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Critique de eugenange


C'est le deuxième livre que je lis de cet auteur. le premier étant " le liseur" donné avec raison sans doute comme son chef d'oeuvre. C'est avec étonnement que j'ai retrouvé dans celui ci les mêmes névroses et une grande part de la construction littéraire du premier. Ce roman est très plaisant, même s'il n'est pas tout de même de la qualité du" liseur".
Pour rappel, il s'agissait là de l'histoire d'un adolescent faisant la lecture à sa maitresse, une femme qui bien que jeune aurait presque pu être sa mère. le déroulement de l'intrigue se passait sur deux temps, les amants se retrouvant dix ans plus tard, la femme en tant qu'inculpée, et lui la défendant, avocat commis d'office, et découvrant alors tout ce qu'il ignorait sur cette femme. Une histoire ramenant l'accusée comme comparse du troisième Reich.

Le métier d'avocat, qu'a pratiqué l'auteur, est encore celui du héros de l'histoire. le voilà qui s'enflamme comme un ado pour une jeune femme représentée sur un tableau, qui est au centre d'un litige que le propriétaire a envers le peintre qui a réalisé le tableau. C'est celui ci qui lui demande de défendre ses intérêts. Sa femme, le beau modèle de l'escalier, a en effet été séduite par le peintre, et le tableau se trouve au centre des rivalités, et de la possession, réelle et symbolique.
Voilà donc trois hommes s'affrontant pour le récupérer, autant le tableau que le modèle. Ils n'ont pas le même âge, les même arguments, la même fortune. le plus vieux est riche, l'autre est un artiste qui sera mondialement reconnu, le dernier est un avocat faisant pour le mieux pour s'affirmer dans le monde des affaires au sein d'un cabinet, et jouant dissimulé.
Quant à la belle, c'est une sorte d'égérie chargée de mystère....Le jeune avocat réalisera un peu tard qu'il s'est fait berné, comme un adolescent, et que la femme lui échappe autant qu'aux deux autres hommes, semblant dévaler l'escalier symbolique du tableau bien plus qu'eux.

Comme pour le liseur, le principal se joue dans le deuxième temps du livre.
Le tableau a disparu avec la femme. Mais quand celui ci resurgit 30 ans plus tard, exposé au musée de Sydney, notre avocat saute dans un avion pour remonter la piste.
Celle qu'il retrouve a bien plus vieilli que lui-même. Elle est très malade, vit sur une ile quasi déserte, faisant office d'infirmière envers une population pauvre. Elle garde pourtant une part de son mystère, comme celui de la jeune femme du tableau, qui émerveille les foules, descendant cet escalier d'un pas léger, jeune et pleine d'avenir, figée sous le vernis, pour l'éternité des jours.

Que nous dit ce livre? Que des rencontres, même brèves peuvent être fondamentales, et que l'élan de la jeunesse, et les insatisfactions liées à une déchirure ne cicatrisent pas.
L'amour physique n'est plus à envisager maintenant. Mais pourtant dans les limites circonscrites par la maladie, et le devoir d'assistance, l'intime peut prendre le chemin du nursing, et l'amant frustré d'hier peut exceller dans le rôle de soignant.
L'amour après tout a bien des chemins de traverse, et cette relation d'aide est une confrontation avec l'ultime, une preuve inéluctable de l'oubli de soi même au profit de l'autre. Ainsi les preuves d'amour sont changeantes au cours de la vie. Ces pages sont peut être un brin irrationnelles, mais elle m'ont ému. Et la vie après tout est parfois plus invraisemblable qu'un roman.

Que font ils de ces jours crépusculaires, tout près de la mer? Ils mangent, ils boivent, ils parlent des jours anciens, comme dans une chanson de Trenet. Ce sont des jours précieux, tout près du précipice, que l'on voudrait retenir, conscient que l'on est qu'ils font partis des plus essentiels de notre vie. Les larmes sont ils de peine, ou de bonheur.?
Les intéressés peuvent ils le savoir eux mêmes?
Impossible encore de ne penser au "lecteur", ce chef d'oeuvre. L'homme de la même façon que dans ce livre amuse la femme, redevient "ce beau chevalier" dont elle le flattait trente ans plus tôt. Mais il semble bien que cette fois cela n'est plus un mensonge. Il la distrait, se rend indispensable en racontant lui aussi des fictions. Mais ce ne sont pas des fictions littéraires. Mais des hypothèses assez burlesques, pleines d'humour et de rebondissement de ce qu'aurait pu être leur vie, s'ils ne s'étaient pas quitté. Un genre littéraire qui rappelle la fiction sud américaine, avec Vargas Llosa traitant souvent des intrigues à tiroirs, ou l'imagination tire les rallonges sur le réel et l'embellit.
Toutes ces déambulations m'ont fasciné, dans la répétition de l'oeuvre première, comme si le romancier répétait le même motif sur la toile, comme ces peintres flamands qui parfois s'échinaient toute leur vie à peindre la même composition, faisant juste varier la lumière, à la recherche d'une question qui leur était propre.
Il a bien sûr des défauts en nombre. Mais l'essentiel est ailleurs, comme disait Rimbaud





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