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Critique de Ellane92


Jacquemort est un psychiatre né de la veille. Vide, il cherche des gens à analyser, pour se remplir de leurs histoires. Il arrive dans un petit village dans lequel Clémentine est sur le point d'accoucher. En compagnie de Cul Blanc, la bonne, il la délivre de ses "trumeaux", des jumeaux, Noël et Joël, et de Citroën, à part. Il délivre également leur père, Angel, enfermé dans le bureau depuis deux mois par Clémentine qui, souffrant trop, ne voulait plus le voir.
Sur invitation d'Angel et Clémentine, Jacquemort reste un peu dans ce village si spécial, dans lequel se déroule la foire aux vieux, où les apprentis sont maltraités jusqu'à en mourir, et où le prêtre se bat sur un ring avec le Diable, son Sacristain. Et puis il y a la Gloïre, qui parcourt le ruisseau rouge et visqueux, repêchant entre ses dents toute la honte du village.

L'arrache-coeur ! Quel ouvrage fantastique nous livre Boris Vian avec ce livre, l'un de mes préférés de cet auteur ! Tout se déroule dans un village dans lequel la honte est annihilée, dévorée, digérée par la Gloïre. le temps s'y étire comme nulle part ailleurs ("octembre, déçars"), mâcher des limaces donne des pouvoirs magiques (les bleues permettent de voler), on montre l'amour que l'on porte à ses enfant en leur réservant le meilleur et en se réservant le pire, en anticipant toutes les catastrophes improbables, on vend ses vieux, on tue les enfants, et on casse la figure à tous ceux qui prononcent le terme de honte. Vian explore l'amour maternel de Clémentine, paroxystique, délirant et paranoïaque, les liens enfants-parents, le désir comme idéal de vie. Peut-on être femme et mère ? Jusqu'où aller pour protéger nos chères têtes blondes ? Vian en profite également pour nous livrer une critique acerbe de la psychanalyse, tout comme dans L'herbe rouge, si mes souvenirs sont exacts ; il n'y a qu'à voir le sens que donne Cul Blanc à ce terme ! Il critique de façon assez violente également la religion.
L'arrache-coeur allie un imaginaire extraordinaire à une écriture à la limite du surréalisme. Ou inversement. Un morceau de choix dans l'oeuvre de Bison Ravi !
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