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Critique de gilles3822


Voilà un livre qui ne laisse personne indifférent. La richesse des thèmes abordés donne le tournis tant ceux-ci sont variés. L'organisation des chapitres m'a laissé perplexe quand on constate que la fin est somme toute très classique. Mais je ne suis pas là pour dire ce qui est lisible. La quête de Diégane est multiple et avec lui, nous partons à la recherche d'Elimane, du mystère incarné, de ce qu'il représente et des réponses qu'il est censé apporter. Fausse piste que celle-là. Il n'y a de réponse qu'en chacun de nous. On peut lire ce livre comme un polar, plusieurs mondes se chevauchent, brouillent les pistes, la narration elle-même, si l'on n'y prend pas garde, tend à la confusion. Elle est fort claire, nous avons compris, les personnages à travers le temps se sont perdus dans leur quête de vérité, Diégane donne l'impression d'avoir un train de retard dans sa perception, identité mal assurée, agacement perceptible chez ses interlocuteurs, fort nombreux au demeurant. La lecture à plusieurs niveaux nous entraîne dans les arcanes du monde littéraire de l'entre-deux guerres, rien n'a changé, rencontres de personnages désuets, d'idéalistes assumés et de salauds notoires. L'extraordinaire tient au passage vers l'Afrique, source de l'inspiration, ce qui crée le trouble chez le lecteur non averti. Un " nègre" ne peut écrire de la sorte dans les années 30, il ne peut s'agir que d'une imposture, vite relayée, aux oubliettes l'affreux, qui ne se faisaient guère d'illusion sur la possible compréhension, sans parler de mansuétude. Il s'en va, laissant derrière lui les contempteurs, les admiratrices et les autres, par delà le temps, source de tous les questionnements sur l'africanité, néologisme naissant, impossible définition car teintée d'une sincérité dévoyée par un manque total d'altérité.
Impossible définition. J'écris parce que cela m'est nécessaire, fruit d'un enseignement autre, et je suis le fils d'une autre culture, orale celle-là, par delà les esprits, pouvoir magique de la mystérieuse Afrique, continent conquis, jamais compris. L'imagerie coloniale pollue et dénature toute création. Tenter de son affranchir est une affirmation identitaire, de la chrysalide sort le papillon...
J'oublie d'autres thèmes, le frénésie des sens est maintes fois évoquée, est-elle une facilité ?
La Shoah est évoquée via une autre quête que l'on a fait semblant d'oublier, happés que nous étions par les passerelles culturelles, cherchant le gué. L'Amérique latine, refuge, est aussi un terrain de chasse, le gibier n'y est pas comestible.
Livre protéiforme, qui en déroutera plus d'un(e) mais qui vous prend et ne vous lâche pas
A lire
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