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Critique de Pecosa


Surprise à la lecture des Chiens de paille, dont Peckinpah a fait un film de vengeance ultra violent dans la lignée de Délivrance, avec une longue séquence de viol qui suscita la controverse et dans certains pays, la censure. Williams a signé un roman très différent, même s'il dépeint la violence d'un groupe d'hommes exercée sur une famille.

George Madruger est un professeur américain de littérature venu s'installer avec sa femme et leur petite fille à Trencher Farm, ferme isolée des Cornouailles. Les relations entre les époux sont chaotiques, la Britannique Louise percevant son mari comme un homme faible à la virilité défaillante. Quant à leur petite fille, elle est malmenée à l'école.
La nuit de Noël approche, la campagne anglaise se couvre de neige. Lorsque la voiture des Madruger percute un homme en rase campagne, le couple le ramène à la ferme en attendant les secours. Or il s'agit de Henry Niles, un tueur d'enfants échappé de l'asile, que les villageois soupçonnent d'avoir enlevé la petite fille de l'un d'entre eux. Bien décidés à se faire justice, ils assiègent la ferme des Madruger, qui refusent de leur livrer Niles.

Gordon Williams dépeint avec la précision du plus sourcilleux des entomologistes, l'introduction d'un corps doublement étranger, un Américain exerçant une profession intellectuelle, dans une réalité spatiale très circonscrite marquée par une identité sociale forte, ancestrale, et patrimoniale. En envisageant un nouvel espace pour une nouvelle vie, Madruger n'a pas réalisé que les autochtones attachés à des traditions séculaires, et rétifs au moindre changement, pouvaient être incommodés par sa seule présence.
A cette dimension « ethnologique », s'ajoute la maitrise avec laquelle le romancier conçoit son intrigue. Il fait des Chiens de paille un remarquable western rural, dans lequel la ferme isolée devient peu à peu une sorte de Fort Alamo enseveli sous la neige, inaccessible aux secours bloqués sur les petites routes de campagne et assailli par une horde réclamant vengeance.

Contrairement à l'adaptation signée par Peckinpah, la violence n'est pas sexualisée, dirigée sur l'épouse, elle s'exerce comme une force extérieure vis à vis de deux hommes, le fou fugitif et celui qui lui donne asile. le lecteur s'interroge sur la nature primitive et l'instinct animal, sur les agneaux transformés en loups, se demandant de quelle manière les assiégés vont pouvoir résister à un triple danger, l'effet de meute, le péril en la demeure avec un prédateur sexuel blessé mais possiblement létal et un couple qui se déchire, en attendant l'hypothétique arrivée de la cavalerie.
Les Chiens de paille est un western rural et noir particulièrement réussi. Je remercie les éditions Denoël pour l'envoi de ce roman reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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