AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Floyd2408


Graham Swift l'auteur de ce court roman, anglais se présente à moi comme un écrivain à l'écriture riche, entremêlant le temps, l'espace et les sentiments. le dimanche des mères frôle lentement notre tendresse engourdie dans une volupté agréable, un soupire lent coule sur notre lecture à la sensibilité légère où danse notre émotion éphémère.
Cette fable teintée de mélancolie joyeuse est une ode à la lecture, à l'écriture, à la vie tout simplement, celle que l'on décide de vivre et d'aimer avec passion. L'héroïne de ce conte Jane Fairchild, femme de chambre dans une famille aristocratique les Niven n'oublie pas cette journée du 30 mars 1924, ce dimanche radieux, celui offert aux domestiques par leurs patrons pour rejoindre leurs mères…Cette jeune femme de 22 ans, orpheline, sachant lire et écriture à la différence de la plupart de ces domestiques dilate le temps pour revivre cette journée estivale, celle des sentiments opposés, l'insouciance passionnelle, la tristesse du deuil puis l'inspiration intérieure, cette chaleur envahissante bouillonnant le corps puis l'esprit pour illuminer la certitude de la voix à suivre, celle de l'écriture.
Graham Swift entremêle habillement le récit de cette journée avec l'interview de cette octogénaire écrivaine reconnue narrant cette fameuse journée mais aussi quelque fait important de sa vie avec la source de son inspiration et cette genèse d'écriture. Beaucoup d'émotion frisonne les pages de ce roman, de la légèreté mise à nue, cette intimité des corps s'oppose à cette Angleterre puritaine de ces années folles. Souvenir de la grande guerre et des ces morts hantant encore les moeurs et présent toujours aussi moderne. Cette décadence aristocratique avec l'amant de la bonne, Jane copulent avec le futur marié dans sa chambre d'adolescent au regard froid de ses deux frères morts au champ de bataille en 17, ce décor empilant les objets ainsi que les habits comme une collection…. Jane stoïque dans cette scène allongée dans le lit de ce jeune dandy après avoir fait l'amour, s'écoulant entre ses cuisses le cocktail de ses sécrétions et de la semence de son amant reste une scène mémorable…
Puis cette rupture de la journée, cette escape pour retrouver l'amant à bicyclette, ce vélo recelant encore des secrets lointains, la fuite du retour dans les routes escarpées d'une nature joyeuse et radieuse malgré la rupture des deux amants, lui devant se parfaire d'un mariage arrangée pour convoler à Londres. Et l'annonce de l'accident mortel de son étalon, consumé de sa jeunesse dans virage heurtant un chêne pour y bruler sa vie.
Il y a aussi ce moment pur, de grâce, d'intimité, lorsque la bibliothèque s'ouvre à la chair nue de cette Jeune domestique, solitaire de sa moitié parti rencontrer son destin funeste, habillant sa poitrine d'un livre pour entendre battre son avenir d'écrivain….
Puis cet hommage à Joseph Conrad, étant l'auteur du livre de Jane en ce jour de dimanche des mères, Jeunesse, puis d'autres suivront Au coeur des ténèbres, Lord Jim, L'Agent secret…. Ces lectures berceront cette jeune demoiselle à l'avenir d'oxford mais cela reste une autre histoire.
Ce petit roman est un puissant concentré de bien-être, de douceur, d'humour, de sentiments multiples….
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}