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Critique de 5Arabella


Une des premières pièces de Wole Soyinka, écrite en 1960 pour célébrer l'indépendance de son pays, le Nigeria. Mais c'est une étrange célébration, assez ironique et décalée, qui replace les événements dans une trame historique plus large, et fait intervenir les esprits de la forêt, qui contemplent les actions des hommes et pour certains veulent s'y immiscer.

Les hommes fêtent « le grand rassemblement des tribus », et pour ce faire, un totem a été sculpté, un homme, un apprenti, est tombé de l'arbre dont il sculptait la faîte, poussé par son maître jaloux, car souffrant de vertige. Démoké, le sculpteur, tourne en rond dans la forêt qu'il ne reconnaît plus, car des arbres ont été abattus en l'honneur de la fête. Sa route va croiser le chemin de trois autres personnes. Une femme, qui s'avère être une prostituée, qui a poussé plusieurs hommes au suicide, et Adénébi, l'orateur du Conseil, à qui toutes les occasions de s'enrichir sont bonnes à prendre, et qui par ses agissements a provoqué un certain nombre de morts. Enfin, un quatrième personnage, qui met à jour tout ce que les trois autres essaient de cacher, et qui s'avère être un des esprits de la forêt.

L'intrigue se complexifie, car les villageois ont décidé de demander aux esprits de faire revenir des personnages du passé, pour honorer la fête. Mais l'homme et la femme enceinte en haillon qui apparaissent, ne conviennent pas aux habitants de la forêt, qui les chassent tour à tour. Mais il s'avère qu'ils ont à faire avec nos trois personnages principaux, qui se révèlent les avoir connus dans une autre vie, où leurs agissements n'avaient pas été très différents de ceux qu'ils ont dans celle-ci. Tout cela sous l'oeil des esprits, dont certains veulent se mêler de ce qui arrivent aux hommes, et qui vont reprendre la main, faisant enfin accoucher la femme enceinte, et entraînant l'enfant dans la danse du titre, où les participants sont des sortes d'allégorie.

La pièce est très compliquée à résumer, car plusieurs temps s'entremêlent, et et le plan humain et celui des esprits se côtoient simultanément. Par ailleurs les esprits peuvent se déguiser. La pièce est plus conceptuelle, allégorique, métaphorique que réellement bâtie sur une action dramatique continue. le passé violent rejaillit sur le présent, les hommes s'obstinent dans leurs comportements égoïstes et destructeurs, rendant l'avenir inquiétant. Des triplés monstrueux participent à la danse finale : « la fin qui justifie les moyens », « les grandes causes » toujours opportunistes et la « postérité » sanglante, n'annonçant pas à l'enfant, qui pourrait être le symbole du Nigeria, des lendemains bien rieurs. L'enfant est dit « inachevé », et il a tendance à facilement se laisser entraîner au pire.

C'est une oeuvre très originale et puissante, à la fois lyrique, pour chanter les beautés de la forêt, que les hommes abîment sans remords, ironique et féroce, pleine de culture et des sous entendus, dont certains liés à la culture yoruba ne sont sont pas faciles à saisir.

Un auteur à découvrir.
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