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Critique de magalette


Aux hasards des rencontres du salon du livres de Gordes, j'aperçois Emmanuelle Seigner, actrice iconique de ma génération, impétueuse et farouche, dont les libertés prises face aux conventions m'ont souvent interpellée et questionnée en tant que jeune femme. Je m'approche et découvre son livre. Peu encline aux lectures des journaux people, j'ai entendu en son temps aux infos les chefs d'accusations contre Polanski mais le fait qu'il soit son mari m'était sorti de la tête. Nous discutons cinq minutes et j'embarque le livre avec l'idée que l'écriture est cathartique et permet parfois de drainer le poison du ressentiment ainsi que la douleur. Or, ce livre est avant tout un acte de plaidoyer envers son mari à qui elle affirme sans nuance tout son soutien. Elle va faire ici état des mois qui suivirent en 2009 l'arrestation de Polanski en Suisse pour l'affaire de violence sexuelle sur mineure datant de 1977.
Le récit met en évidence l'acharnement médiatique vécu par le réalisateur mais surtout celui vécu par la famille : l'épouse et les enfants âgés de 11 et 16 ans qui ne font que subir le passé de leur père. Difficile de ne pas partager le désarroi, la peur et la colère de cette mère qui voit ses enfants traqués par les paparazzis et jetés en pâture dans la fureur médiatique.
Toutefois, certains passages m'ont franchement gênée. Emmanuelle Seignier invoque le respect des procédures judiciaires et la présomption d'innocence. C'est bien sûr à la loi de trancher dans cette affaire, sur la plainte de la mère de la jeune victime et sur les accusations récentes mises à jour lors du raz-de-marée MeToo. Ce n'est pas aux médias d'instruire un procès, ni au public de donner un point de vue sur des faits dont il n'a qu'une vue partielle. Ce qui me tracasse c'est qu'au final, la justice n'aura pas pu réellement se prononcer puisque Roman Polanski n'a cessé de s'y soustraire. On nous parle de quarante jours de prison effectués en 1977 et d'une plaignante qui souhaite la suspension de l'affaire pour échapper aux tourments médiatiques puis que le juge se serait rétracté pour réouvrir l'affaire jugée. Vice de procédure qui entraîne la fuite de Polanski, inquiet à l'idée de se retrouver en prison. Cela me semble un peu « limite » comme attitude.
Le mouvement MeToo n'a forcément pas produit que de bonnes choses mais il a donné à des milliers de victimes l'opportunité de briser le silence tabou et de relever la tête. Il a montré aux monstres qui font claquer leurs mâchoires voraces près des jeunes filles qu'une forme de défense et de justice existe.
Polanski est-il de ces monstres ? Chacun se fera sa propre idée en confrontant les multiples documents sur l'affaire. A-t-il purgé sa peine ? Judiciairement parlant, oui même si cela paraît peu ; la poursuite médiatique et l'assignation à résidence ont dû finir de faire prendre conscience à l'homme de cinéma qu'une vie est la somme de nos actes. On ne cesse de payer les factures de nos fautes et de nos erreurs, le droit à l'oubli est illusoire. Et le monde actuel ultra connecté ne va en rien le faciliter.
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