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Citation de clairemarquez75


Il était 19h58, et les terrasses de la Plaza Mayorde Salamanque étaient noires de monde malgré le froid, peuplées de grappes d'étudiants et de touristes.
Assis au milieu d'eux, emmitouflé dans son manteau d'hiver, Salomón Borges se réchauffait à l'aide d'un carajillo- du café brûlant additionné de brandy, de sucre et de cannelle -tout en admirant la place illuminée. Un vrai décor de théâtre. L'une des plus belles places d'Espagne, avec ses arcades, ses colonnes, ses rangées de balcons et ses médaillons reprenant les bustes de Rodrigo Díaz de Vivar, plus connu sous le nom de Cid, d'Isabelle et Ferdinand, les Rois très catholiques, de Charles Quint ou encore d'Hernán Cortés et de Francisco Pizarro. Autrement dit, conquêtes, meurtres, colonialisme... Une civilisation dont les briques étaient des cadavres et le ciment du sang. Comme toutes les civilisations depuis la nuit des temps, se dit-il. Est-ce que les civilisations arabe et ottomane n'avaient pas alimenté les marchés aux esclaves pendant des siècles ? Est-ce que leur première préoccupation n'avait pas été de massacrer gaiement leurs voisins ? Est-ce que les Japonais à Nankin ou les groupes armés de la deuxième guerre du Congo avaient été moins cruels que les envahisseurs occiden- taux en recourant massivement à la torture et aux viols collectifs ? Est-ce que les Occidentaux ne s'étaient pas également massacrés entre eux plus d'une fois ? La stratégie qui consistait à faire porter tous les torts à l'ennemi pour justifier ses propres crimes était vieille comme le monde.
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