisir avec ce livre ?

Question délicate. Le baron Archibald d’Handrax m’a souvent fait sourire mais m’a agacé aussi car certaines de ses aventures ou expériences me paraissaient tout à fait invraisemblables comme, par exemple, ces renifleurs de morts.

La vraisemblance n’étant pas le souci de Bernard Quiriny, le problème n’est pas là. J’ai donc oublié mes soucis pragmatiques pour me laisser porter par cette histoire complètement loufoque.

Alors, j’ai suivi le narrateur parti à la recherche d’un peintre méconnu : Henri Mouquin d’Handrax, village inconnu de l’Allier, peuplé de mille cinq cents âmes. Cet artiste oublié (1896-1960) a huit tableaux exposés dans le musée local. C’est là que notre narrateur apprend que le peintre a un petit-neveu vivant sur place, dans un château.

Ce petit-neveu, vous l’avez deviné, n’est autre que le fameux Baron dont une des manies est d’acheter toutes les maisons vides du secteur afin de conserver les traces du passé. Au total, il possède une quarantaine de demeures que François-Paul, le gardien du musée entretient régulièrement.

Visites au château, dîners avec le Baron et sa famille, détail de sa fortune, me voilà donc parti pour découvrir un personnage excentrique qui, cinq ou six fois par an, retourne vivre dans un internat religieux avec des gosses âgés de dix à quinze ans… Ce n’est qu’un autre exemple des caprices incroyables de cet homme comme ces dîners avec des sosies d’artistes ou d’écrivains vivants ou morts.

Les chapitres sont assez courts, ont tous un titre, ce qui a l’avantage d’annoncer la couleur et, le plus souvent, de m’intriguer ou de m’ennuyer aussi. De plus, c’est délicieusement écrit.

Les deux hommes se rencontrent régulièrement et deviennent amis. De temps à autre, l’auteur rappelle l’objet de sa présence à Handrax : les tableaux de Henri Mouquin mais cela est vraiment passé à l’arrière-plan, presque oublié.

J’ajoute que la vie matrimoniale du Baron est assez étonnante mais que tout se passe bien quand même. Alors, pour découvrir la vie d’un homme fantasque aux moyens illimités, lisez Portrait du baron d’Handrax, un livre que Lecteurs.com m’a permis de découvrir.


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Portrait du baron d'Handrax

Un pensum pour mon 200ème billet ?

Ce n’est pas le genre de la maison. Je préfère les écrivains qui allument les incendies à ceux qui soufflent les bougies avant minuit. Rien de mieux qu’un baron excentrique pour trinquer à la santé de Babélio.

Dans le genre perché, d’Handrax n’a pas grand-chose à envier au baron de Calvino. Un bonhomme qui organise des diners de sosies, qui envoie des cartes postales de chez lui sur les lieux de vacances de ses proches, qui randonne à reculons quand une antenne ou un panneau gâche la balade, qui fait cohabiter sa femme et sa maîtresse dans les deux ailes de son manoir ou qui collectionne les anecdotes, les maisons en ruine et les trains électriques, mérite le détour par les routes sinueuses de l’esprit. Le baron ne fuit que deux choses : le travail et le conformisme. Il y a pire comme allergies.

C’est en s’intéressant à un ancêtre du baron, un peintre méconnu dont les tableaux sortent rarement des réserves de musées de province que le narrateur fait la rencontre de sa vie et se transforme en scribe dévoué.

Bernard Quiriny devrait vérifier son ADN. A coup sûr, Marcel Aymé et Jules Renard ont fertilisé son arbre généalogique.

Ses récits ne tournent pas autour de son nombril ou d’autres recoins scabreux de son anatomie. Il préfère, comme ses aieux de plume, consacrer son œuvre à l’ironie du monde.

Jusqu’ici, j’avais trouvé les nouvelles de cet auteur meilleures que ses romans. Son inspiration débridée s’exprimait mieux en quelques pages, ses histoires manquaient un peu d’endurance à mon goût. Je ne peux d’ailleurs que conseiller la lecture de ses "histoires assassines", de ses "contes carnivores" ou de sa "collection particulière".

Avec ce livre, Bernard Quiriny a trouvé la formule magique. Il parvient à greffer ce qui aurait pu constituer une farandole de nouvelles disparates, à un personnage farfelu, chainon manquant de son imagination.

Cette histoire, pleine comme la malle d’une famille de quintuplés dans le désordre, n’est pas seulement drôle : elle transpire d’amitié, la liberté en bandoulière et fuit la modernité dans la campagne de l'Allier. Faut y aller.

Comme il ne fait rien comme les autres, Bernard Quiriny publie en même temps les « Carnets Secrets » d’Archibald D’Handrax, ceux que le narrateur aurait trouvé chez le baron après sa mort, compilation d’aphorismes, de pensées décalées… du genre :

« Ecrivains. Il se forçait à écrire tous les jours, n’importe quoi, pour ne pas laisser la chance de faire un chef-d’œuvre par accident. »

Si les personnages se mettent à écrire des livres en même temps que leurs auteurs, ma bibliothèque va rendre l’âme au diable.

Un plein d'idées folles.

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L'affaire Mayerling

A l’immeuble Mayerling, il ne fait pas bon y vivre. C’en est même effrayant.



Les poubelles débordent, empestent et attirent les rats.

Les fleurs dedans ou dehors crèvent.

Les cuvettes et baignoire débordent amenant une odeur pestilentielle.

La java chez certains voisins rend fou, du bruit à n’en plus finir.

Des hallucinations pour l’une, des problèmes alimentaires chez d’autres ou une haine farouche chez un jeune couple.

Même les animaux tantôt hurlent à la mort tantôt disparaissent sans crier gare.

Les fruits... l’un entreposé n’importe où, restait ferme et frais pendant deux semaines ; l’autre, conservé au Mayerling, devenait blet après deux jours. Les mites alimentaires proliféraient dans tout l’immeuble, colonisant buffets et garde-manger.



L’immeuble Mayerling semble hanté, maléfique, s’acharnant sur chaque habitant. Une énergie démoniaque déborde de cet immeuble. L’odeur décrite ici y est perceptible, la haine et la folie tout autant à fleur de peau. Un bon grand travail d’orfèvre dans la retranscription de l’atmosphère glauque de l’affaire Mayerling.



Avec un zeste d’humour, l’auteur décortique nos pires voisins et nos pires frayeurs en tant que propriétaire. Tout y passe au peigne fin. Difficile de classer ce roman tantôt surréaliste, d’horreur, absurde, humoristique, mais ce qui est certain c’est qu’on savoure les déboires des uns et des autres qui semblent pris au piège dans les murs du Mayerling.



De la construction de l’immeuble à son anéantissement, en moins de trois cent pages, on est plongé dans cette aventure immobilière désopilante. La troisième et dernière partie m’a un peu moins convaincue sinon j’aurai accordé un carton plein tant je me suis délectée durant ma lecture.



En espérant que vos voisins sont charmants et votre logement sain et confortable, je vous souhaite mes meilleurs vœux pour 2020.



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L'affaire Mayerling

Il faut reconnaitre qu'elle est jolie , la couverture de ce petit livre , non ? Un beau ciel bleu , un petit immeuble avec un accès direct à la mer , des transats installés sur la plage , et des gens , vraisemblablement les propriétaires , semblant deviser aimablement , au plus près de l'eau....Vision idyllique , vision édénique , sans doute pour ces gens , le rêve d'une vie .....Pourtant , malgré moi , une pensée s'insinue sournoisement dans mon esprit et vient perturber cette trop belle image d'Epinal...Ce bâtiment n'est - il pas trop près de la plage , les tempêtes ne vont - elles pas faire reculer la dune sur laquelle est bâti l'édifice ? " Mais non , voyons , a déclaré le vendeur , aucun risque ,de profonds piliers en béton assurent la stabilité de ce si bel ouvrage ...Votre bien est Indestructible et vous verrez , vos enfants et petits enfants en profiteront longtemps . Quant aux tempêtes....." Oui , c'est vrai , il est convaincant , tout comme ces belles affiches qui ont séduit tous les acquéreurs en un temps record .Pensez - donc , une telle occasion mérite de la réactivité . L'opération de communication , de séduction balaie les dernières hésitations. "Enlevez, c'est pesé comme on dit "



Pourtant , un " truc " ,oh , trois fois rien sans doute , me chiffonne : sur la couverture , elles sont où les générations futures ? Oui , bon , j'ai tort , le commercial m'a bien expliqué , le Mayerling " c'est " le casse du siècle " .Ah oui , alors là , ça c'est vrai ....Ça, pour le ( la?) casse du siècle , vous allez en découvrir des choses!!!

Et Bernard Quiriny de nous parler du chantier , d'une société inconnue , d' un chantier gardé par des vigiles à la mine patibulaire , d ' ouvriers " venus d'ailleurs , d'accidents " cachés "......" Ne vous inquiétez- pas " , " Ne vous inquiétez - pas"......a dit le dynamique commercial au costume - cravate...

Après, les gens emménagent , ravis puis , peu à peu....mais je laisse à l'auteur le soin de vous

guider de sa plume pour pénétrer dans un monde étrange , surprenant , noir , passer du rire aux larmes , de l'incrédulité à la stupéfaction . Finalement , on n'apprend pas grand chose qu'on ne sache , certes , rien dont on n'ait jamais entendu parler mais cela nous semble si bon , de voir les difficultés ...des autres dans un livre , pensez - donc , une fiction.........Et puis , il y en a des personnages , trop peut - être , mais la lecture est très facile , " pilotée " par des petits paragraphes plus ou moins courts mais " nerveux " et plein de bon sens.

Sous une forme particulièrement intelligente , Bernard Quiriny nous livre un conte moderne dont on ne peut pas vraiment dire qu'on sorte rassuré à la fin .Un livre dont le héros est un immeuble qui " malgré ses membres " de béton semble nous interpeller , nous mettre en garde....

Mais Gabin nous l'a bien chanté ce " Je sais , je sais , je sais ...." , ce célèbre leitmotiv universel , alors qu'on " ne sait jamais " et que le pire....Oui , mais le pire ..."Bon Dieu , mais c'est bien sûr !!!!!" Les Générations futures , les voilà ceux qui vont......on dit quoi ?

Un livre " petit " mais " costaud ".
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Contes carnivores

Quelle découverte, pour Horusfonck!

Dire que j'ai apprécié ces nouvelles, est en deçà de ce que je ressent.

Quiriny m'a transporté dans son imaginaire et ses fictions , en digne héritier de Chesterton, Chamber Morrow, Borgès et autres magiciens ... Du travail de haute-couture littéraire, à l'esthétique tellement soignée!

Je prendrai pour exemple, cette histoire de plantes carnivores qui me rappelle certaines séquences de L'énigme de l'Atlantide d'E.P. Jacobs ou de Tambo Tabou de Franquin...

Quiriny interroge et effraie, tout en restant urbain et bonhomme. privilège de l'écrivain assuré et déjà affûté.

Quiriny n'omet pas de nous présenter son personnage-clef (fétiche?) Pierre Gould et ses multiples singularités.

Maintenant, je vais chercher les autres bouquins du surdoué Bernard Quiriny!

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Portrait du baron d'Handrax

La réalité dépasse parfois la fiction et lorsqu’on découvre ce portrait élaboré par Bernard Quiriny, on ne peut que s’étonner de l’originalité de ce personnage hors norme, réellement côtoyé par l’auteur.

Sa fortune, ses demeures extravagantes , son goût pour les ruines, les trains électriques, les cimetières ou les langues rares en font une sorte de touche-à-tout excentrique et fascinant.



Chaque chapitre dévoile une de ses lubies, comme sa recherche continue de sosies qu’il convie ensuite à des dîners hauts en couleurs. Impossible de s’ennuyer avec ce personnage foisonnant.



On pense à Italo Calvino à la différence que l’auteur italien écrivait de la fiction fantastique. On imagine sans peine le baron d’Handrax traverser ses romans.



L’homme est également hors du temps, hors de la période contemporaine, qu’il connaît malgré tout, puisqu’il ne se prive pas d’exposer ses théories politiques ou philosophiques et de multiples anecdotes autour de ses rencontres de célébrités, hors sosies.



Le récit est très agréable à parcourir et complète la palette des talents d’écrivain de Bernard Quiriny, qui sait varier les styles et les thèmes avec brio.


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L'affaire Mayerling

Je ne regarde plus le robinet de ma cuisine de la même façon qu’avant, depuis que j’ai lu ce roman.

Il faut dire que j’ai passé quelques heures angoissantes parmi les habitants d’un nouvel immeuble, le Mayerling (rien à voir donc avec le drame de Mayerling de 1889, j’en connais qui auraient fait le lien dès l’énoncé du titre).





Alors là, c’était angoissant, mais jubilatoire ! Quelle ironie de la part de cet auteur belge Bernard Quiriny !

Effectivement, il s’est déchainé contre notre civilisation du béton et ses chantres : les architectes, les promoteurs, les agences immobilières aux noms mystérieux et leur attirail d’affiches aguichantes et mensongères.





Mais son énervement a pris la forme d’une fable jouissive, présentée en trois parties.

La première met en scène le contexte de ce 21e siècle bâtisseur, non de cathédrales mais d’habitats collectifs. « Le phénomène est général, et touche la plupart des résidences modernes construites à la va-vite avec des matériaux défectueux : vos voisins, spécialement ceux du dessus, sont vos ennemis. Leurs murs prolongent les vôtres. Leur tuyauterie se raccorde à la vôtre. Vous les appelez vos voisins, mais la vérité, c’est qu’ils habitent avec vous. Eux et vous n‘êtes pas les habitants séparés de deux logis distincts, mais les copropriétaires uniques d’un ensemble unique, divisé fictivement par des murs chétifs et par une dalle en béton léger qui propage le bruit. Cela donne des envies de tuer ».

Partie très amusante à lire, très vraie, aussi !





La deuxième partie nous fait vivre des portions de la vie des nouveaux résidents de cette résidence « Mayerling », qui vont connaitre au fil des mois les pires souffrances : tuyauteries qui refoulent une eau noirâtre, bruit infernal de la part des voisins, et je vous épargne tous les ennuis domestiques cumulés et exponentiels. Même le mental de ces gens est touché.

Ce qui leur fait déclarer que l’immeuble est hanté par une présence maléfique. L’immeuble lui-même serait vivant.

Je me suis tellement mise à la place de ces pauvres gens que j’en ai fait un cauchemar.





La troisième partie nous montre la rébellion de ces résidents contre cette puissance de béton, et ils s’en donnent à cœur joie, enfin, ne parlons pas de joie ici, mais d’opiniâtreté, pour détruire leur possession.



Bref, ce roman fantaisiste en apparence pose les bonnes questions. Allons-nous calquer nos vies sur celles de nos voisins à force de vivre en promiscuité dans ces immeubles ? Le béton a-t-il une incidence sur le caractère et la façon de vivre ? Allons-nous nous faire bouffer par le béton ?



« Satire visionnaire de l’architecture inhabitable, du cadre de vie impossible », ce roman-fable fait peur. Et pourtant, j’habite à la campagne !



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L'affaire Mayerling

Bien curieuse affaire dont le présumé coupable à défendre ou pas est un immeuble! Une construction moderne, qui prend lieu et place d’une ancienne bâtisse extorquée, après des manigances obstinées, à son ancienne propriétaire. Déjà contesté avant même d’avoir surgi de terre, le bâtiment devient rapidement l’objet du malheur de ses habitants, ceux-la même qui s’étaient endettés pour acquérir le logis de leurs rêves. Rien ne va plus pour eux : les couples se déchirent, les isolés pètent les plombs et l’immeuble lui-même s’auto-mutile rapidement.



L’idée est plutôt plaisante. Cependant Toute cette partie où l’on assiste aux méfaits subits par les co-propriétaires est un peu longue et finalement attendue. D’autant que les personnages sont nombreux, (clin d’oeil ici à Perec) et l’on peut s’y perdre.



L’intérêt s’éveille lorsque l’auteur suggère l’origine possible de tous les maux, mais le fin fond de l’affaire a des allures de pétard mouillé.



On peut sourire à l’accumulation des situations conflictuelles, une sorte de condensé des possibilités de mésentente au sein d’un voisinage.

Et c'est un pamphlet contre la mégalomanie urbaine, qui attire toujours plus les foules , sans pour autant faire leur bonheur.





Un peu déçue donc, surtout en comparaison de Le village évanoui, beaucoup apprécié, il y a quelques années.
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L'affaire Mayerling

Si, comme beaucoup de Belges, vous avez une brique dans le ventre, la lecture de ce roman va vous la rendre particulièrement indigeste.



La résidence Mayerling est un immeuble à appartements de haut standing, fraîchement sorti de terre à Rouvières, paisible petite ville de province. Les candidats à l'achat et au bonheur immobilier se précipitent sur cette promesse de luxe et de modernité, de calme et de sécurité entre gens de bonne compagnie.



Un nid douillet, un rêve, qui va pourtant se transformer en taudis et virer au cauchemar.



Des voisins bruyants et irrespectueux, des fenêtres qui ne se ferment/ne s'ouvrent pas, la plomberie qui coule goutte à goutte ou à torrents, les sanitaires qui refoulent les horreurs censées y disparaître, les caves squattées par d'épouvantables malpropres sans-gêne, des garages où l'on peut à peiner parquer une trottinette, des poubelles qui ne sont pas collectées, et tout ce qui peut arriver de pire dans un tel habitat collectif, jusqu'à engendrer changements de comportements, fantômes, dépressions et violences.



Mais que se passe-t-il donc au Mayerling ?



Malfaçons, malversations, malédiction ?



Il semble bien qu'en l'espèce, le coupable soit (rien que ça!) l'immeuble lui-même. La vengeance du béton sur les humains, coupables de vouloir s'entasser dans des cellules empilées et semblables les unes aux autres ?



Quoi qu'il en soit, la créature se rebelle contre ses créateurs, et en l'occurrence le combat est titanesque. Un noyau dur d'habitants du Mayerling constitue une société secrète et entend bien mater le monstre par tous les moyens (oui, tous), quitte à déclencher une guerre destructrice, sans quartiers ni prisonniers.



Un immeuble maléfique, un cauchemar immobilier comme on espère ne jamais en vivre et qui tourne au drame, rien que du glauque et du terrible, et pourtant l'auteur en fait un conte fantastique cocasse et jubilatoire, bourré d'ironie. Il croque à merveille les relations de voisinage, les petites et grandes catastrophes typiques de ce genre d'immeuble, et il mène une charge virulente contre toute la chaîne immobilière, des architectes aux agents en passant par les promoteurs et l'administration de l'urbanisme.



Un roman addictif et jouissif, mais néanmoins angoissant quand on réalise que, dans ce type d'habitat, il suffit finalement de peu de choses pour que son "chez soi", censé être l'ultime abri, l'ultime refuge, devienne soudain inconfortable, insupportable, invivable.
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L'égoïste est celui qui ne pense pas à moi

Son oeuvre est immense : quarante tomes !

(…) « C’est un faux rêveur. Ou plutôt, un vrai rêveur, mais qui sait être un spectateur en même temps. D’un côté, il est retranché dans son palais de songe ; de l’autre, il se mélange à nous et s’amuse. D’où son monocle, qui ne cache qu’un oeil. »

(…) Régnier, homme secret, hanté, poète pur, fuit ses semblables ; mais en même temps comme homme d’esprit, il les cherche et les perce à jour. p 15



C’est ainsi que Bernard Quiriny nous présente, avant de nous offrir un florilège de ses maximes et de textes courts, cet auteur reconnu en son temps, rapidement tombé dans l’oubli dont il parvient parfaitement à partager avec le lecteur l’admiration qu’il lui porte.

Ce recueil de pensées et réflexions est composé d’aphorismes extraits des « Cahiers inédits », de Donc…, Demi-vérités et Histoires de femmes.

Il nous permet d’approcher les différentes facettes de la personnalité de Henri de Régnier : le poète, le mélancolique et l’observateur ironique et amusé de la société des salons littéraires qu’il fréquentent, les mardis de Mallarmé et les samedis de José Maria de Heredia par exemple.



Quant à ses réflexions sur les femmes où apparaît une certaine misogynie mais aussi l’amour qu’il leur porte, elles peuvent se comprendre au vu de ce qu’il a vécu en compagnie de sa propre femme Marie, deuxième fille de Heredia qui s’est mariée avec lui parce qu’il avait un peu d’argent alors qu’elle préférait Pierre Louÿs qui n’en avait pas. « pour se consoler d’avoir pris Régnier comme époux, elle a pris Louÿs comme amant » et suivront Edmond Jaloux, Emile Henriot, d’Annunzio etc… « Régnier endure ce comportement scandaleux avec sa noblesse habituelle ; il continue de l’aimer tendrement pendant qu’elle l’humilie et refuse le divorce pour ne pas ajouter au tapage. » nous dit Quiriny.



p 145 « Aimer les femmes implique que nous préférons le plaisir qu’elles nous donnent aux ennuis qu’elles nous causent. »



Ce petit volume, dont le titre « L’égoïste est celui qui ne pense pas à moi » donne bien le ton, est un bonheur de lecture, à garder près de soi. J’ai eu envie de mieux connaître Henri de Régnier après l’avoir croisé au détour du beau livre de Frédéric Martinez sur Paul-Jean Toulet « Prends garde à la douceur des choses » dont la lecture m’a également remis en mémoire le Journal de Léautaud qui relate avec son ton caustique, beaucoup d’anecdotes concernant tous les auteurs liés au Mercure de France et qui fréquentait les mêmes salons littéraires où l’on peut croiser entre autres Gide et Proust.



Quand Henri de Régnier nous relate : «  Mallarmé me parlait de la conversation de Théophile Gautier, cette conversation dont le renom est un regret pour tous ceux qui n’en ont pas entendu l’éloquence précise, cynique et truculente, car en cet homme doux, d’apparence placide, était contenue toute l’amertume du Poète …. », il semble qu’il pourrait s’appliquer à lui-même cette remarque.



Et l’on ne peut que conclure avec cette réflexion : « Il y a de la comédie dans tout livre de maximes, mais de la comédie réduite au monologue. Les répliques manquent. Du dialogue que nous poursuivons avec la vie, un livre de maximes ne nous donne que la moitié. Il est forcément incomplet. Une maxime a toujours raison. » p 74-75



Je vais continuer à voyager en compagnie de Henri de Régnier à travers l’«Altana ou la vie vénitienne » (1899-1924) et approfondir ma découverte de cette époque passionnante avec « Monsieur Spleen, notes sur Henri de Régnier » de Bernard Quiriny.

Car ce volume où mélancolie et gaieté se croisent et se répondent n’aura été qu’une mise en bouche…

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Portrait du baron d'Handrax

Le baron d'Handrax se livre doublement



Bernard Quiriny nous offre un délicieux canular littéraire en cette rentrée 2022. Il signe sous son nom la fausse biographie du baron d'Handrax et des carnets secrets signés par son personnage principal. De quoi doubler notre plaisir!



Le Baron d'Handrax est un original. Lorsque le narrateur le rencontre, c'est parce qu'il a beaucoup apprécié les œuvres de son aïeul, Henri Mouquin d'Handrax (1896-1960) qu'il a découvert dans un petit musée de province. Il a alors envie d'en savoir plus sur l'artiste. C'est ainsi qu'il a pu rentrer en contact avec cet homme aussi excentrique qu'attachant, qu'il a croisé en visitant l'une de ses nombreuses propriétés. Car l'une des lubies du baron est de racheter les anciennes propriétés dont personne ne veut, à condition qu'elles soient restées meublées comme à l'époque de leur construction. Ainsi, il peut s'offrir un voyage dans le temps. Invité au château, il a fait la connaissance de son épouse Hortense et de ses enfants Agathe, 7 ans, et Marcel, 11 ans. Ses deux autres enfants, Arthur, 15 ans et Corinne, 16 ans étant restés dans leur internat à Moulins. À l'issue de sa visite, il a droit à la découverte d'une salle particulière, plongée dans le noir et que l'on découvre de manière tactile, en tâtant la structure des matières exposées. Lors d'une autre visite, il découvrira son train électrique, installée dans une autre pièce, mais surtout la seconde famille du baron. Après que son épouse ait engagée Coralie, le baron l'a trouvé si séduisante qu'il l'a mise dans son lit avant de lui faire trois enfants, Amandine, Pierre-Yves et Antoine. Toute la communauté vivant en belle intelligence, sans vraiment se croiser pour autant.

Mais le sommet de ses excentricités consiste à organiser des dîners de sosies. Lorsqu'il croise quelqu'un ressemblant à une célébrité, il l'invite à condition qu'il accepte de passer au maquillage. C'est ainsi qu'un soir il s'est retrouvé à table avec Nietzsche, Samuel Johnson, Mme Récamier, le président Coty, Nikola Tesla, George Sand et Churchill. «Avec des personnalités venues d'époques différentes, on a l'impression de sortir du temps, d'avoir rejoint une quatrième dimension où les grands hommes de tous les âges et de tous les pays cohabitent.» Bien entendu, la conversation n'a rien n'a voir avec ce que les authentiques personnages pourraient dire, mais c'est ce qui plait au baron, tout comme la chasse aux sosies.

Et si vous pensiez en avoir fini avec les drôles d'idées, je dois vous décevoir. Les rendez-vous pour renifler les morts ou encore les promenades à reculons complètent le tableau. Mais laissons-là cette liste, même si vous en doutez bien, elle est loin d'être exhaustive et va convier aussi bien Eros que Thanatos, sans oublier la littérature, qui ne pouvait être absente ici. Parlons plutôt des trois grandes qualités de ce livre.

L'humour tout d'abord, omniprésent mais difficile à définir, entre ironie teintée de nostalgie et un peu d'autodérision qui font de cette fausse biographie un joyeux moment de lecture.

Ajoutons-y un style d'un agréable clacissisme, qui colle parfaitement au personnage vieille France de ce baron d'Handrax.

Enfin, et pour cela, chapeau bas Bernard Quiriny, ce roman pousse la supercherie littéraire au-delà de l'invention d'un lieu et d'une dynastie. Avec la complicité de son éditeur, voilà que paraît simultanément en poche un livre signé par le baron d'Handrax lui-même – et préfacé par Bernard Quiriny: «Je retrouve dans les pages de ces Carnets le Baron tel que je l'ai connu, avec ses traits de caractère, son ironie, son goût d'inventer, sa curiosité, son ton sarcastique, sa mélancolie, sa faculté d'émerveillement sa propension au dégoût, son conservatisme, son anarchisme, son pessimisme, son libéralisme son éclectisme et tous ses -ismes.

La baronne d'Handrax a bien voulu me permettre de le publier, et d'y ajouter cette préface; qu'elle en soit remerciée.» Du coup, on peut se régaler de ces aphorismes, vraies et fausses citations et définitions, de ces phrases qui rapprochent Bernard Quiriny des premières pages du roman de Frédéric Beigbeder, Un barrage contre l'Atlantique. Voilà en tout cas un double barrage contre l'ennui!




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Vies conjugales

22, v’là Quiriny !

Ne pas fuir. Au contraire, je me suis offert le menu « Dégustation » proposé par ce recueil. Comme dans beaucoup de restaurants étoilés, il n’y a pas grand-chose dans l’assiette mais la finesse des 22 nouvelles proposées rassasiera bien des appétits.

Bernard Quiriny n’a aucun lien de parenté avec Marcel Aymé mais nul besoin d'un test ADN pour valider une descendance littéraire.

Pas de passe-muraille entre chaque histoire, ni de risque d’électrocution dans la recherche d’un fil conducteur, chaque nouvelle tient à son indépendance. Il faut lâcher la prise, lâcher prise et accepter comme une évidence ce village dont les habitants ont cessé de mourir, ce bouleversement mondial qui pousse les humains à regagner leur lieu de naissance à l’approche de la mort ou ces cinq enfants sosies échappés d’un roman de Stephen King qui terrorisent une école.

Dans un autre registre, je ne me suis pas interdit de ressentir une sincère pitié pour cet homme qui se réveille chaque jour avec une nouvelle maladie et de la tendresse pour ce pauvre bougre qui répond toujours à côte des questions qui lui sont posées. Des réponses à contre-temps qui prennent la forme d’une poésie inconsciente.

Bernard Quiriny ne donne aucune explication aux phénomènes surnaturels qu’il introduit dans ses textes. Il ne décrit que les conséquences rationnelles du déraillement d’une loi physique sur un individu, un pays ou une société.

Et quand l’auteur ne franchit pas les frontières du fantastique, il nous fait voyager dans l’absurde.

L’association des sédentaires de Paris organise une course gagnée par celui qui s’éloignera la plus de la Capitale sans crise de panique.

Bienvenue aussi en Poménie, où deux ethnies partagent une Capitale sans jamais se croiser, même dans les escaliers. La nouvelle s’intitule Vivre-ensemble...

Dans Usus, Fructus, un couple achète une maison dans une île paradisiaque avant de découvrir que l’hospitalité y prime sur la propriété.

Quelques textes interrogent enfin la création littéraire. Que penser de ce livre dont le succès de la préface ombrage le roman qu’elle introduit ou de cet écrivain qui n’a rien publié de son vivant et planifie sa carrière posthume ?

Si les idées originales de Bernard Quiriny s’essoufflent parfois un peu dans ses romans ( « Les assoiffées » et « Le village évanoui ») après une centaine de pages, et que certains textes du recueil sont oubliables et oubliés aussi vite qu'ils sont lus, je trouve que son imagination foisonnante est taillée sur mesure pour les nouvelles.

En somme, plus une dégustation d'idées lumineuses qu'un gueuleton inoubliable.

« Vies conjugales », titre pluriel qui célèbre le mariage de l’absurde et du surnaturel avec le consentement lointain de Borges.



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Le village évanoui

Un petit village rural se retrouve coupé du reste du monde : plus d’arrivées, plus de départs, plus de communications. On est entre soi et passé les quelques jours de sidération, lorsque l’espoir d’un retour à la normale s’éloigne, la population n’a pas le choix : il faut s’adapter, s’organiser. Le recyclage n’est plus une philosophie : c’est un incontournable et les savoir-faire désuets (couture, menuiserie…) sont réhabilités. Bien entendu la solidarité initiale est mise à mal par des trublions asociaux. Mais grosso modo, Châtillon finit par tourner à peu près rond, jusqu’à ce que la lassitude tue les bonnes volontés…



L’isolement d’une petite communauté humaine, pour des motifs divers et variés est un thème récurrent et pas uniquement dans l’univers de la science Fiction. Ici on n’a pas l’impression que l’auteur soit allé au bout de son raisonnement. C’est court (218 pages), et cela aurait mérité plus de développement. Robert Merle avait exploité le sujet avec brio dans L’ile et dans Malevil,, analysant avec précision les mécanismes individuels et collectifs de la promiscuité. De même, à part quelques personnages, l’écrivain, le maire, le dissident, l’ensemble de la population reste indifférencié, et pour aucun on ne perçoit une évolution de leur personnalité face à la durée des événements.



Globalement la lecture est plaisante, mais on reste quand même un peu sur sa faim.
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Le village évanoui



Pourquoi ? Qui ? Comment ? Combien de temps ? Que faire ?

Toutes ces questions tournent en boucle dans l’esprit des habitants de Chatillon en Bierre depuis le 15 novembre 2012 où ils se sont retrouvés isolés dans leur village coupé du monde.

Les voitures calent sur la route, les communications avec l’extérieur (téléphone, mail, satellite) sont coupées et lorsque les gens tentent de sortir à pied du village, un phénomène inexpliqué les fait errer indéfiniment sur la même route qui ne mène nulle part, ne leur laissant comme possibilité que de revenir sur leurs pas pour rejoindre Châtillon.

Passé l’étonnement amusé des premiers jours, l’inquiétude commence à envahir les habitants. Le maire prenant la situation en main se heurte à bien des obstacles face à ses administrés.

Dans ce roman grave et drôle à la fois, l’auteur pose le problème du « vivre ensemble », de la solidarité, de notre relation aux médias.

Une lecture agréable même si la fin m’a semblé un peu incertaine.











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L'affaire Mayerling

Cocasse et pourtant si juste, farfelu mais révélateur de la société actuelle, voilà un livre jubilatoire!



J'ai adoré la façon dont l'auteur nous présente cette fameuse histoire. Mayerling n'est ici qu'un lieu d'une ville quelconque, en France. Le narrateur-témoin, passionné comme son ami Braque par les argumentaires de vente des agences immobilières, décide de nous raconter le naufrage des acheteurs d'une résidence de standingue, comme dirait Braque: Mayerling.



Aussitôt arrivés, les propriétaires voient leur vie se désagréger, tout se fissure, comme les murs. Et je ne parlerai pas de ce qui coule chez les malheureux Lequennec! Ni de ce qu'il se passe dans les caves...



Ce qui commençait comme" La vie mode d'emploi" de Perec, une radiographie sociale d'un immeuble", prend ensuite des allures de roman fantastique, où la" bête" veut dévorer les habitants, qui fait penser à " La métamorphose" de Kafka.



Dans un dernier round, qui triomphera? Le béton ou l'humain? Découvrez-le en lisant ce livre, qui pointe bien , sous son aspect si drôle et caustique, les méfaits de l'urbanisation à outrance. Je me suis un peu lassée, au fil du texte, mais j'ai passé un très bon moment!
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Monsieur Spleen : Notes sur Henri de Régnier,..

Aujourd’hui presque oublié, Henri de Régnier a connu son heure de gloire de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1930. Qui d’autre que Bernard Quiriny pouvait mieux le rappeler à notre bon souvenir avec cette excellente biographie datant de 2013 et elle-même peu connue des lecteurs du XXIe siècle ? Quiriny nous a gratifié quelques années plus tard d’un livre truculent, riche en trouvailles sur un certain Baron d’Handrax, inventé de toutes pièces par Quiriny lui-même. Ce Baron avait des habitudes et des idées saugrenues qui font bien sourire et je ne peux qu’en recommander la lecture de ce livre insolite aux Babeliotes.



Mais il sied aussi de se demander si le livre sur le Baron d’Handrax aurait vu le jour si Quiriny ne s’était pas penché sur la vie et l’œuvre de Régnier. On peut en effet trouver bien des similitudes entre cet écrivain désuet et ce personnage farfelu imaginé par Quiriny.

En choisissant d’écrire la biographie d’un auteur oublié, Bernard Quiriny a jeté son dévolu sur un homme qui n’aurait plus sa place dans le monde actuel. Pire, Henri de Régnier peut être considéré comme l’un des derniers représentants de la vieille école tant littéraire que mondaine, et c’est plutôt en cette qualité qu’il est entré dans l’histoire, et non pas pour son œuvre.

Pour tous ceux et celles qui souhaitent se replonger pour quelques heures dans le Paris de 1900 et les auteurs de cette époque, je ne peux que recommander cet ouvrage bien documenté de Bernard Quiriny.
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Le village évanoui

Un beau matin d'automne, ils sont coupés du monde!

Plus personne ne sort, plus personne ne rentre...



Pour le canton rural de Chatillon-en-Bierre, la réalité ressemble à de la science fiction.

Les habitants se retrouvent coincés dans un huis clos campagnard, démunis de tout progrès technologique devenu indispensable, confrontés à des questions insolubles de ravitaillement, de carburant, de chauffage, et plus largement de salaires, de sécurité, de santé et de loisirs (plus de télévision, plus d'Internet).



Et pas question de dire: "Mais que fait l'Etat?"

En dehors d'un maire dépassé et de gendarmes inutiles, ils sont tous seuls, en autarcie pour gérer leur micro société, hors du monde civilisé qui n'existe peut-être plus. Il y a de quoi perdre les pédales!



En corollaire, l'indispensable survie fait resurgir des talents pratiques oubliés (Tiens! nos anciens servent à quelque chose!), les agriculteurs sont les rois du pétrole vert (Tiens! ils sont moins bouseux, d'un coup!) les jardins d'agrément deviennent potagers, les marcheurs ou deux roues redécouvrent leur campagne (Tiens! il y a une forêt près de chez nous!), les métiers manuels ont la cote ( à quoi ça sert un intellectuel?), et le curé fait salle comble à l'église (ca peut toujours servir de se mettre bien avec le Seigneur...)



Fatalement resurgissent des questions pratiques ou philosophiques de propriété, d'entraide, de justice, de partage des richesses sous concept de collectivisation, de hiérarchie politique, fût-elle dictatoriale. Encore plus largement se pose la survie de l'espèce dans un espace réduit.



Un conte social décalé, amusant dans sa forme, accrocheur pour une réflexion sur notre société "tout" technologique, hyper communicante, tendant vers la mondialisation.

Un livre qui m'a laissée un peu sur ma faim par une approche impersonnelle des destins individuels et une dernière partie qui s'essouffle un peu.



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Une collection très particulière

Merveilleux !

Gould est un ami de l’auteur, collectionneur de livres étranges, il possède dans sa bibliothèque quelques sections de livres improbables aux surprenantes particularités : littérature de l’ennui, livres gigognes, livres reniés par leurs auteurs, livres à lire en tenue correcte, livres de cuisine avec des plats irréalisables, livres piles qui fournissent de l’énergie et encore d’autres bizarreries littéraires. Les visites dans sa bibliothèque alternent avec des visites touristiques dans des villes assez spéciales, et des récits fantastiques, entre la science fiction et le merveilleux. Il y évoque des thèmes hétéroclites : les résurrections en masse, la liberté de s’appeler comme on veut, l’échange des corps pendant l’amour, la jonction problématique de réalités parallèles, l’expansion inexpliquée de la surface du globe et la découverte d’un élixir de Jouvence.

C’est une suite de petites rubriques réparties en trois catégories, l’alternance de ces récits forme un tout, plus proche du roman que du recueil de nouvelles par son rythme régulier, le retour des différents genres en alternance. Toutes ces petits histoires vantent le plaisir de lire, le plaisir des choses sans importances, les plaisirs de l’imagination, c’est un fantastique à la manière de José-Luis Borgès ou Julio Cortazar, et de quelques autres écrivains rêveurs que j’adore, je pense en particulier au trop méconnu Peter Bichsel.

Un livre pour les amoureux… des livres.
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Les assoiffées

Dans le cadre du Challenge ABC, la lettre Q me cause quelquefois du fil à retordre. Je ne possède en effet pas dans ma Pal (pourtant assez monstrueuse) de livre dont l’auteur correspond à ce critère . J’avoue avoir un peu choisi au hasard ce livre et cet auteur. Bernard Quiriny a attiré mon attention chez mon libraire car son nom commençait par la lettre que vous savez. Je ne le connaissais absolument pas, je dois le reconnaitre… La quatrième de couverture m’a suffisamment interpellée pour que j’arrête mon choix définitif sur ce livre.

Le postulat avait tout pour m’attirer et me plonger rapidement dans cette lecture. La Belgique est devenue le pays le plus mystérieux du monde. En effet, dans les années soixante-dix, un putsch a mis à la tête du gouvernement belge une féministe pure et dure. Cette dernière, surnommée La Bergère va mettre en place des mesures qui vont faire de ce pays un endroit complètement dominé par les femmes. Isolé depuis plusieurs décennies du reste du monde ( et de l’Europe), un grand évènement se prépare : pour la première fois, un groupe de personnes étrangères vont avoir l’honneur de visiter ce mystérieux pays. Ce sont des journalistes français qui vont avoir le droit à une visite guidée ( et très dirigée ) de cette Belgique.

En alternance avec le récit mettant en scène ce groupe de journaliste qui va découvrir une image de la Belgique plutôt cadrée, nous allons suivre l’histoire d’Astrid, jeune infirmière belge. A travers son histoire, la réalité de ce qui se passe réellement dans ce pays est d’autant plus frappante. Ici, pas de fioritures, la belge moyenne survit dans un monde plein de contraintes…

Et les hommes ?? Oui, où sont les hooooommes ?? Car après tout, c’est bien ce qui nous intéresse, quel est le sort réservé à la gente masculine dans ce pays si extrémiste ? Eh ben, comme dans tout état totalitaire, le sort réservé à ces messieurs n’est guère enviable, il faut le dire… Ils sont complètements assujettis aux lois misandres de cette société qui ne donne pas vraiment envie…

L’histoire a été intéressante à suivre. La découverte à travers le journal d’Astrid des arcanes du pouvoir dans ce pays a été édifiante. Lors de cette lecture, je n’ai pu m’empêcher de faire plusieurs parallèles. Le premier, bien sûr, avec un état totalitaire qui se voulait aussi très ouvert, à savoir l’URSS de Staline et compagnie.

J’ai aussi fait le lien avec un autre livre qui traite du pouvoir entre les mains des femmes. Je parle de l’excellent Les hommes protégés de Robert Merle.

En conclusion, je dirais que même si je ne crie pas au chef-d’œuvre, avec ce livre j’ai passé un bon moment de lecture avec ces Assoiffées…



Challenge ABC 2017/2018





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Le village évanoui

Grosse déception : après avoir lu récemment de Bernard Quiriny “Une collection très particulière”, et qui m’avait ébloui, pour son surréalisme, sa poésie, son imagination, je m’attendais encore à une belle surprise avec un récit de science-fiction de cet auteur.

Un canton de la France profonde se retrouve isolé dans une bulle impalpable, totalement coupé du reste du monde. Il nous propose un mélange entre la tension de “Dôme” de Stephen King et la légèreté rurale et l’univers des petites gens ordinaires de Marcel Aymé. Mais la fusion ne prend pas, je n’ai trouvé ni les qualités de l’un ni les qualités de l’autre et encore moins ce qui m’avait tant plus dans “Une collection particulière”, l’humour léger et la fantaisie poétique. Je suis arrivé au bout sans avoir ressenti la moindre émotion, l'anticipation ne va jamais assez loin, les aspects politique et psychologique ne sont pas très originaux et peu approfondis, et la fin ouverte fait un effet flop.

Être passé d’un livre merveilleux à un livre aussi quelconque du même auteur, c’est le sentiment de déception qui prédomine. Cependant, je ne compte pas m’arrêter sur un échec avec lui, je reste persuadé qu’il doit y avoir d’autres perles dans son univers.

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