Eh bien, quelle étrange, et pourtant jolie, découverte que ce
Mrs Dalloway, et je dois avouer qu'il y en a à dire sur lui.
Du point de vue de l'intrigue, il ne faut pas se mentir ni se voiler la face, alors non ! il ne se passe rien, ou quasiment rien ; certains passages semblent d'ailleurs bien longs et inutiles, mais en y regardant de plus près, c'est peut être eux qui donnent cette intensité, cette lumière, cette couleur si délicieuse et presque trop belle au reste du livre. Et puis, en dépit de cette évidente absence d'action, il faut avouer qu'émotionnellement parlant,
Mrs Dalloway est un ouragan, un ouragan dévastateur et terriblement bouleversant.
On ne peut ressortir de cette lecture sans trouble ! Et on comprend qu'à travers cette Clarissa Dalloway, il y a surtout
Virginia Woolf – il y a d'ailleurs beaucoup de similitudes entre la vie de ces deux héroïnes -, et puis à travers l'imperfection et la fragilité de cette femme, il y a toutes les femmes de l'époque mais aussi celles d'aujourd'hui, et inévitablement, elle nous renvoie à notre propre condition, notre propre personne, et l'on se voit nous et nos faiblesses. En tout cas, j'aime le pouvoir de la lutte féministe en littérature (peut être la seule qui me touche vraiment, et celle qui a le plus de sens à mes yeux), et à travers
Mrs Dalloway (et c'était d'ailleurs pareil dans
Une Chambre à Soi) les femmes sont vraiment remarquablement et subtilement mises à l'honneur, de quoi être vraiment fière d'être la paire de
Virginia Woolf et de ses héroïnes.
Mais ce qui est fascinant avant tout, c'est la mise en scène de la folie (dont on lui attribuera les symptômes) et surtout son obsession pour l'eau qui est un élément très présent tout au long du récit (ce qui est assez troublant quand on sait qu'
elle se suicidera - comme l'un des personnages qu'elle met en scène d'ailleurs, bien que différemment - en se laissant couler dans un fleuve…)
Un roman écrit avec grâce et à lire de toute son âme (mais pas l'aventurière, donc) et de tout son coeur.
A voir aussi, le film The Hours (qui aurait pu être le titre de
Mrs Dalloway !
Virginia Woolf a longtemps hésité entre les deux), servi par les trois magnifiques actrices que sont
Julianne Moore, Meryl Streep et Nicole Kidman (cette dernière jouant le rôle de l'auteure et ayant reçu l'oscar pour cette performance vraiment admirable). L'ayant vu avant de lire le livre, et ayant ressenti le même malaise lors de l'arrivée du générique de fin, je dois dire qu'il est vraiment réussi et fidèle à l'essence même du livre.