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Critique de Zazette97


Publié aux USA en 1911 et traduit en français en 1969, "Ethan Frome" est un roman de l'écrivaine américaine Edith Wharton, notamment auteure des romans "Le temps de l'innocence", "Les Boucanières", "Chez les Heureux du monde" ou encore des recueils de nouvelles "Les lettres" et "Le miroir".

Starkfield, Massachussets. Ethan Frome occupe une ferme en retrait avec sa femme Zenobia et sa parente Mattie Silver, chargée de prendre soin de cette maîtresse de maison aux maux étranges.
Alors que Zenobia se montre particulièrement dépensière, silencieuse et tyrannique, Mattie offre à Ethan la présence chaleureuse que lui refuse sa femme depuis longtemps, une oreille et une voix qui ont tôt fait d'égayer son quotidien.
Complices, tous deux finissent par éveiller la jalousie de Zenobia qui entend bien éloigner la jeune fille de son mari.
Ethan est-il prêt à affronter les foudres de Zenobia pour garder près de lui la femme qu'il aime désormais ?

Troisième rencontre avec Edith Wharton et je dois dire que j'ai davantage été conquise par ce roman que par mes deux précédentes lectures.
Sue le thème de l'amour impossible, l'auteure nous propose la terrible histoire de deux amants qui auraient bien mérité leur chance d'être heureux.
Mattie Silver est une jeune femme enjouée qui subit sans broncher les humeurs de son hôtesse qui malgré leur parenté, ne se montre en rien reconnaissante.
Zenobia reste sa seule famille et sans l'aide de celle-ci, elle n'aurait pas su que faire de sa vie.
Ethan est une malédiction à lui seul, sans cesse entouré par des femmes qui nécessitent son aide. Dans cette ferme qui l'a vu grandir, il a perdu sa mère, décédée des suites d'une lourde maladie.
Zenobia lui fut d'une aide inestimable à l'époque - chose qu'elle ne manque d'ailleurs pas de lui rappeler -, aussi songea-t-il tout naturellement à l'épouser. Mais voilà que son épouse devient à son tour étrangement souffreteuse.
En réalité, cette femme s'avère être d'une fourberie sans pareille et c'est non sans amertume que le lecteur découvrira, à l'issue d'une ingénieuse pirouette, que c'est finalement elle, la prétendue victime chétive, qui s'en sortira le mieux, au grand dam d'Ethan sur lequel le sort continue de s'abattre.
A croire que ce pauvre homme auquel rien n'est épargné se veut condamné à séjourner dans sa ferme, cloîtré avec des femmes qui instiguent en lui un profond sentiment de culpabilité.
Quelques années plus tard, un homme de passage revient sur les aléas de cette triste vie.

Voici une histoire tragique qui aurait pu trouver une fin magnifiquement triste à la façon de "Tristan et Iseult" ou de "Roméo et Juliette", sauf que...Edith Wharton est passée par là.
Elle nous offre ici un roman cruel sur la solitude subie, les ambitions et les amours empêchées, un récit construit autour d'un huis-clos dont les personnages recèlent chacun une part de mystère.
J'ai parfois songé à l'influence du roman gothique dans les abondantes descriptions de cette nature sombre qui semble attendre son heure comme dans le passage où Ethan, pris d'une vision fantomatique de son épouse, scellera son propre sort, condamné à vivre.
Bien que les passages dialogués fassent état d'un fossé culturel évident entre le narrateur et les protagonistes, le style élégant et incisif de l'auteure parvient à remettre ces derniers à leur juste place, en les dotant d'une intelligence émotionnelle qui nous les rend attachants.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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