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Critique de cedratier


« La solitude du coureur de fond » Alan Sillitoe, (Seuil, 310 pages)
Lu dans le recueil de 9 nouvelles, dont la dernière, la plus longue et la plus dense, donne le titre du livre. Toutes se situent dans les années d'avant ou d'après-guerre dans l'Angleterre pauvre et plus chômeuse que vraiment industrieuse. Comme souvent lorsqu'il s'agit de recueil de nouvelles, je les ai trouvées très inégales ; une bonne moitié ne m'ont pas vraiment accroché, hors l'éclairage quasi documentaire sur cette période et ce milieu. Les autres sont plutôt pas mal, et pour la dernière, la plus connue, vraiment passionnante.
« La gravure du bateau de pêche » est assez émouvante, récit d'un amour qui ne sait pas s'entretenir, vu par un homme simple et touchant, fidèle à sa manière.
« Grandeur et décadence de Frankie Buller » raconte, du point de vue d'un personnage qui pourrait être l'auteur, l'histoire d'un jeune ado costaud qui s'impose par sa force comme leader pour les enfants de son quartier (on croirait « la guerre des boutons »), avant de perdre son statut à l'âge adulte.
Mais surtout « la solitude du coureur de fond » est la plus poignante. Un jeune gars, dont le père est mort de tuberculose et la mère survit à l'usine, multiplie les larcins, finit par se faire pincer par les flics, est envoyé en maison de redressement. le responsable de l'établissement repère ses talents de coureur de fond, le pousse à l'entrainement plus qu'intense pour qu'il gagne une coupe prestigieuse, histoire de faire mousser sa capacité de directeur. Mais le garçon ne veut pas se soumettre au projet que d'autres font pour lui, ne veut pas jouer au chien-chien des braves gens, malgré sa certitude de gagner. Il y a du suspense et de jolis rebonds dans le scénario, une très vivante langue de banlieue, et assez vite on colle à son raisonnement, à son histoire, à son personnage qui défend mordicus une forme d'intégrité, un sens des valeurs qu'il a choisies, même s'il faut en payer le prix. C'est lui le narrateur de son histoire, on en devient vite solidaire, et même admiratif.
Partout le style colle aux personnages, et on sent toujours la solidarité de Sillitoe pour les plus humbles, un anticonformisme qui n'est pas de façade, une écriture réaliste à fleur de peau, percutante. L'univers que nous décrit Sillitoe n'est pas à l'eau de rose, mais on y trouve des petites perles de qualités humaines.
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