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Critique de Allantvers


C'est une expérience de lecture vraiment à part de se frotter à la plume de Saramago : d'une impitoyable densité (les passages à la ligne sont rarissimes), elle laisse extrêmement peu de latitude à son lecteur qui non seulement ne peut pas relever le nez de la page, mais de plus est ramené de force dans le texte par le narrateur qui, avec un humour entortillé dans d'interminables phrases, se charge lui-même des divagations. Ainsi le pré-requis est-il d'accepter que l'auteur prenne les commandes et de lui faire confiance, après tout il n'a pas reçu le prix Nobel pour rien.

Comme dans "L'aveuglement", c'est le décalage entre le ton (cet humour teinté de cynisme et de bon sens porté par la voix du narrateur qui nous grésille à l'oreille comme une pythie facétieuse) et le fonds qui m'ont interpellée dans ce roman sombre et vertigineux: démarrant dans la réalité stable et tangible de Tertuliano Alfonso Maximo, morne professeur d'histoire au mi-temps de sa vie, on perd peu à peu pied avec lui à mesure qu'il s'enfonce dans le questionnement existentiel amené par la découverte d'un "autre", acteur de second ordre, qui lui est absolument semblable. Dès lors, notre homme sombre dans l'obsession de façon irrémédiable. La bascule se fait peu à peu, chaque décision effaçant derrière elle le chemin qui l'y a amenée, le destin prend le pas sur la raison dans cette situation inouïe qui ne peut avoir d'issue heureuse.
Un roman troublant qui sur la base d'une intrigue très simple et parfaitement menée questionne en profondeur sur l'identité, la singularité, la fragilité de l'équilibre de chacun.

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