Il me semble que j'avais déjà lu ce roman, une partie peut-être je ne sais plus mais il m'a paru terriblement familier. Pour une fois c'est le résumé qui m'a tenté, plus que la couverture, que je ne trouve pas très jolie pour le coup et c'est bien dommage, car l'histoire qu'elle cache est, elle, terriblement jolie.
J'aime les livres terriblement humain et émotifs de
Julien Sandrel, je ne prenais donc pas trop de risque à choisir ce livre, je n'ai pas été déçue.
Romane, médecin généraliste hypocondriaque, se retrouve plongée dans le désarroi un matin par l'une de ses patientes. En effet, on l'aurait aperçue à des kilomètres de chez elle, coiffée d'une perruque rousse et sortant d'un rendez-vous avec un pneumologue.
Cette remarque farfelue au premier abord aurait pu en rester au stade de la coincidence, si Romane ne cachait pas un petit secret depuis son enfance : une flamboyante chevelure rousse naturelle. le doute s'installe en elle, là ou un petit trou semble n'avoir jamais été comblé et elle décide sur un coup de tête de filer à Marseille mener l'enquête.
"Son regard... il y a tout dans son regard. La peur, la surprise, l'incrédulité, la mort, la vie. "
Si j'ai été un petit peu dérangée au départ par cette rencontre avec cette autre elle, un peu trop facilement acceptée, je me suis laissée embarquée par la suite dans ce récit familial plein d'émotion avec nos deux personnages de tragédie revisitée que sont Romane et Juliette. Elles sont belles, elles sont émouvantes et pleines d'espoir. On les imagine menues, rousse évidemment, la peau blanche, l'une réservée l'autre expansive.
L'auteur aborde un sujet qui bien sûr m'est familier : la gémellité et cette question de fond : qu'est-ce qui détermine le caractère ? J'ai ce qu'on appelle dans le langage commun des faux jumeaux puisque issus d'une FIV et à part avoir partagé mon ventre, mes fils ne partagent rien qu'une vague ressemblance comme deux frères qui ne seraient pas jumeaux pour le coup. L'un a les yeux bleus et les cheveux bouclés, l'autre les cheveux raides et de grand yeux marrons. L'un est bronzé naturellement (merci mon papa) l'autre est très blanc de peau. Les deux ont un caractère bien trempés.
Dans le roman de Julien Sandrel Romane et Juliette se ressemblent physiquement mais sont à l'inverse mentalement l'une de l'autre et Romane se demande souvent qu'elle aurait été leur vie ensemble ou chacune dans la famille de l'autre. Une vraie question comme un fil rouge à cette histoire qui va déterminer l'arc narratif du personnage de Romane.
"Nos vies sont-elles des chimères ? Tout ce que nous savions a été balayé en un instant. "
Et je me suis laissée avoir bien évidemment, comme une bleue qui ne lit jamais (ou alors c'est mon côté auteure de thriller qui ressort) en imaginant bêtement une autre fin que celle que
Julien Sandrel nous offre. J'ai versé ma petite larme du coup car jusqu'au bout l'auteur reste fidèle la tragédie (presque shakespearienne) revisitée. Il y a tellement de jolies choses dans ce roman : de l'amour familial, de la beauté dans les êtres, les paysages des thèmes durs tel que l'abandon ou le deuil mais abordés d'une manière suffisamment délicate pour ne pas plomber le roman.
" Vous ne saurez jamais que votre âme voyage, comme au fond de mon coeur, un doux coeur adopté. Et que rien, ni le temps, d'autres amours, ni l'âge n'empêcheront jamais que vous ayez été."
Un roman qui se lit d'une traite, sans difficulté. Une construction plutôt classique qui alterne deux points de vue : celui de Romane en grande majorité et celui de cet autre par qui l'histoire commence.
Le tout est cohérent, les réponses toutes apportées et le rythme sans nous tenir en haleine (mais je ne pense pas que ce soit le but ici) plutôt bien soutenu par quelques rebondissements qui nous empêche de refermer le livre.
Un bon roman de printemps à lire au soleil dans son petit transat à déguster avec un petit rosé de Provence (désolée je n'aime pas le pastis et je trouve que ça fait cliché mais vous buvez ce que vous voulez hein, lisez juste le livre ;) )
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