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Critique de emusic4you


Madame Nathalie.
L'Héréso n'a plus rien d'hérétique lorsqu'il défend Nathalie Sarraute. Elle n'est point attaquée mais, thanksfully, il nous remémore l'existence de cette écrivaine polyglotte. Son importance. Ma journée débute, éclairée par un ample article biographique du Monde retranscrit par un internaute inspiré, auteur et metteur-enscène.

Et je me remémore le choc d'Enfance, livre bien-nommé, découvert à trente ans. L'humour de la quatrième de couverture des Fruits d'Or, avec ce personnage indéfini mais si puissant dans sa manière d'exister — comme toujours chez la dame au regard vif, à l'obstination obsessionnelle et truculente — cet homme qui démolit en quatre lignes son propre ouvrage : Les Fruits d'Or, c'est très mauvais... Osé !
Naturellement, on plonge avec délice dans cette satire mordante du milieu littéraire.
Les Fruits d'or, c'est très bon et ça lui vaudra un prix. Je pense avoir tout dévoré de Nathalie Sarraute, de sa vie, de sa correspondance.

L'auteure, le style, l'audace, l'intelligence, le sourire m'ont toujours fasciné. Et puis, on ressentait cette impression d'écrire dans un désert. D'écrire comme personne.
Pour personne au début, ensuite elle fut fêtée.
Sarraute, toujours. Les Fruits d'or — prêté à une actrice qui ne me l'a jamais rendu, tant mieux pour elle, à l'époque où je faisais du prosélytisme — Enfance, le Planétarium…lorsque je replonge dans ces volumes de temps à autre, il est bien question d'un océan vertigineux dans lequel on s'abandonne, tout demeure, tout me revient, je me souviens.
Ouvrez ! — son dernier opus — vivace, malicieux, profond, empli d'humour comme toute son oeuvre.
Indispensable.
Une séquence marquante : elle cherche le nom d'Arcimboldo qui ne lui revient pas. N'arrivent que des fruits, des légumes et ce mot ”audace” — qui lui va tant. Elle nous parle de la mémoire, de sa perte à quatre-vingt-dix-huit ans lorsqu'elle écrit cet ouvrage, lentement dit-elle, très lentement comme elle a toujours écrit. On entend presque : laborieusement. Puis l'anglais bold (audacieux) s'impose et d'un coup, elle retrouve le nom du peintre espéré. Un chapitre haletant sur cette aventure dans laquelle chacun se voit. Sarraute partage et creuse humblement.
Aura passé sa vie à ouvrir des portes interdites avec les poignées du Planétarium, celles qui empêchaient la tante Berthe de dormir parce qu'elle ne les trouvait pas à son goût.
Et le lecteur se retrouve, trouve et relit, inlassablement.
Amoureuse de Proust, bien sûr.
Sarraute, un phare sans fard.
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