Depuis plusieurs années, la mode est de rééditer les oeuvres cultes, importantes ou oubliées des éditeurs en grand format, ce que certains appellent des « Perfect ». FullMetal Alchemist fut l’une des premières ayant été LE titre qui a fait connaître et propulsé à la fois son autrice : Hiromu Arakawa et son éditeur vf : Kurokawa. Il était temps pour moi de relire ce manga dans cette belle édition.
Premier titre publié par l’éditeur avec Kimi wa pet lors de sa création, FullMetal Alchemist a aussi une place très particulière chez moi. Il est arrivé alors que je venais de finir le lycée et que je m’étais un peu lassée des shonen à la DragonBall qui pullulaient alors. Derrière un dessin très simple et sobre, très vite l’histoire avait montré une noirceur qui m’avait totalement charmée et une profondeur qui m’avait marquée, en dépit de l’humour omniprésent de l’autrice. Bref, ce fut un de ces chefs d’oeuvre immédiat. J’avais donc suivi fébrilement sa parution alors, me passionnant pour le destin des frères Elric mais je n’ai pas osé relire l’oeuvre depuis de peur de ne pas ressentir cette même vive émotion. Après avoir tenté le coup avec succès sur la belle deluxe d’Hikaru no go, il était plus que temps d’en faire de même ici !
Parlons un peu chiffons, ou plutôt objet. Avec son grand format et surtout son impression soignée, j’ai eu l’impression de replonger avec encore plus de force dans les noirs tourments de l’oeuvre. Les noirs sont très profonds. Les dessins profitent de ce nouveau format et nous avons les pages couleurs originales. Les couvertures sobres mais avec de beaux effets en vernis me plaisent. Il ne manque qu’une chose : un accompagnement critique… et c’est bien dommage v.v
L’oeuvre, elle, est toujours un chef d’oeuvre immédiat. Je continue à lire Hiromu Arakawa à l’heure actuelle mais comme Hotta et Obata avec Hikago, c’est FMA son oeuvre culte et je ne trouve pas qu’elle ait réussi à réaccomplir cet exploit depuis. Ici, dès les premières pages, on a une narration sobre mais percutante, une histoire sombre mais lumineuse, des personnages drôles et profonds, tout y est condensé. Les premiers chapitres, comme dans D.Gray Man, chez qui je trouve un grand écho (il est sorti quelques années après FMA et est toujours en cours), l’autrice nous invite à découvrir le monde des frères Elric à travers des petites missions qui peuvent sembler anecdotiques mais qui montrent déjà tous les rouages de leur univers et sa complexité. C’est à la fois simple et déjà très riche, amusant et déjà très lourd. La narration visuelle de l’autrice a la même efficacité avec une forte symbolique religieuse et un jeu d’ombres et lumière puissant. C’est assez bluffant. Puis vient LE chapitre que tous les lecteurs connaissent (un peu comme le fameux tome 13 de Berserk….) et là tout ce qu’on avait pressenti nous explose à la figure. Grandiose ! Il est dur de faire un meilleur démarrage que ça.
Mais de quoi parle FMA ? Parce que j’ai un peu oublié de le dire… C’est une quête au format qui peut sembler un peu classique, dans le plus pur sens du terme. En reprenant l’allégorie d’Icare qui s’est brûlé les ailes en s’approchant trop près du soleil, l’autrice imagine deux frères qui ont le malheur de perdre leur mère. Génie de l’Alchimie, cette « magie » qui permet des échanges équivalents, ils élaborent le projet de la ramener à la vie puisqu’ils connaissent la composition de son corps… Mais l’échange ne se passe pas comme prévu, l’un perd son corps, l’autre sa jambe puis son bras en voulant sauver son frère… Des années plus tard, toujours Alchimistes, ils parcourent les routes à la recherche de la pierre philosophale pour les aider à retrouver leur corps, tout en travaillant pour l’armée, l’un d’eux étant Alchimiste d’Etat. Mais l’armée et l’alchimie ne sont pas bien vues partout et la corruption règne.
Voilà l’histoire de départ. Quelque chose de classique, mélangeant diverses influences : bibliques, fantasy, politiques… Et à partir de cela, l’autrice va imaginer et construire peu à peu un récit de rédemption, un récit de quête, un récit de révolte aussi, qui va emporter le lecteur, le tout porté par un duo éminemment touchant et humain qui, dans sa jeune existence, va faire des rencontres bouleversantes l’amenant à élargir leur vision de la vie. Dans ce premier tome, il sera ainsi question de religion pour manipuler les foules, de puissants corrompus, de scientifique fou… Le sang et la fureur grondent entre les pages et nos héros bouillonnent aussi.
Le talent de l’autrice est de parvenir à faire un récit très entraînant et pas du tout mélodramatique de cela. Elle mêle pour cela, avec talent, l’émotion du duo des deux frères et de leur quête, avec un humour bien particulier qui lui est propre, et qui est à toute épreuve (perso, je l’adore ! notamment quand Ed disjoncte à cause de sa taille lol), avec des aventures humaines qui nous font voyager, dans un univers qui est une sorte de western steampunk. C’est plein d’inventivité et d’idée !
Chef d’oeuvre immédiat, le début la relecture de cette grande oeuvre du manga, m’a confirmé cela dès les premières pages. Nous avons ici une autrice au sommet de son art avec une narration sobre et efficace, un humour qui fait mouche, mais surtout une histoire très humaine qui se promet d’être complexe et riche en émotion, le tout dans un univers rappelant un western steampunk avec alchimie. Quelle originalité ! Je suis conquise ! ❤
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