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Critique de Marc129


Une autre expérience de lecture très étrange, surtout parce que je m'y suis lancé sans aucune préparation. Sarraute propose 24 pièces courtes, des vignettes, souvent seulement quelques pages, et qui ne semblent reliées par aucune intrigue, existent simplement séparément. J'ai tout de suite remarqué à quel point son style littéraire est mélodieux, cela m'a fait passer spontanément à la lecture à voix haute, et puis il me semblait que les sons avaient une vie propre, séparée du contenu. Parce que ce contenu a nécessité quelques recherches et réflexions. Ce n'est qu'à la seconde lecture que j'ai remarqué que Sarraut presque toujours part d'un constat : de choses, de personnes (non citées nommément), de situations, qu'elle semble décrire de manière impartiale, objective, neutre. Elle le relie immédiatement à une certaine réaction provoquée par ce qui a été décrit, et qu'elle analyse ensuite. Et puis émerge un monde très complexe d'actions et de réactions, des actions liées à des émotions (parfois très intenses) et vice versa, mais toujours considérées comme une sorte d'automatismes, et les personnes impliquées presque comme des automates. Intriguant, mais très froid, comme si l'on observait les mouvements incessants d'une fourmilière ou d'un nid d'abeille. Ce livre est certainement intriguant, mais je dois honnêtement admettre qu'il ne m'a pas réchauffé. Ce genre de littérature « déshumanisée » est bien sûr le fruit des évolutions inhumaines du XXe siècle (il est apparu pour la première fois en 1939, mais n'a percé qu'après l'édition de 1957), mais il suscite spontanément en moi des résistances. Peut-être ai-je, à tort, fermé les yeux sur le caractère inanimé de nombre de nos actions, fruits d'automatismes (inconscients), et chéris-je trop l'illusion d'une interaction humaniste. Mais il est bon que Sarraute garde à l'esprit un autre mode de voir cette réalité.
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