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Critique de mazou31


Formidable découverte. Roman célébrissime en Russie, paru à la fin des années 60, objet d'une série TV en 73, il est enfin traduit et édité en France. Écrit par un écrivain aventurier de haut vol, Julian Semenev, fils de dignitaire soviétique déchu, boxeur, polyglotte (quatre langues européennes, trois langues asiatiques, pachtoune et dari !), harcelant Staline (une gageure !) pour la libération de son père, agent probable du KGB, reporter de guerre, interprète auprès de Khrouchtchev, ami de Simenon, des Rockfeller, des Kennedy, d'Hemingway… et on en passe ! Considéré comme un héros en Russie, décoré par Brejnev, il reste encore un inconnu en France !
Dans ce roman, le deuxième je crois, il mélange habilement l'Histoire et la fiction. Son héros, infiltré depuis des années très près des hauts dirigeants nazis (Himmler, Bormann, Muller), a pour mission de faire capoter, dans l'intérêt de la mère patrie soviétique, les négociations qui se trament au tout début 1945 entre le général Wolff des Waffen-SS, représentant Himmler, et Allen Dulles, dirigeant à l'OSS américaine. Les Américains sont prêts à beaucoup de compromissions avec le régime nazi pour enrayer l'emprise du communisme sur l'Europe de l'Est car chaque semaine de guerre supplémentaire augmente les pertes humaines mais surtout, surtout, fait avancer les troupes soviétiques de plus en plus à l'Ouest ! Quant aux nazis, conciliants et accomodants, ils espèrent sauver leur petite personne, leur avenir et le fruit de leurs pillages !
Sur cette trame authentique, se développe un roman captivant et d'une grande précision, zigzaguant habilement en Allemagne et en Suisse mais aussi dans la chronologie. Tous les ingrédients du roman d'espionnage y sont : filatures, écoutes, doubles jeux, coups tordus entre dignitaire nazis tentant de sauver leur peau, tortures suggérées, quelques assassinats expéditifs ; ingrédients consolidés par des références historiques qui leur donnent une saveur particulière.
En plus de l'action on apprécie les quelques émotions perdues dans le cynisme ambiant mais aussi les cheminements intellectuels des dignitaires pour se sortir de la situation désespérée où ils ont accompagné leur Führer de moins en moins bien-aimé.
On pense évidemment à John le Carré et à Philipp Kerr, plus tardif, voire parfois à un Ian Flemming dépouillé de son cinéma.
Un grand roman d'espionnage dont je brûle de voir ses compagnons.
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