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Critique de PatriceG


D'abord cette oeuvre ne s'appelait pas ainsi mais Les Quatre livres de lecture qui fut d'abord un abécédaire destiné aux écoliers de l'école que Tolstoï forma en 1859 à Iasnaïa Poliana. Bâti sur du verbal, son abécédaire prendra forme au fil des mois ; Tolstoï conscient de ses limites partira à l'étranger pour un long séjour, en occident pour se former aux méthodes d'enseignement. Il reviendra gonflé à bloc et ainsi l'abécédaire va s'étoffer, s'enrichir à la fois de choses qu'il sait, des contes, des fables, des récits, mais aussi des écoliers grâce à cet enseignement interactif. Et ce n'est qu'en 1872 que Les Quatre livres de lecture vont émerger sous une forme beaucoup plus élaborée, différente qui s'adresse à un public beaucoup plus large.

En 1862, TolstoÏ se marie avec Sophie Behrs, ferme son école l'année suivante et dit en avoir fait le tour (de son école). Il va se consacrer à ses terres et à l'élaboration de Guerre et paix, surtout à cela. A l'issue de ce travail, il entreprend Les Quatre livres de lecture qu'il achèvera en 1872, il attaque alors Anna Karénine..

Ce livre est une merveille et pâtit certainement de l'ombre des deux monuments littéraires qui le cernèrent ; outre les contes, fables et les récits puisés dans le savoir paysan et tolstoïen, on y trouve une remarquable nouvelle : le Prisonnier du Caucase répertoriée : "histoire vraie" de laquelle un film russe sera fait, du génial Sergueï Bodrov, avec comme protagoniste son propre fils promis à une grande carrière, acteur génial des années post-soviétiques. C'est ce film Prisonnier du Caucase qui va le projeter dans la dimension acteur le plus doué de sa génération. Et il meurt dans une avalanche en 2002 avec 124 autres personnes en l'Ossétie du nord où il, tournait son second long-métrage : il avait 30 ans ! La Russie a pleuré longtemps son enfant chéri, je crois que ce n'est pas près de s'éteindre, pour sa famille encore moins !..
Egalement pour les films qui ont suivi Le Prisonnier du désert pour le regretté Sergueï Bodrov qui n'ont rien à envier au cinéma américain, je puis l'assurer !..

"Je ne sais pas comment arrêter la guerre. Il est facile de la commencer, difficile de la terminer, comme il est plus facile de tuer un homme, plutôt que de l'aimer."

J'adore l'angle d'attaque de ses livres, l'incipit dit-on, tout le monde connaît celui d'Anna Karénine ! il nous met tout de suite en situation, une fulgurance lui vient, ajoutée à cela l'histoire qui l'a déjà pénétré et plus précisément un thème obsédant extrait de la vie courante, et c'est parti mon kiki :
"Un officier, jeune homme de bonne maison en service au Caucase, qui se nommait Jiline, reçut un jour une lettre de sa mère.
"Me voici vieille, écrivait-elle. Avant de mourir, je voudrais te revoir, mon enfant chéri . Viens me dire adieu. Quand tu m'auras mise en terre, va rejoindre ton poste et sers ton pays. sous la protection de Dieu. A propos, je t'ai trouvé une fiancée. Elle est intelligente, jolie et elle a du bien. Au cas où elle te plairait, tu pourrais l'épouser et alors tu ne repartirais pas".
Jiline se dit : Ma vieille maman, n'est plus très vaillante, c'est sûr. Je pourrais ne plus la revoir. Je ferais bien d'aller au pays. Et si la fille est bonne et belle, pourquoi ne pas l'épouser ? " Il alla trouver son colonel, obtint un congé, dit adieu à ses camarades, paya à ses hommes de quoi boire et fit ses préparatifs de départ ..".

Ou Une Chasse à l'ours, répertoriée : récit d'un chasseur.
"Nous chassions l'ours. Mon camarade de chasse eut la chance d'en tirer un qu'il blessa dans les chairs : il y avait un peu de sang sur la neige. L'ours lui avait échappé, me dit-il, quand nous nous retrouvâmes en un point de la forêt ..".
On sait que Tolstoï fut attaqué par un ours blessé et fut presque mort .. Sophie craignait pour ses jours ..
On sait aussi que Tolstoï tourna le dos à la chasse et devint végétarien ..

Toujours à propos des Quatre livres de lecture, ce fut longtemps l'oeuvre dont il était le plus fier, celle qu'il aimait le plus. Ce qu'on ne sait pas trop à vrai dire, il est vrai qu'on ne lui a pas souvent posé la question -voire pas- comme s'il allait de soi que la réponse appartenait au lecteur et éclipsait du coup la propre vue de l'auteur sur son oeuvre.
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