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4,03

sur 227 notes
je n'ai pas été bien attiré par ce livre qui est pourtant une belle histoire
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Beata UMUBYEYI MAIRESSE nous offre là un magnifique ouvrage que je mettrais dans la catégorie "étude de moeurs". Je n'y cherchais pas un éclairage sur le drame rwandais qui n'est que la toile de fond du récit mais des personnages profonds en quête d'eux même. Bien m'en a pris. Trois générations se cherchent derrière des blessures profondes, derrière des non-dits, des secrets. Chacune en quête de son identité: identité en tant qu'individu mais également identité culturelle. Des coeurs en lambeaux se cherchent et veulent se reconstruire. Merveilleuse résilience ! Un superbe ouvrage qui mêle la quête des origines et la question de la transmission des traumatismes, à une réflexion sur l'identité métisse qui confère aux êtres une place ambiguë, ici entre l'Europe et l'Afrique, et que reflètent leur peau, leur langue et jusqu'aux noms, donnés ou choisis, chargés de double sens. En bref, j'ai adoré.
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Il est rare pour moi de suivre un écrivain dans sa progression. J'ai plutôt lu les écrivains quand ils étaient déjà renommés, et ne lisais ensuite leurs premiers romans qu'après avoir découvert leurs oeuvres majeures. Grâce à Babelio et à la Masse critique, j'ai pu découvrir Beata Umubyeyi Mairesse par son recueil de nouvelles Lézardes, qui m'a poussé à lire ensuite son premier recueil Ejo. J'ai pu ainsi découvrir une auteure au style précieux, qui a le talent d'exprimer le non-dit, le secret, les sous-entendus. Une écriture que j'aime à dire simple dans la complexité.

Lire son premier roman était donc une évidence, qu'un cadeau de mon épouse me permet de réaliser. Je m'y suis attelé, impatient de découvrir comment elle avait pu à la fois préserver et faire évoluer sa phrase dans un exercice au plus long cours.

Elle a tout d'abord eu l'intelligence de choisir un sujet autobiographique, car quand on affronte un exercice tel que le roman, il est plus simple de s'atteler au sujet que l'on connait le mieux. On sent que quelques détails différent de la vérité, on peut même en vérifier certains (Beata a fui le Rwanda à 15 ans, l'héroïne de son roman à 20). Elle nous permet ainsi de nous plonger dans l'imaginaire, tout en faisant de nombreux clins d'oeil à la réalité (dans l'analyse du nom kynarwandais de son personnage par exemple).

Ma plus grande attente (et donc forcément un peu crainte) était lié au style que j'avais adoré dans les nouvelles et que je souhaitais retrouver intact dans le roman. Là encore, l'auteure a su, en adoptant des chapitres "points de vue" où elle raconte l'histoire depuis le prisme d'un des trois personnages principaux - la grand-mère, la mère, le petit-fils - adapter sa narration pour préserver ses mots.

On retrouve donc cette danse autour du sens, qui utilise de nombreuses figures de style pour rendre l'innommable. Le roman est un peu construit en spirale, on ne fait qu'effleurer les sujets de loin au début, comme des endroits douloureux qu'il ne faut pas aller fouiller. La forme romanesque force l'auteure à finir par y aller plus en profondeur vers la fin, là où la nouvelle lui permettait de rester dans la suggestion. Mais on retrouve à chaque moment ces précautions, cette légèreté qu'elle a su diffuser dans ses précédentes oeuvres et qui restent pour moi sa marque de fabrique.

J'ai aimé aussi retrouver cette simple complexité dans les sujets abordés. En effet, du livre autobiographique d'une Rwandaise exilée, on serait tenté d'attendre un récit centré sur le génocide. L'auteure recadre son lecteur: la vie est bien plus complexe que cela. Toutes ces victimes du génocide ont eu une vie avant, et les rescapés ont une vie après, Ejo, (mot signifiant à la fois passé et futur en kinyarwanda) résume bien ce choix. Bien sûr que le génocide a tout bouleversé, mais rien n'était simple avant. Les sujets abordés sont donc multiples: la transmission, les rapports entre les générations, le racisme, l'identité, la recherche des origines pour mieux comprendre son histoire.

La simplicité est beaucoup plus complexe qu'on ne croit, la complexité finalement mieux retranscrite par la simplicité d'une phrase qui sait la saisir par des envolées poétiques qu'on ne sent pas arriver, et des retours à une dure réalité sans recherche de vengeance, sans animosité, avec simplement l'envie d'être un passeur de maux. Rien n'est totalement triste ou mauvais, comme la dispersion de ses enfants qui peuvent ainsi germer et donner de beaux fruits porteurs d'espoir.
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Excellent roman mêlant plusieurs thématiques, qui m'a touchée tant par la trame-drame du récit que par l'écriture de l'auteure, d'une grande délicatesse poétique.
Un grand oui à cette histoire qui nous fait revivre de l'intérieur la tragédie du génocide rwandais et les cicatrices indélibiles qui marquent le coeur de ce peuple résilient malgré tout. Un grand oui à ces personnages aux vécus lourds et douloureux, qui nous racontent leur coeur souffrant avec beaucoup de justesse et de retenue. Les liens familiaux, les héritages psychologiques, culturels, intimes, sont mis en mots avec pudeur et vérité.
Ce roman est le métissage de multiples sujets qui s'entremêlent les uns les autres de manière harmonieuse, chacun soutenant l'autre. J'ai l'image d'une belle tresse africaine, dense, épaisse, bien serrée, ornée de quelques perles colorées : une mêche de relations intergénérationnelles (relations mère-fille, mère-fils, grand-mère-petit-fils...), une mêche d'Histoire (le Génocide), une d'exil (en France, afin d'échapper à une mort probable), une énorme mêche de psychologie (culpabilité, remords, regrets, solitude,résilience, pardon,...), une plus culturelle (us et coutumes rwandais), le racisme (le sentiment d'exclusion ressenti par les métis, ni blancs ni noirs, se sentant exclus des deux communautés...), le retour aux origines, ...
Le seul petit point qui fait que l'ultime étoile reste grise est l'écriture. Quoi, me direz-vous, vous l'avez pourtant encensée il y a à peine quelques lignes!!! Oui, je ne me renie pas, j'ai adoré l'écriture de l'auteure, sensible, poétique, pudique... mais j'ai trouvé dommage que, faisant parler plusieurs personnages aux âges, cultures et âge très divers, elle utilise exactement le même langage, les mêmes formulations... ce qui est très crédible pour la grand-mère empreinte de la sagesse de l'âge, mais ne semble pas très naturel dans la bouche d'une jeune petit français pré-ado...
A lire le remue-coeur et l'ouverture culturelle et historique !
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L'histoire :
Blanche a fui le Rwanda à l'époque du génocide des Tutsi pour rejoindre la France en 1994, pays natal de son père. Là bas elle a fini ses études, rencontré un homme et donné naissance à un fils. Des années après son départ elle décide de retourner en Afrique pour rendre visite à sa mère Immaculata, survivante du génocide. Mais les non-dits et le passé douloureux vont assombrir les retrouvailles.

Mon avis :
"Tous tes enfants dispersés" est un livre poignant.
En plus de délivrer un message fort, il est très bien écrit. La plume de Beata Umubyeyi Mairesse est remarquable, poétique et pudique. Elle nous raconte ici la vie d'une famille atypique : Immaculata la mère qui a élevé seule ses deux enfants nés de pères différents, Blanche l'aînée métisse qui s'est toujours sentie rejetée et Bosco l'enfant favori qui a souffert des secrets de famille et qui a combattu pendant le massacre. Une famille aimante mais écrasée par le poids des traditions : ce qui se dit, ce qui ne se fait pas... Et surtout avec son lot de souffrances. L'auteure dépeint des personnages forts, notamment celui de la mère Immaculata, un vrai roc ! Chaque membre de cette histoire est criant de réalisme, avec ses faiblesses et ses forces. Aux membres cités ci-dessus il faut rajouter celui de Stokely, fils de Blanche qui veut comprendre ses origines.
Les deux grands axes de ce roman sont le génocide, que l'auteure a vécu personnellement, et la relation mère-fille conflictuelle entre Blanche et sa mère. le tout est écrit avec une pudeur intelligente, pudeur qui vient je pense du vécu de Beata Umubyeyi Mairesse. Elle donne la parole tour à tour à Blanche, Immaculata et Stokely qui nous confient leurs espoirs, leurs peurs et leurs doutes, le tout en voyageant dans le temps.
L'écriture comme je le dis plus haut, est belle et émouvante, le tout sans tomber dans l'apitoiement malgré les sujets durs traités. Ça m'a fait penser au style de Yasmina Khadra , écrivain que j'adore. Des mots qui font rêver, voyager et trembler.
C'est un livre que j'ai dévoré en deux jours seulement. Il amène à la réflexion sur la guerre, les liens familiaux mais aussi sur l'éducation et l'amour. Je vous le conseille surtout pour le talent de cette auteure qui sait raconter des histoires à la manière des plus grands conteurs.
Lien : https://www.facebook.com/178..
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lanche a quitté le Rwanda en 1994 juste avant la guerre civile. Sa mère et son frère sont restés. Des années après, lorsque le calme est revenu, Blanche, qui a construit une vie à Bordeaux, décide de retourner voir sa famille. Mais que reste-t-il de celle-ci quand tous ont été dispersés, quand L Histoire a tout bouleversé ? Un roman magnifique, d'une grande force qui aborde le courage des mères, les relations mère-fille, les ravages des conflits, le poids de la transmission et bien d'autres sujets. Vous tenez entre vos mains une pépite littéraire !
Lien : https://www.conseilslittéraire..
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la narratrice d'origine rwandaise raconte au travers de la mère ,de la fille et de son fils métisse vivant avec elle à Bordeaux les difficultés et les rapprochements d'un famille
ayant subi et échappé au génocide.
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3 générations mêlent leurs voix pour décrire le Rwanda, le génocide et ses conséquences sur les suvivants, jusqu'aux générations qui ne l'ont pas vécu directement.
Dans une langue magnifique, l'auteur aborde aussi la question de l'exil, des racines, de l'identité.
Un livre fort, un livre beau...un premier roman éblouissant.
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Beata Umubyeyi Mairesse a construit un roman choral pour que les trois personnages principaux expriment ce qu'ils taisent.
Blanche, la fille, a quitté le Rwanda début avril 1994. Juste avant le début du génocide des Tutsis par les Hutus.
La nationalité française de son père lui a permis de s'installer à Bordeaux. Rongée par la culpabilité, elle est habitée par les fantômes de son pays et de ses proches, réduits à des souvenirs qui s'éloignent.
Immaculata, la mère, est restée au pays. Elle attend le retour de Bosco, son fils adoré et demi-frère de Blanche, parti rejoindre les troupes rebelles.
Stokely est le fils de Blanche. Né en France, il est tiraillé entre deux cultures.
Plus qu'un roman sur une guerre fratricide, « Tous tes enfants dispersés » nous parle de l'incompréhension entre une mère et sa fille, de la difficulté à s'intégrer lorsqu'on est uniquement jugé sur la couleur de sa peau, des multiples identités qui nous composent. Au-delà de l'apparence.
C'est un texte sensible, plein d'humanité, à la fois âpre et poétique. Une jolie lecture malgré quelques redondances et des pages un peu mièvres vers la fin.

EXTRAITS
- Même lorsque la nostalgie s'est tarie, que les vieilles photos jaunies n'intéressent plus la dernière génération, demeurent des mets qui racontent encore dans la langue d'aujourd'hui les effluves de l'enfance, les fêtes et les rires d'accents tapis au tréfonds des blessures, des ruptures, des silences, qui ne disent pas leur nom. Toutes les malédictions ancestrales et les contes désuets qu'une épice suffit à ressusciter.
- Les gens qui écrivent sur nous, ceux qui cherchent à transcrire nos silences sans en connaître la partition manquent parfois de correction.

Lien : http://papivore.net/litterat..
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Un vrai coup de coeur pour ce roman et ma première lecture pour cette saison des 68premièresfois.
C'est l'histoire de trois générations, trois points de vue, trois narrations : Immaculata, Blanche et Stokely.
C'est l'histoire d'une relation malhabile entre une mère et sa fille, une parole, un silence, des secrets.
C'est l'histoire d'un exil, de voyages, de retours. le génocide Rwandais a fait de Blanche une plante exotique. Il y a ceux qui sont restés et ceux qui sont partis.
Blanche va se mettre à « l'ouvrage de sa mémoire, tisser une virgule entre hier et demain et retrouver le fil de sa vie ». (p28)
C'est l'histoire des répercussions de ces cent jours de génocide dans ce pays où le mot « paix » est synonyme de « vie » : les narrateurs posent un regard sur ce qui a été détruit. Les coeurs, les relations sont en lambeau.
Cette histoire est l'expression de la force de la maternité, de la transmission.
C'est également une belle histoire de résurrection : celle des mots et de la vie.
Ainsi, Les jacarandas coupés font des rejets
J'ai été transportée par la poésie de Neata Umubyeyi Mairesse, par la puissance des formules et des mots qu'elle emploie. C'est sensible. C'est juste très beau.
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