Voilà une autobiographie bien originale!
Nathalie Sarraute, âgée de 83 ans, revient sur les 11 premières années de sa vie, faisant dialoguer deux parties d'elle-même : l'une porte le récit et l'autre critique simultanément la forme et le fond de cette autobiographie en train de se construire. Cette période est déchirée entre ses parents, divorcés, et entre la Russie (Ivanovo) et la France (Paris).
•
Dans une démarche toute auto-analytique qui caractérise l'ensemble de son oeuvre romanesque, l'auteur explore les
tropismes de son
enfance, c'est-à-dire les impressions, sensations, ressentis qui sont restés sans mot et qui cherchent à se dire dans cette oeuvre. Evidemment,
Nathalie Sarraute entre en contact avec des scènes, des paroles, des vécus infantiles avec ses parents, qu'elle déplie pour mieux les saisir dans l'après-coup de l'âge adulte.
•
J'ai lu cette oeuvre juste après “
Une Femme” et “
La Place” d'
Annie Ernaux qui y cherche sa mère et son père. J'ai été touché par la sincérité et la justesse des quêtes de ces deux femmes, qui ont nécessité une certaine rigueur pour se tenir à distance de tout embellissement ou noircissement. “
Enfance” peut paraître par moment aride et confus, mais c'est bien dans ce travail ardu qu'on touche à sa vérité singulière.
•
Gaultier
Commenter  J’apprécie         40