AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ValentinMo


C'est à « Un simple dîner » que nous convie Cécile Tlili, avec ce premier roman paru aux éditions Calmann Levy. Un dîner presque parfait, du moins en apparence, car, derrière les convenances, les convives se révèlent : des objectifs professionnels cachés, des secrets que l'on cherche à préserver, et tout cela va peu à peu se révéler tout au long du diner… C'est ce qu'on appelle mettre les pieds dans le plat !

Etienne, séduisant et riche avocat aux dents qui rayent le parquet, a convié un couple d'amis de longue date à partager un repas chez lui, boulevard Raspail, en plein mois d'août.

Et c'est bien entendu sa douce femme Claudia qui se colle aux fourneaux pendant des heures pour concocter des mets à la hauteur de l'événement. Kinésithérapeute d'une timidité maladive, elle n'a vu qu'une fois les amis de son mari, fuyant les soirées et autres sorties. Inutile de préciser à quel point elle appréhende ce diner.

Quant aux invités, Johar, ingénieure qui a réussi à gravir les échelons et son mari Rémi, professeur, c'est avec une mauvaise grâce certaine qu'ils se sont retrouvés là…

21 heures bien sonnées, le bal des faux-culs peut commencer ! Ce « dîner d'amis » va vite virer en cauchemar… Ça ne sera pas une soirée comme les autres pour chacun des intervenants, leur vie étant sur le point de prendre un tournant décisif.

Du cinéma au théâtre (« Un air de famille », « le Prénom », « Repas des fauves » ou encore plus récemment « le jeu »), les agapes qui tournent en eau de boudin sont une spécialité bien française que Cécile Tlili parvient pourtant à renouveler avec son premier roman.

Ce roman va certes mettre en jeu le bouleversement, à travers un diner, de l'existence de quatre personnes, mais en nous le faisant essentiellement vivre de l'intérieur. Tout en subtilité, elle déroule le ressenti de chacun, ce que les protagonistes cachent, la façade qu'ils présentent aux autres, leurs compromissions. La narration omnisciente permet une place de choix pour le lecteur dans ce jeu de dupes.

Il y a des objectifs professionnels cachés, des secrets que l'on cherche à préserver, et tout cela va peu à peu se révéler à l'occasion d'une série d'incidents et de rencontres entre les personnages. Des rencontres parfois inattendues, et les vrais liens, qui ne sont pas forcément ceux que l'on croit, volent en éclats.

Entre humour et noirceur, l'accent est mis surtout sur les deux femmes (le moins que l'on puisse dire c'est que les hommes n'ont pas le beau rôle dans ce récit), qui vont jouer la carte sororité. Cécile Tlili interroge la place des femmes dans la société, le poids des obligations, des conventions. Et l'on apprécie d'autant la fin de ce repas, avec en guise de dessert une ode à l'émancipation.

Un premier roman réussi. Cécile Tlili impressionne grâce à sa plume toute en retenue, sans esbroufe. Il lui suffit de si peu pour dire l'essentiel. Dans ce huis clos étouffant où aucun détail, aucun regard n'est anodin, elle interroge la place des femmes dans la société, face notamment au poids des obligations et de la vie, et tisse, avec délicatesse, une ode à l'émancipation et à la liberté.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          10



Ont apprécié cette critique (1)voir plus




{* *}