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Critique de Lekarr


J'ai toujours beaucoup aimé les vieux romans d'anticipation. Verne et Wells continuent de m'enchanter et c'est avec beaucoup de plaisir que je me laisse prendre au charme de ces antiquités, malgré - ou à cause de - la naïveté des procédés scientifiques dont il est question et la saveur vaguement désuète de leur style. Hélas, cela n'a pas suffi à me faire aimer « Aélita ».
Cela ne débutait pourtant pas trop mal. Après une entrée en matière dans une Saint-Petersbourg soviétique ; après une rapide présentation du professeur Loss et du soldat Goussev ; après quelques digressions techniques et un voyage d'une étonnante rapidité, les deux héros de Tolstoï posaient le pied sur la planète rouge. Jusque-là, son récit n'avait rien à envier aux histoires de voyages dans l'espace écrits par ses contemporains. Les descriptions de Mars, de ses paysages arides et de ses célèbres canaux sont plutôt réussies comme le sont aussi celles de la civilisation martienne.
Ce n'est donc pas le décor qui pêche dans ce roman, mais la façon dont les évènements s'enchaînent. Qu'il s'agisse de la romance entre Loss et Aélita ou de la révolution qui embrase la société martienne, tout va beaucoup trop vite, sans signes avant-coureurs et sans prémices. Tout juste est-il question d'une vague opposition lors d'une réunion du Conseil Supérieur qui préside aux destinées des martiens, mais cela ne va guère plus loin.
Il manque aussi de personnages. Exception faire des deux terriens, d'Aélita et de son père, on ne dénombre que quelques utilités dont on ne saura à peu près rien. Or, quatre personnages, c'est un peu court pour nous parler d'une révolution et de la chute d'un monde ? D'autant que ces quatre- là sont monolithiques et sans nuances. Seul Goussev tire son épingle du jeu. Militaire fendard et plein de vie qui entend transporter sur Mars la lutte des classes et les soviets, il apporte au récit une touche d'humour et de bonne humeur. Les autres ne sont que ce qu'ils paraissent : très intelligent, très méchant ou très amoureux.
Les scènes de combats qui occupent tout de même une bonne part du récit sont également assez ternes. Tolstoï ne semble pas à l'aise dans ce genre d'exercice ou bien cela ne l'intéresse pas. Toujours est-il que sa relation des émeutes, des combats aériens ou de la lutte contre de vilaines araignées est insipide. Aucun souffle, aucune tension. Les sentiments des personnages sont à peine palpables. On ne ressent ni la colère des révoltés, ni la peur des dirigeants. D'une manière générale le style de l'auteur ne m'a pas emballé avec ses tournures de phrases un peu laborieuses ou qui sonnent mal et un manque de fluidité qui gêne la lecture.
Bon, il y a quand même de bonnes choses dans ce roman, notamment du côté des innovations scientifiques. On passera vite sur l'engin spatial utilisé pour le voyage supraluminique (un oeuf de métal propulsé par une matière explosive : l'ultraliddite) et on s'attardera davantage sur les miroirs brumeux », des écrans reliés entre eux par un système de câbles et d'antennes qui préfigurent la télévision, la visioconférence, presque les ordinateurs… Il y a aussi des vaisseaux volants qui rappellent beaucoup ceux du cycle de John Carter. Mais Touma n'est pas Barsoom, et Tolstoï n'a pas le sens de l'aventure de Burroughs. On signalera encore une intéressante théorie sur la fin de l'Atlantide et la migration vers Mars de ses habitants ainsi qu'une jolie chute, bien triste et bien romantique.

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