AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de xLalou


Avant d'aller dormir est une excellente surprise. Il me semble que c'est le premier vrai thriller (adulte, qui plus est) que j'ai lu, et ce ne sera certainement pas le dernier. Ce roman sombre, à l'écriture simple, parfois trop, a su me plonger dans son intrigue, et ce voyage plein d'incertitudes, de remises en question, de doutes et d'interrogations m'a irrémédiablement bouleversée. Encore maintenant, à l'instant où je tape ces lignes, mes pensées sont sens dessus dessous. Je sais que je n'oublierai jamais ce livre. Je sais avant d'aller dormir que son souvenir ne me quittera pas le lendemain, ne me quittera plus...

Au départ, je l'ai emprunté sans réelles attentes. Il était classé catégorie Adultes, mais j'avais beaucoup entendu parler de lui et il me démangeait tellement de savoir ce qu'il en résultait vraiment que ça ne m'a pas dérangée outre mesure. Je suis encore au collège, et alors ? me suis-je dit. Je savais que ce n'était pas du tout un problème, et que j'étais parfaitement apte à lire ce livre. Et puis, la couverture m'attirait. Sombre, noire, teintée de gris et de blanc... Aux couleurs du roman... Je n'ai pas su résister.

L'histoire prend donc place un matin de novembre. Nous sommes dans la peau de Christine, une femme de quarante sept ans (qui croit en avoir aux alentours de vingt), qui se réveille aux compagnies d'un homme - apparemment beaucoup plus âgé qu'elle - dont elle ignore l'identité. Tout de suite, c'est la confusion. Qui est-il ? Que fait-elle ici, dans ce lit, dans cette chambre qu'elle ne connaît pas ? A-t-elle vraiment couché avec un vieux, marié qui plus est ?
Mais non, la vérité, la sienne, est plus complexe que cela. Car Christine souffre d'amnésie. Une amnésie rare qui l'empêche non seulement d'accéder à ses souvenirs antérieurs, mais aussi d'en créer de nouveaux. le stockage de sa mémoire n'excède en effet pas plus de vingt quatre heures, si bien que chaque matin, Christine se réveille sans savoir qui elle est exactement (sa seule certitude étant d'être une jeune et célibataire étudiante), ce qu'elle a vécu, ce qu'elle a prévu de vivre. Mais pourtant, sa vie est déjà bien remplie. Et chaque matin, son mari, Ben, l'homme qui dormait à ses côtés, le lui rappelle. Lui dit qu'ils sont mariés. Qu'elle a quarante sept ans. Qu'ils s'aiment. Qu'elle a eu un accident, qui a causé sa perte de mémoire. Il la rassure, lui fait le tour du propriétaire, lui montre des photos de lui et d'elle. Naturellement, même si elle a un peu peur, elle le croit. Comment pourrait-elle faire autrement ? Puis Ben s'en va au travail, et quelques heures plus tard, un téléphone (le sien ?) sonne. Qui est-ce ? Ben ? Non. le Dr Nash. Son médecin neuropsychologue, qu'elle voit depuis quelques semaines sans en garder le moindre souvenir. Après un appel téléphonique rapide et un rendez-vous au café au cours duquel il lui explique les détails de son amnésie et lui témoigne son aide, le Dr Nash lui remet un journal. Son journal, qu'elle a commencé à écrire depuis leur première entrevue, dans l'espoir de progrès, afin de l'aider à mettre au clair les quelques souvenirs qui lui restent, et surtout, pour l'aider à ne pas oublier. Ceci étant, après être rentrée chez elle, Christine entame la lecture de ce qu'elle appelle "l'histoire de sa vie". Et là, le choc, formé par quelques mots, juste à la deuxième page, qui lui font froid dans le dos.
"NE PAS FAIRE CONFIANCE A BEN"
Pourquoi ? Pourquoi donc a-t-elle écrit ça ? Ben, si gentil, si attentionné, qui semble l'aimer, aux côtés de qui elle se réveille apparemment chaque matin... Est-il vraiment celui qu'il prétend être ? Sa vie est-elle réellement comme on le lui a décrit ? Ou la vérité de son histoire est-elle beaucoup plus sombre, plus complexe, plus horrible, qu'elle ne l'ait cru au premier abord ?
Seul son journal lui donnera les réponses.

Ce thriller psychologique haletant se divise en trois parties bien distinctes. La première, très courte (une quarantaine de pages), titrée "Aujourd'hui", dont je vous ai tiré les grandes lignes plus haut, puis la seconde, "Le journal de Christine Lucas", beaucoup plus importante (les 3/4 du livre environ) et enfin la troisième et dernière partie, nommée comme la première.
Tout de suite, j'ai été happée par l'intrigue et j'ai eu du mal à en ressortir. L'auteur nous entraîne presque avec perfection dans son monde, dans la vie de Christine racontée dans son journal. Je me suis grandement attachée à elle. Je l'ai comprise, j'ai éprouvé de la compassion à son égard, j'ai espéré sa guérison. C'est un protagoniste touchant dont j'ai aimé lire l'évolution. Par moments, sa naïveté et son manque de jugeote m'ont fait lever les yeux au ciel, mais d'une certaine manière, ils accentuaient le réalisme de l'histoire, du fait de son amnésie. Chistine semblait ainsi beaucoup plus réelle.
Assurément, et je m'y attendais, l'écriture est assez simpliste, mais franchement, ça ne m'a pas dérangé plus que ça. Dans un sens, j'ai même trouvé que cela rendait le récit beaucoup plus crédible. C'est vrai quoi, pourquoi une femme qui tient un journal pour elle seule s'embarrasserait de figures de styles, de belles tournures de phrases, de poésie en quelque sorte ? Et puis, même si l'écriture n'atteignait pas des sommets en perfection, elle avait le mérite d'être très entraînante et bien maniée. S.J. Watson tire les ficelles de son histoire avec une finesse de maître, et semble jouer de nous presque autant que de son héroïne. Il a su me faire douter, encore et encore, me pousser à bout, amener ma patience à ses retranchements. Je me suis posée des tonnes de questions, j'ai eu l'impression d'avoir décelé l'élément clé de l'histoire, puis j'ai senti mes certitudes défaillir, d'autres apparaître pour s'en retrouver elles aussi compromises. Comme Christine, j'avais l'impression de me tromper sur toute la ligne. Que quelque chose clochait. Il y avait tellement d'incohérences entre ce qu'elle avait retransmis dans son journal, les déclarations de son entourage et ses rares souvenirs dont elle était sûre de l'authenticité, quand bien même ils étaient éphémères... Entourée par les mensonges et en proie aux multiples désillusions, Christine cherchera à se souvenir, coûte que coûte, en sachant qu'elle n'en ressortira pas indemne. Tout est si opressant, troublant, et en même temps tellement excitant. J'agrippais mon livre et je ne voulais plus le lâcher, du moins pas avant qu'on n'ait répondu à ma question (pertinente, il faut l'avouer..) : Qu'est-ce que c'est que cet immense bordel ? !

Au fil des pages, le puzzle prend lentement forme et on se rend bien vite compte que Watson a donné une complexité rare à son histoire. Lorsque celle-ci touche à sa fin, je suis restée béate, choquée, tremblante. Les souvenirs prennent de la consistance, les révélations tombent, les événements s'enchaînent, la peur et la crainte s'installent. Et je comprends que j'avais faux, comme Christine. Faux sur toute la ligne. Et putain, qu'est-ce que j'avais peur ! Je vous jure, j'en avais le souffle court, les mains tremblotantes, le coeur battant, tant les détournements de situation m'ont prise de court ! Je crois n'avoir jamais ressenti de telles émotions vives et puissantes (la peur, l'angoisse, la crainte, l'appréhension, l'excitation, mélangées dans un cocktail explosif) lors de la lecture d'un roman !
Le livre se termine sur une note extrêmement belle, pleine d'espoir. Ce n'est pas un cliff-hanger, mais dans un sens, ça s'y rapproche. Et une question subsiste, parmi toutes, elle ne me quitte pas : Y est-elle parvenue... ? Je pense que oui. Je prie pour que ce soit le cas.
Un roman coup de coeur que je n'oublierais pas de sitôt, que je conseille à tous, même aux jeunes adolescents.
A lire Avant d'aller dormir, et je vous certifie que vous vous en souviendrez très nettement le lendemain, et même longtemps après.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}