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Critique de adrock


J'ignorais complètement que le film de Peckinpah de 1971 était tiré d'un livre. Erreur réparée à la lecture de ce volume gagné lors d'une Masse Critique. Merci à Babelio et aux Editions Denoël pour cela !

Les Chiens de Paille (The Siege of Trencher's Farm en VO, titre autrement plus évocateur) nous raconte l'histoire de George Magruder, prof de littérature américain, venu s'installer dans le fin fond de l'Angleterre pour écrire un livre, mais aussi pour que Louise, sa femme anglaise, retrouve sa terre natale après des années de vie new yorkaise.
Le couple va mal, et ce déménagement ne fait qu'exacerber les tensions entre eux. George, l'intello américain maniéré et méprisant, n'arrive pas à s'intégrer dans le paysage rural anglais peuplé d'ouvriers rustres, grégaires et peu adeptes de la nouveauté.
Un soir de tempête, une enfant disparait. Quand George recueille chez lui le suspect n°1 après l'avoir percuté en voiture, les villageois viennent réclamer vengeance et justice. le siège de Trencher's Farm commence...

Ce huis clos sous la neige est nerveux tout du long de ses 250 pages. La tension ne fait que croitre du début à la fin et les conflits ne cessent de s'envenimer. L'écriture est incisive et sans chichis, elle va directement à l'essentiel. La première moitié s'attarde sur les difficultés du couple et l'(in)adaptation de George à son nouvel environnement. La seconde sera consacrée avec fracas à l'assaut à proprement parler.

Gordon Williams traite plusieurs sujets à travers ce récit : le choc culturel et social entre deux mondes bien différents, la masculinité et la violence. On peut également lui prêter l'intention de pointer du doigt le patriarcat, les méfaits n'étant ici l'apanage que des hommes.
La thématique de la civilisation contre la barbarie est centrale dans ces pages (oui, comme dans certaines nouvelles de Conan le Barbare).
George, souvent vu par sa femme comme faible et lâche, va peu à peu délaisser sa nature réservée pour céder à l'hystérie générale et se transformer en mâle alpha testostéroné. Pour être un homme, un vrai, faut-il fracasser des mâchoires pour protéger sa femme/fille/maison ? Est-ce que même le plus raisonné des intellectuels, dans certaines circonstances, peut succomber à la violence la plus extrême ? Et si oui, sommes-nous tous sujets (ou victimes) de cet instinct primaire ?
Voila les questions intéressantes (mais préoccupantes) que l'on se pose en refermant Les Chiens de Paille.

Deux films ont découlé de cette oeuvre, en 71 et 2011. J'ai préféré ce texte au film de Peckinpah, qui même s'il est efficace et finalement assez proche de ce qu'a écrit Williams, en rajoute une couche inutilement avec une scène de viol borderline. Je n'ai pas vu la seconde adaptation.
Récemment, je pense que As Bestas de Sorogoyen partage quelques points communs avec ce livre.

Pour conclure, ce fut une lecture prenante et marquante par les questions qu'elle soulève et le format "coup de poing" du roman.
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