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Critique de Melpomene125


La Vérité à propos d'Alice est un roman passionnant à l'atmosphère mystérieuse et sombre.

Douze ans séparent Alice Beckwith disparue en 1809 et Rachel Crofton, qui épouse en 1821 Richard Weekes dans l'espoir d'échapper à sa condition de gouvernante. Pourtant, un lien étrange les unit. Leurs visages sont similaires. Leurs destins parallèles vont se croiser à cause de cette ressemblance alors qu'elles ne se sont jamais rencontrées et ne se rencontreront jamais. Qu'est-il arrivé à Alice ? Cette interrogation majeure tient en haleine tout au long du livre et le suspense est très bien entretenu.

Katherine Webb fait voyager le lecteur à travers les époques et, peu à peu, les secrets sont dévoilés, les pièces du puzzle s'emboîtent les unes dans les autres jusqu'à la révélation finale. La construction du récit est habile et contribue à susciter l'intérêt et entretenir le suspense.

Le roman commence en 1803 où Alice et Bridget recueillent une enfant abandonnée qui a été maltraitée mais ne se souvient de rien, pas même de son nom. Alice la nomme Starling et veut l'élever comme si elle était sa soeur. Son «bienfaiteur », lord Faukes, donne son accord pour que Starling reste et soit formée par Bridget pour être une servante. le roman nous emmène ensuite en 1821 où Rachel, elle aussi orpheline, décide d'accepter la demande en mariage de Richard Weekes, un marchand de vins, car c'est la meilleure opportunité qui s'offre à elle. Ainsi, elle ne sera plus obligée d'être au service d'autrui. Elle sera maîtresse de maison. Richard est très proche de Mrs Alleyn, la fille de lord Faukes. Il lui doit l'essor de son commerce. Lord Faukes, qui demeurait dans son domaine à Box, est décédé et sa fille, Josephine, s'est installée à Lansdown Crescent où elle s'occupe de son fils Jonathan, un vétéran de la guerre d'Espagne. Blessé moralement et physiquement, le jeune homme vit reclus depuis que sa fiancée Alice a disparu en 1809. Elle se serait enfuie avec un autre. Starling, désormais au service de Mrs Alleyn, ne peut y croire. Persuadée que Jonathan a tué la jeune fille dans un accès de folie au retour de la guerre, elle veut se venger et fait tout pour le faire souffrir. Elle veut qu'il avoue son crime et se débrouille pour que Rachel soit embauchée par sa patronne à cause de sa ressemblance avec Alice. Rachel pénètre donc dans ce triste foyer pour faire la lecture à Jonathan car son mari, violent et aigri, a besoin d'argent pour payer des dettes de jeu et se sert d'elle. Intriguée, elle va tenter de percer les mystères de Lansdown Crescent et de Box où régnait lord Faukes, le «bienfaiteur » d'Alice. Elle se rapproche de Jonathan et l'aide à sortir de sa léthargie, malgré sa peur. Starling n'aurait-elle pas raison : et si Jonathan avait tué Alice ?

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui oscille entre thriller psychologique, roman policier et roman historique pour sa peinture des ravages de la guerre d'Espagne, des batailles napoléoniennes et de la déshumanisation, du déchaînement de violence qu'elles ont provoqués sur les soldats de tous les camps, sources de traumatismes difficiles à oublier. Un lecteur Babelio disait qu'il y avait dans La Vérité à propos d'Alice un savant mélange entre Jane Eyre de Charlotte Brontë et Rebecca de Daphné du Maurier. Je trouve effectivement que l'écriture est proche de celle des soeurs Brontë et plus largement du roman gothique anglais. le désir de vengeance de Starling et la folie apparente de Jonathan m'ont fait penser à Heathcliff dans Les Hauts de Hurle-Vent d'Emily Brontë. Comme chez les soeurs Brontë, on retrouve une évocation de la difficile condition des femmes (Anne Brontë La Dame du manoir de Wildfell Hall), sauf que dans La Vérité à propos d'Alice, la violence et la cruauté qui les menacent sont, selon moi, évoquées avec encore plus de puissance. Ann Radcliffe, fondatrice du roman gothique, avait écrit Les Mystères d'Udolphe mais ceux qui régnaient à Box et que Rachel va découvrir pour sa plus grande stupeur sont d'une noirceur bien plus effrayante en comparaison.
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