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Critique de Josephine2


J'appréhendais la lecture de ce livre. Je l'avais dans ma PAL, mais repoussait toujours le moment de me plonger dedans.

Et bien, je me suis enfin lancée et je ne le regrette pas une seconde. Sylvain TESSON est un véritable écrivain. Il sait parfaitement décrire les paysages autour de lui, les atmosphères, les ressentis et les états d'âme jour après jour, le temps de son séjour en Sibérie.

Extrait « Promenade sur le lac, après le thé matinal. La glace ne craque plus car le thermomètre se maintient bas. le froid enserre l'appareil. J'avance vers le large. Sur la neige, avec un bâton, je trace le premier poème d'une série de « haïkus des neiges » :

Pointillé des pas sur la neige : la marche couture le tissu blanc. »

Je ne me suis pas ennuyée une seconde, j'ai même trouvée cette lecture rafraichissante. Elle ramène les choses à l'essentiel : trouver de quoi se nourrir, se chauffer, survivre. le reste est accessoire dans ces conditions de vie.

Extrait « Le soir, la neige toujours. Devant pareil spectacle, le bouddhiste se dit : « N'attendons rien de neuf » ; le chrétien : « Ça ira mieux demain » ; le païen : « Que veut dire tout cela ? » ; le stoïcien « On verra ce qui adviendra », le nihiliste : « Que tout s'ensevelisse. » Moi : « Il faut que je coupe du bois avant que les rondins ne soient recouverts. » Puis je me couche après avoir remis une bûche. »

Bien sûr, il y a des moments de grandes solitudes, mais à chaque fois, Sylvain TESSON a su se donner des coups de pieds au C.. pour avancer. Il n'a rien lâché. Il a tenu bon.

Même au plus profond désespoir, il n'a pas renoncé. Il s'est accroché à ses chiots que Volodia lui a confiés afin qu'il ne soit pas seul et qu'il puisse être averti lors d'un danger émanant d'animaux sauvages comme les ours ou les loups. Il en était responsable et ne pouvait pas les laisser livrer à eux-même.

L'intrusion de touristes ou même de connaissances venant troubler sa solitude, le perturbe. Mais bon, il faut savoir rester courtois et l'accueil autour de victuailles et surtout de vodka est primordiale. Ah ! La vodka, des litres vont être bu…On n'est pas aussi seul qu'on le voudrait, même perdu au milieu de nulle part.

Les pérégrinations dans les paysages majestueux de Sibérie au fil des mois sont superbes. Des touches d'humour, de poésie, et des citations des auteurs préférés de Sylvain TESSON viennent égrener les récits. Je vous l'ai dit, rafraichissant.

Je ne l'ai pas trouvé « pédant », comme certains lecteurs l'ont dit. Justement j'avais peur de cela en le lisant. Je trouve, au contraire, qu'il sait se moquer de lui. Il y a même une certaine pudeur dans son récit.

Extrait : « Ce soir, j'apprends l'éloge funèbre de Tao Yanming, mort en 427 : « Digne dans mon humble hutte, à mon aise je bois du vin et compose des poèmes, accordé au cours de choses, conscient de mon sort, n'ayant plus ainsi aucune arrière -pensée »…

Et je me couche en pensant qu'il ne sert à rien d'écrire son journal quand certains sont capables de ramasser leur vie en trente mots ! »

Mais chacun son ressenti. le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne laisse personne indifférent. Soit on aime, soit on déteste.

Certains vont dire que c'est facile de partir dans ces conditions. Et non pas de subir le confinement comme on le fait actuellement. D'ailleurs c'est lui qui a choisi de se retirer du monde et de vivre un temps en ermite. Il n'y a pas besoin de partir aussi loin pour vivre ce retranchement. Il y fait même référence un moment dans son livre. Mais lui, c'était son trip, la Sibérie. Il en est tombé amoureux.

Moi, ça m'a donné la pêche, du coup, lorsque j'ai un petit moment de mou, je repense à Sylvain TESSON, et je sors m'aérer, arpenter, non pas la Sibérie, mais mon petit coin de forêt. Me ressourcer, tout simplement. Voir les choses positives et les apprécier jour après jour, sans penser au lendemain, et à tout ce que l'on ne peut plus faire. Me raccrocher à l'essentiel, tout simplement.

Facile à dire, mais on se raccroche à ce que l'on peut, comme on peut.

Et boire un petit vin de temps en temps. Avec modération tout de même ! Je vous l'ai dit, chacun son ressenti.

Il cache bien ses fêlures J'ai trouvé la fin du livre très émouvante, j'en ai eu les larmes aux yeux. En fait, il m'a vraiment touchée.
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