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Citations sur Dans les forêts de Sibérie (1468)

Aujourd'hui, quand on rencontre quelqu'un, juste après la poignée de main et un regard furtif, on note les noms de sites et de blogs. La séance devant les écrans a remplacé la conversation. Après la rencontre, on ne conservera pas le souvenir des visages ou des timbres de voix mais on aura des cartes avec des numéros. La société humaine a réussi son rêve: se frotter les antennes à l'image des fourmis. Un jour, on se contentera de se renifler.
P271
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3 juin
Rainer Maria Rilke dans la lettre du 17 février 1903 adressée au jeune poète Franz Xaver Kappus : Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas ètre assez poète pour appeler à vous ses richesses
P225
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En ville, le libéral, le gauchiste, le révolutionnaire et le grand bourgeois paient leur pain, leur essence et leurs taxes. L’ermite, lui, ne demande ni ne donne rien à l’Etat. Il s’enfouit dans les bois, en tire subsistance. Son retrait constitue un manque à gagner pour le gouvernement. Devenir un manque à gagner devrait devenir l’objectif des révolutionnaires. Un repas de poisson grillé et de myrtilles cueillies dans la forêt est plus anti-étatique qu’une manifestation hérissée de drapeaux noirs. (…) La retraite est révolte. Gagner sa cabane, c’est disparaître des écrans de contrôle. L’ermite s’efface. Il n’envoie plus de traces numériques, plus de signaux téléphoniques, plus d’impulsions bancaires. Il se défait de toute identité. Il pratique un hacking à l’envers, sort du grand jeu. Nul besoin d’ailleurs de gagner la forêt. L’ascétisme révolutionnaire se pratique en milieu urbain. La société de consommation offre le choix de s’y conformer. Il suffit d’un peu de discipline. Dans l’abondance, libre aux uns de vivre en poussah mais libre aux autres de jouer les moines et de se tenir amaigris dans le murmure des livres. Ceux-ci recourent alors aux forêts intérieures sans quitter leur appartement.
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L’ennui ne me fait aucune peur. Il y a morsure plus douloureuse : le chagrin de ne pas partager avec un être aimé la beauté des moments vécus.
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Les hommes des bois sont très sceptiques à l’égard des projets de « villes citoyennes » autogérées, sans prison ni police, où la liberté triomphante règnerait soudain parmi des foules devenues responsables. Ils voient dans ces utopies une antinomie grotesque. La ville est une inscription dans l’espace de la culture, de l’ordre et de leur fille naturelle, la coercition.
Seul le recours aux étendues infinies et dépeuplées autorise une anarchie pacifiste dont la viabilité est fondée sur un principe très simple : contrairement à ce qui advient en ville, le danger de la vie dans les bois provient de la Nature et non de l’Homme. La loi du Centre chargée de réglementer les relations entre les êtres humains peut donc s’affranchir de pénétrer jusqu’en ces lointains parages. Rêvons un peu. On pourrait imaginer dans nos sociétés occidentales urbaines, comme à Pokoïniki ou à Zavarotnoe, des petits groupes de gens désireux de fuir la marche du siècle. Lassés de ces villes surpeuplées dont la gouvernance implique la promulgation toujours plus abondante de règlements, haïssant l’hydre administrative, excédés par l’impatronisation des nouvelles technologies dans tous les champs de la vie quotidienne, pressentant les chaos sociaux et ethniques liés à l’accroissement des mégapoles, ils décideraient de quitter les zones urbaines pour regagner les bois. Ils recréeraient des villages dans des clairières, ouvertes au mi-lieu des nefs. Ils s’inventeraient une nouvelle vie. Ce mouvement s’apparenterait aux expériences hippies mais se nourrirait de motifs différents. Les hippies fuyaient un ordre qui les oppressait. Les néo-forestiers fuiront un désordre qui les démoralise. Les bois eux, sont prêts à accueillir les hommes ; ils ont l’habitude des éternels retours.
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En ermitage, la dépense d’énergie physique est intense. Dans la vie, on a le choix de faire travailler les machines ou de se mettre soi-même à la tâche. Dans le premier cas, nous déléguons à la technique le soin d’assouvir nos besoins. Débarrassés de tout impératif d’effort, nous nous dévitalisons. Dans le second, nous mettons en branle la machinerie du corps pour répondre aux nécessités. Et plus on se passe du service des machines et plus les muscles gonflent, le corps durcit, la peau se cartonne et le visage se cuirasse. L’énergie se redistribue. Elle est transférée du ventre des appareils au corps humain. Les coureurs des bois sont des centrales irradiant de force vitale. Lorsqu’ils entrent dans une pièce, leur rayonnement empli l’espace.
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Les sociétés n’aiment pas les ermites. Elles ne leur pardonnent pas de fuir. Elles réprouvent la désinvolture du solitaire qui jette son « continuez sans moi » à la face des autres. Se retirer c’est prendre congé de ses semblables. L’ermite nie la vocation de la civilisation, en constitue la critique vivante. Il souille le contrat social.
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Offrir des fleurs aux femmes est une hérésie. Les fleurs sont des sexes obscènes, elles symbolisent l'éphémère et l'infidélité, elles s'écartèlent sur le bord des chemins s'offrent à tous les vents, à la trompe des insectes, aux nuages de graines, aux dents des bêtes; on les foule. on les cueille, on y plonge le nez. A la femme qu'on aime il faudrait offrir des pierres, des fossiles, du gneiss, enfin une de ces choses qui durent éternellement et survivent à la flétrissure.
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C'est fou comme l'homme accapare l'attention de l'homme. La présence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquête qui vous rend jouissance des choses.
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Offrir des fleurs aux femmes est une hérésie. Les fleurs sont des sexes obscènes, elles symbolisent l'éphémère et l'infidélité, elles s'écartèlent sur le bord des chemins, s'offrent à tous les vents, à la trompe des insectes, aux nuages de graines, aux dents des bêtes ; on les foule, on les cueille, on y plonge le nez. A la femme qu'on aime il faudrait offrir des pierres, des fossiles, du gneiss, enfin une de ces choses qui durent éternellement et survivent à la flétrissure.
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