AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de prettyrosemary


Américain d'origine belge (Henry a fuit l'Europe en 1938 à onze ans avec sa famille), il s'engage dans la marine et se découvre très tôt un besoin viscéral de défendre les droits des plus « faibles » face à l'écrasante domination des plus forts. C'est ce qui va le conduire à intégrer les mouvements syndicalistes, anarchistes et à militer pour la cause afro-américaine.
Mais quel est le symbole ultime de l'oppression massivement intégrée des silencieux ? Probablement le traitement que l'on réserve aux animaux. A quarante-cinq ans, Henry Spira s'apprête à dédier sa vie à la cause animale. Là où les mouvements contre la vivisection enchainaient les échecs depuis des dizaines et des dizaines d'années, lui va, grâce à une pensée militante novatrice, enchainer les victoires.

Le principe ? A partir d'une connaissance pointue de l'opinion publique de son époque (on est dans les années 70, aux Etats-Unis, question cause animale, Henry sait qu'il va ramer), de ses droits d'accès à l'information en tant que citoyen, il va se fixer des objectifs atteignables, réalistes. Et à partir de là, ne jamais lâcher l'affaire.

Certains militants radicaux pourront trouver la démarche tiède mais force est de constater qu'il sera celui qui fera plier les plus grandes marques de cosmétiques sur les tests cruels sur les animaux, limitant drastiquement la souffrance animale. Refusant la pureté idéologique stérile, il choisit de se salir les mains et de travailler parfois main dans la main avec les cibles (industriels, politiques, organisations scientifiques…) qu'il vise. Ainsi, Spira va mettre la pression #chanmé à des monstres réputés inatteignables comme Avon, McDonald's…

Cette forme de combat ciblé, réaliste et pratique me parle. Et à mon sens, faire quelque chose de concret a au moins autant de valeur que le développement d'une sensibilisation sans compromis. Mieux, ces deux formes de militantisme se complètent. Et elles sont tout aussi radicales.
Henry Spira était profondément anti-spéciste. A ses yeux, la vie d'une souris avait autant de valeur que celle d'un chat. Mais il savait qu'en s'attaquant à une cible évidente, facile, il pourrait braquer la banque. Il savait par exemple qu'il serait difficile pour le Museum d'histoire naturelle de New-York d'argumenter auprès du public autour de son programme d'expérimentation sur les chats. (Pour info, les scientifiques privaient les animaux de leur sens, en les rendant aveugles par exemple, afin d'étudier leur comportement sexuel, sans autre objectif, et le tout était financé par les impots). Limiter la souffrance animale en faisant appel au bon sens. Voila la clef.

Dans ce livre, Peter Singer, un autre grand penseur de la cause animale dont certains cours à l'université ont été suivis par Spira, relate tous ses combats, ses victoires et les difficultés qu'il a rencontrées, mais il nous livre surtout un formidable parcours porteur d'espoir, un véritable guide à l'usage de toutes celles et ceux qui voudraient faire bouger les lignes, pas juste pour la beauté de l'entre-soi… pour de vrai. Comment vous dire qu'on en ressort avec des étoiles dans les yeux ?
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}