Un an après avoir lu les deux premiers romans des Futurs Mystères de Paris (La balle du néant et Les Ravisseurs Quantiques), je me replonge avec délectation dans l’univers décalé de Roland C. Wagner avec L’Odyssée de l’espèce, la troisième aventure de Tem. Cette troisième enquête met en scène un meurtre au sein du même centre de recherche scientifique que celui du premier roman et Tem va très vite se retrouver dans de sales draps… mais ce sera aussi l’occasion de découvrir ce qui se cache derrière la Grande Terreur Primitive et la fameuse psychosphère.
Le début du roman est un peu déroutant car l’intrigue ressemble beaucoup à celle de La Balle du Néant : un scientifique du CRES est assassiné, l’arme du crime est introuvable et le motif du meurtre ne saute pas aux yeux. On se demande alors ce que l’auteur a en tête et pour quelle(s) raison(s) il nous sert une intrigue aussi familière. Mais au fil des pages, l’histoire devient véritablement singulière et cette gêne disparaît.
On retrouve les personnages truculents des premiers romans (l’acolyte numérique révolutionnaire Gloria, l’ami fumeur de joints Ramirez, le parrain gourou de secte Ludwig, etc.) et on en découvre d’autres tout aussi hauts en couleur, preuve que Roland C. Wagner a un véritable don pour donner vie à des personnages aussi loufoques qu’attachants.
Si le roman démarre de façon analogue aux deux précédents, il se démarque par une enquête beaucoup plus théorique et abstraite. En effet, il est question de la psychosphère, de la Grand Terreur Primitive. Sans en révéler les détails, on y retrouve une forte influence de la pensée de Carl Gustav Jung et notamment des concepts d’archétypes et d’inconscient collectif. Il n’est cependant pas nécessaire d’être diplômé en psychologie jungienne pour comprendre l’intrigue du roman, fort heureusement. Roland C. Wagner adapte ces concepts à son univers et s’affranchit très probablement d’une bonne partie de leur complexité originelle. Bien que le développement de l’histoire semble un peu nébuleux par moments, tout finit par prendre du sens et s’éclaircir. À nouveau, l’auteur démontre sa capacité à créer une intrigue très touffue, en apparence sans queue ni tête, puis à s’en sortir avec brio en démêlant tous les nœuds et en débouchant sur des explications tout à fait satisfaisantes.
L’ambiance de ce troisième roman est beaucoup plus sombre que les deux précédents. Bien que l’humour est toujours très présent, le ton y est plus grave et les enjeux plus importants. Les contours de l’univers des Futurs mystères de Paris se dessinent avec beaucoup plus de netteté et révèlent une dimension philosophique très intéressante.
L’odyssée de l’espèce est donc un roman ambitieux. Il possède les atouts des premiers romans tout en gagnant en profondeur. Je l’ai beaucoup apprécié et je continue donc de recommander la lecture des Futurs Mystères de Paris pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore.
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