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Critique de YvPol


Suite de Faire l'amour dans lequel Marie et le narrateur se séparaient, Fuir est un roman qui commence sans Marie. Il est en Chine, loin d'être indifférent aux charmes de Li Qi, une jeune artiste chinoise, se sent constamment surveillé par Zhang Xiangzhi, à la limite de la paranoïa. Il ne s'y passe pas grand chose dans les premières pages, beaucoup de superbes descriptions des villes, des gens, des paysages, des chambres d'hôtel, mais surtout beaucoup de descriptions des tourments de l'homme qui est loin de la femme qu'il aime et n'aime plus à la fois. La relation entre Marie et lui est compliquée, à la fois faite d'amour, de lassitude, de désir sexuel, de dégoût, d'agacement réciproque. Marie est loin, le rapprochement avec Li Qi semble être sérieux, mais Marie est toujours là, dans la tête de l'homme. Les premières pages sont lentes, toujours aussi belles que dans les romans précédents, pas d'humour, de la beauté, de la sensualité dans la rencontre avec Li Qi, du désir latent, notamment dans le train Shangaï-Pékin. Puis à Pékin, le rythme du roman s'accélère à la faveur d'une partie de bowling, visualisable comme si vous y étiez, l'art de l'écriture de JP Toussaint, mais surtout grâce à une course-poursuite à trois sur une moto (cf. photo de couverture, de l'auteur), assez longue qui nous fait emprunter tout un tas de ruelles, de placettes, de venelles ; on n'est bien sûr pas dans un polar états-unien avec force dérapages, bousculades, fumées des pneus sur l'asphalte, mais cette longue scène n'a rien à leur envier, grâce à l'écriture quasi-documentaire de l'auteur. Puis, à la suite d'un coup de téléphone de Marie qui lui apprend que son père (celui de Marie) est mort et qu'il est enterré sur l'île d'Elbe, là où il vivait, l'homme quitte la Chine, pour tenter d'arriver à temps à la sépulture, le récit reprenant un rythme plus lent, celui qui sied aux retrouvailles avec Marie. Dans la première partie, malgré la tension qui régnait lors de la poursuite à moto, le vocabulaire de JP Toussaint était resté assez neutre, alors qu'il devient violent voire grossier lorsque les deux amants se revoient, comme si le danger réel de l'accident, de la mort même était moins grand que celui de la perte de l'amour, moins essentiel. L'amour et la mort. L'amore, pourrais-je même dire puisque le final du roman se passe à l'île d'Elbe, italienne comme chacun sait.
Encore un excellent roman de JP Toussaint, avec des phrases sublimes, aux mots simples, aux tournures tellement évidentes quand on les lit, de longues phrases, comme celle que j'ai citée et de nombreuses autres, de beaux personnages qui évoluent, qui se posent des questions sur leur vie, sur leur amour. La suite est déjà écrite avec La vérité sur Marie (en 2009) et Nue (en 2013). Livres que je lirai assurément ! J'attends les sorties en poche.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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