Autre routine médiatique, tellement systématique qu’elle tend à devenir la norme dans nombre de reportages : (re)couvrir les journées de mobilisation et de manifestation en se focalisant sur les désagréments qu’elles vont occasionner. Embouteillages prévus, trains qui ne partiront pas, quartiers à éviter – et « galères » diverses glanées sur le terrain par des envoyés spéciaux compatissants – envahissent les ondes et les écrans. Le détail des conséquences néfastes des grèves, sujet inépuisable, « facile » et dépolitisé, se substitue avantageusement à l’exposé de leurs causes. (...) Ainsi, entre les routines journalistiques qui tendent à le dénaturer et les commentaires qui s’efforcent de le délégitimer, un mouvement social a toutes les chances de ressortir en miettes de la moulinette médiatique.
Débat
Se dit notamment des sessions de papotage qui réunissent autour d'une table l'élite pensante des "experts" et "éditorialistes".
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À travers leurs sorties outrancières, les maîtres-penseurs du cirque médiatique dressent d'eux-mêmes un portrait accablant. Et livrent parfois, comme dans cet éclair de lucidité d'Ivan Rioufol, le fin mot de leur hostilité : "Ce que veulent les écologistes les plus radicaux, c'est un changement de société" (CNews, 23 sept.). Car c'est bien le discours politique et "radical" de Greta Thunberg qui les a mobilisés. Ce que dit aussi, à sa manière, Apolline de Malherbe (BFM-TV, 24 sept.) : "Parce que Greta Thunberg a changé. [...] Elle a eu hier un visage extrêmement dur. Et des expressions très dures, elle disait : " Comment osez-vous ? "avec une virulence assez intense. [... ] Elle passe à l'attaque donc c'est normal que le gouvernement se défende." Et que les chiens de garde montrent les crocs. (192)
Pagaille
Se dit des encombrements un jour de grève des transports. Par opposition, sans doute, à l'harmonie qui règne en l'absence de grèves.
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