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La Trilogie (Samuel Beckett)

Série de 3 livres (Terminée). Écrite par Samuel Beckett (3),
La Trilogie : Molloy (1951), Malone meurt (1951), L'Innommable (1953).

Molloy par Beckett
Samuel Beckett
4.10★ (1136)
tome : 1
Malone meurt par Beckett
tome : 2
L'innommable par Beckett
tome : 3

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L'innommable

Il y a des lectures qui vous hantent, qui vous retournent comme une chaussette, qu'on ressasse longtemps après les avoir terminées.

Je dirais que celle de l'innommable est de cet acabit.

Déjà pas mal ébranlé par fin de partie, j'achève mon cycle Beckett encore plus déconcerté par le dernier anti-roman de sa trilogie...

Qui suis-je, où vais-je, dans quel état j'erre comme le disait si bien un célèbre humoriste à salopette rayée.

Que reste-t-il d'une histoire quand on l'a vidée de toute substance, quand rien ne se passe nulle part et avec personne? Rien. Le néant, le noir absolu, le silence d'avant le big badaboum, d'avant le verbe, les luminaires et tout le toutim.

Mais alors, la page devrait paradoxalement rester blanche? Ben non justement! Le narrateur, enfin ce qu'il en reste, du moins ce qui en sort, il s'est échappé de là. Les autres pouvaient pas le laisser tranquille dans son néant, bien pépère, il a fallu qu'ils l'extirpent de là, avec leurs mots à la con, parce que vagir ne suffit pas et paf! Le voilà exposé à la lumière de l'éclairage public, dans l'insupportable clarté du monde du dehors, à balbutier des trucs incompréhensibles, à tenter d'enfiler des peaux qui ne sont jamais à sa taille. Tiens si j'essayais Murphy? Non, trop voyant. Molloy peut-être, mais ça ne tient pas debout, à moins que Malone soit plus convenable..

Tellement à bout il finit par camper un homme-tronc dans une jarre tapissée de sciure qu'il faut vider de temps en temps...Quand même! Et puis finalement Worm, après l'homme-tronc, ça veut dire vers de terre, il me semble. Le personnage qui ne voit rien, n'entend rien, ne sait rien, (qui sait même pas jouer au flipper) c'est vraiment un jusqu'au-boutiste ce Beckett!

Moi qui croit toujours être un p'tit malin, j'ai bien cru repérer un système à trois zones. La clarté, ou blancheur, le monde extérieur, bruyant, verbeux, sans l'ombre d'un doute, celui des corps amputés qui se meuvent péniblement, des roses avec leurs épines, des mouches bleues que l'on gobe, des chiens errants...

Après ça, la pénombre, le monde intérieur, la vaste zone grise où évolue la pensée, dans le remugle des mots qui se préparent à être éructés.

Enfin, Le noir, le monde de l'ailleurs, le chaos primitif, le grand nulle part, le silence de la nuit, le rien infiniment dense.

Que vient faire la misérable condition humaine la dedans? Jetée en pâture dans l'existence, elle tente de coïncider vainement avec ce qu'elle n'est plus, pas, jamais, hantée par un trou béant qu'elle remplit de mots qui ne sont pas les siens et qui ressortent de l'autre côté aussi sec! C'est pas de la tarte.

Personnellement j'adore ça! Je suis peut-être bon pour l'asile.

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