Un été pourri

Ce roman est un excellent polar : impossible de le lâcher une fois commencé. Les ingrédients sont classiques : un mystère, des suspects, un enquêteur solitaire. C'est efficace et distrayant mais si ce roman me parait une référence, trente ans après sa publication, c'est parce qu' il a en plus une dimension féministe. Maud Tabachnick suit la recette classique du polar noir à quelques détails prêts et ce sont ces décalages qui rendent le roman savoureux : les victimes affreusement mutilées sont des hommes (pour une fois), l'enquêteur est un mec bien (il ne s'appelle pas Goodman pour rien) et s'il tombe bien sur une femme fatale, nous avons aussi accès à son point de vue à elle (et elle n'a rien d'une allumeuse)….
À cette forme féministe s'ajoute un sujet féministe : les violences faites aux femmes, à toutes les femmes. Maud Tabachnick montre les nuances de cette violence en diversifiant ses personnages féminins (une célibataire, une lesbienne, une épouse détruite par une éducation religieuse rigide, une fillette portoricaine… ). Face à cette violence des hommes et de la société patriarcale, le roman pose la question de la meilleure réponse : est-ce la justice ou la vengeance ?