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Critique de Tricape


La sélection de moins de 300 lettres sur 15 000 connues (sur un total estimé à 40 000) a été faite pour ce volume par le directeur de la "Voltaire Foundation" de l'Université d'Oxford. Si on ajoute au caractère partiel de cet échantillonnage qu'il ne s'agit pas de la correspondance entre deux personnes inconnues du public et publiée post mortem, mais de lettres émanant d'un personnage aussi considérable que Voltaire, lettres parfois publiées par lui-même de son vivant, on pourrait mettre en doute la sincérité des sentiments exprimés. Il n'en est rien. le bonhomme est parvenu à une telle notoriété dans toute l'Europe qu'il peut dire haut et fort ce qu'il pense, qu'il écrive à un roi, une tsarine ou à son médecin. C'est précisément parce qu'il ne s'encombre pas de faux-semblants que les lettres proposées ici sont dignes d'intérêt.

La période couverte dans ce recueil va de 1704 à 1778, avec une densité accrue à partir de 1750. Nous avons là un balcon d'où nous pouvons observer le XVIIIe siècle. Rousseau, Diderot, D Alembert, le duc de Choiseul, la marquise du Deffand, Frédéric II et Catherine II ne sont que quelques uns parmi des dizaines de destinataires.

Voltaire respecte le "divin architecte qui a bâti cet univers" et "n'a pas dit [...] son secret à aucun de nous" ; il discute de Dieu en tant que "maître unique et infini de tout" versus celui qui a "le pouvoir de faire des être libres". Il donne son avis sur tout, par exemple en matière de lecture : "il n'y a de bon, ce me semble, que ce que l'on peut relire sans dégoût"ou encore à propos de la condition d'être un Français en pays étranger : "on ressemble à celui qui voulait bien dire à sa femme qu'elle était une catin, mais ne voulait pas l'entendre dire aux autres". Il donne des leçons qui restent d'actualité :"On peut écrire contre un philosophe, en cherchant comme lui la vérité par des routes différentes ; mais on se déshonore, on se rend exécrable à la postérité en le persécutant".

La lecture d'un tel corpus peut se faire en butinant, c'est-à-dire en entrelardant un roman contemporain entre quelques lettres d'avant la Révolution. Un ensemble remarquable de notes aide le lecteur à situer un à un les destinataires des lettres et le contexte dans lequel elles ont été rédigées. de plus, un index complet (41 pages) référence les principaux noms cités. L'obstacle que l'on pourrait rencontrer en butant sur une citation (latine le plus souvent) est aplani par la référence précise et la traduction offertes par l'éditeur.

Il y a beaucoup de cocasserie et de boutades dans ce volume, un grand nombre de sujets abordés, quelques mensonges (quand Voltaire prétend ne pas connaître un pamphlet qu'il a lui-même publié sous un pseudonyme), mais bien plus de perles que je vous laisse découvrir. Vous verrez, vers la fin du volume, que Voltaire n'en finit pas de nous dire qu'il va mourir ; pour notre plus grand plaisir il retarde cela au-delà des usages de son époque.
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