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Critique de Oli2020


Quand je me lance dans la lecture d'un classique, il se passe souvent quelque chose de très particulier. Dès les premières lignes, j'ai comme un soupir, mon coeur ralentit et se met à battre au rythme des mots. Comme une sensation de rentrer à la maison. Est-ce lié aux tournures de phrases un peu surannées ? A l'odeur du vieux papier ? A cette atmosphère d'une autre époque, inimitable aujourd'hui ? Au fait que beaucoup de mes premières lectures ont été des classiques ? Je ne sais pas bien me l'expliquer, mais que ce soit en lisant Tolstoï, Manzoni, Balzac, Charlotte Brontë ou ici Steinbeck (pourtant bien différents les uns des autres !), je les associe dans ma tête pour cette même petite étincelle qu'ils allument en moi.

Dans ce cas-ci, c'était la première fois que je lisais Steinbeck, et avec lui aussi la magie a opéré. J'ai beaucoup aimé sa plume. C'est très fluide, sans fioritures. J'avais un peu repoussé cette lecture, par peur de ne pas être dans le bon état d'esprit pour en profiter, et par peur d'en avoir des attentes trop hautes, et dès les premières lignes, ces peurs se sont envolées et je me suis glissée sans difficultés dans l'histoire.

La narration de celle-ci me rappelle un peu une pièce de théâtre. On commence chaque chapitre (assez peu nombreux, 6 je crois) avec une description de l'environnement dans lequel va se jouer la scène, puis pratiquement tout le reste du chapitre sera constitué essentiellement de dialogues et d'informations sur l'attitude et l'intonation des personnages. Et comme l'écrit Kessel dans la préface de mon édition, c'est surprenant comme une narration si simple et épurée parvient à donner autant de puissance et de caractère à ses protagonistes. Avec peu de mots, et un récit très court, Steinbeck m'a fait rire, frémir et pleurer.

La grand force de ce récit est sans conteste le personnage de Lennie. Une sorte d'Obélix avant l'heure, l'archétype du grand dadais au bon coeur et à la force redoutable, il est désarmant de puérilité et de sensibilité. Il est extrêmement touchant. Lui non plus ne serait rien sans son Astérix, ici prénommé George, un personnage principal un peu moins marquant au premier abord, et pourtant fondamental dans ce récit, tel les fondations ou la charpente d'une maison, il se laisserait facilement oublier mais c'est bien sur lui que tout repose. Derrière une façade bourrue et revêche, sa gentillesse et sa loyauté envers son ami nous touchent en plein coeur.

Un récit court, qui pourrait sembler relativement simple, et qui pourtant s'imprime en nous avec la force d'un mythe, y laissant sa marque pour longtemps.
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