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Critique de jovidalens


Que l'écriture est belle ! et que de fulgurances ! de courtes phrases qui en quelques mots dépeignent toute la beauté de la nature.

Que de difficultés à terminer ce petit livre. J'ai été plus d'une fois exaspérée au point d'avoir envie de le balancer dans une poubelle ! Et puis non : il a de trop belles images. Complètement paradoxal mais j'en ai noté des citations !
Alors pourquoi ?
Dune part le prétexte de cet ouvrage : l'auteur accomplit un rêve courageux et ambitieux puisqu'il s'isole pendant six mois au plus profond d'une forêt russe, dans une petite cabane pour "jouer" à l'ermite.
Reste à savoir ce qu'en entend par courage : c'est celui de ceux qui recherchent la décharge d'adrénaline, qui repoussent leurs propres limites et y trouvent un grand plaisir. Quoique que là j'ai trouvé que ses escalades sont plutôt nécessitées par le besoin de faire passer ses excès de vodka.
D'autre part, peut-on parler d'ermite quand on ne consacre que quelques mois de sa vie à un relatif isolement ? Ce soi-disant ermitage ressemble plutôt à un défi qu'il s'est fixé à lui-même ; et je l'imagine fort bien à son retour à Paris rayer de sa liste des exploits à accomplir pour mieux s'en parer. Et il se passe peu de semaines sans visites, celles des russes mais aussi celles d'une certaine intelligentsia...
Là c'est l'autre caractéristique de la personnalité qui transparaît : le paraître, l'image, le narcissisme avec en contre-point un mépris pour "LA société" .
Quelle belle liste de lecture ! Au fil des pages, j'ai plus l'impression que les livres apportés lui servent à meubler sa cabane, à occuper les trop longues heures de solitude entre une course sportive dans la forêt pour éliminer les vapeurs de la vodka et pousser quelques soupirs sur son sort.
Mais qu'en retient-il de toutes ces lectures ? Ce qu'il en écrit dans son « journal d'ermitage » ressemble plus à la dissertation brillante d'un premier de classe et glisse sur lui sans pénétrer sa pensée, sans le remuer. Il disserte et empile les références. Une le touche, de mon humble point de vue, parce qu'il prend conscience qu'elle s'applique à lui :
« La mise en garde de Nietzsche m'a frappé : « Je l'ai vu de mes yeux : des natures douées, riches « portées à la liberté », « crevées par la lecture » dès trente ans [il a 38ans], devenues de simples allumettes, qu'il faut frotter pour qu'elles donnent des étincelles, des « pensées » ».

Il est un voyeur qui s'en tient à l'image des choses, des êtres. Sa femme le quitte mais se pose-t-il la question du pourquoi ? Il regarde sa peine comme si c'était un événement qui bouscule le calme de ses jours.

Oui, il a de belles phrases mais souvent d'une poèsie maniérée « Les heures sont de grandes filles blanches dressées dans le soleil pour me servir » : difficile de ne pas en rire .
Ou d'autres belles phrases à l'emporte-pièces comme sa réponse rachitique à cette question « Qu'est ce que la société ?» Les poncifs y ont leur place comme « Les Allemands et les Russes : les uns rêveraient de mettre le monde en ordre, les autres doivent subir le chaos pour exprimer leur génie. »
Bref, le ton sentencieux d'intellectuel parisien qui relaie le discours médiatique en croyant qu'il s'agit de sa propre réflexion. Comme ce qu'il rapporte de sa rencontre avec des jeunes de banlieue. Ce rend-t-il compte du mépris qui sous-tend ses paroles ?
Et derrière ce discours, la même cruelle indifférence que celle d'un enfant détruisant un nid de fourmis avant de s'en retourner dans le cocon de son foyer.
Comme il est compréhensible que la femme qu'il pense aimer, se lasse.

Son amour de la nature et des animaux ne manque pas de paradoxes : il est fier d'aller repêcher des papillons en train de se noyer dans le lac, pleurer sur le sort des mouches avalées par les ours, élans et animaux de la forêt en mal de nourriture et abandonner les chiots qu'il avait recueillis et qui l'avaient consolé.

Et pourtant que de richesse et de possibles chez cet écrivain ! Je suis virulente dans l'appréciation de cet ouvrage, parce que je n'ai pas le centième de ses dons et que j'espère d'autres textes qui seront plus aboutis et dans l'écriture et surtout dans la pensée.
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