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Critique de Des_Mondes_et_des_Mots


Même en connaissant l'écriture d'Herbjørg Wassmo dont j'ai absolument adoré la trilogie de Dina, rien ne me préparait à la déflagration des premières pages de "La Véranda aveugle" qui sont brutalement étouffantes tant la jeune Tora qui nous parle alors semble retenir de douleurs et de peurs en elle... Nous tremblons pour ce personnage que nous découvrons à peine, et cet attachement initial va nous permettre de tenir tout au long de cette lecture à la violence et à la beauté inouïes !

Dans un village oublié aux confins de la Norvège, Tora porte sur elle, sans le savoir, la marque de la trahison de sa mère qui a fréquenté un soldat allemand pendant l'Occupation, sauf que la jeune fille ne le sait pas. En plus des moqueries de ses voisins, elle est exposée au quotidien aux tortures d'Henrik, le compagnon de sa mère à la présence oppressante. Notre héroïne souffre de la honte, de la pauvreté et de la honte de la pauvreté, mais elle s'évade dans les histoires qu'elle invente.

J'ai eu un plaisir fou à lire les descriptions de la Norvège et de ses évolutions par Herbjørg Wassmo, d'autant plus qu'en y ayant vécu pendant un an, j'ai pu voir de nombreux témoignages de ce passé étonnamment proche. Bien qu'immense et avec une population peu nombreuse, le pays s'est constitué autour de petites communautés isolées les unes des autres par les fjords et les montagnes. C'est dans ce contexte si particulier que Tora grandit, quitte l'enfance, traverse l'adolescence, entre dans l'âge adulte, découvre son passé, s'éveille à la sensualité, se révèle dans la sororité. Ce livre est finalement un hymne à la force des femmes qui en peuplent les pages.
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