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Critique de Diomedeine


J'écris une seconde critique, je crois -parce que mon commentaire à une critique de cet ouvrage s'est tellement étoffé que ce n'en n'est plus un.

J'ai donc voulu réagir à la critique d'un babelionaute qui recommande l'ouvrage et, au passage, donne un petit coup convenu sur le fait qu'avoir un idéal, quel qu'il soit, conduirait fatalement au meurtre ; un petit coup convenu sur la "révolution sanglante de Russie";  et qui met le livre dans la catégorie "hommage aux héros de la grande guerre".

Certes, Ruffin n'est pas un révolutionnaire communiste mais, comme écrivain, 100ans après, il veut bien montrer, honnêtement que, face à la boucherie de la première guerre mondiale, c'était soit le désespoir, soit un autre espoir.  Plus personne dans les tranchées depuis longtemps ne croyait à la "défense de la patrie". L'autre espoir, c'était celui la fraternisation générale des soldats des deux camps contre la guerre. Et cela, forcément contre leurs propres officiers et Etats (de façon révolutionnaire, sinon au moins insurectionnelle, "sanglante"). Les Etats, en effet,  ne les laisseraient pas fraterniser - l'expérience en avait été faite, dès Noël 2014 : les sanctions avaient été mortelles. 

Est-ce une histoire vraie  ? Non, la seule chose de vraie, d'après l'auteur lui-même, c'est cet épisode d'après guerre où un soldat français démobilisé, refuse, justement de "rendre hommage aux héros de la grande guerre" - au risque de croupir en prison, voire pire.

Pourquoi, puisqu'on l'a décoré, puisque lui-même est un héro ? C'est là que l'auteur imagine toute cette histoire.

Ce gars-là - le vrai, historique, était-il un communiste révolutionnaire ? Probablement pas. Mais pourquoi pas ? Il y en a eu, en France, quoique totalement désorientés par la politique d' "Union sacrée" ( en faveur de la guerre) de leur parti (le parti socialiste) et de la seconde internationale (Cf. "Mémoires du tonnelier Barta").

L'auteur en tous les cas a voulu l'imaginer comme tel : là, tout s' expliquerait.
Et puis la tentative de son personnage imaginaire n'est-elle pas réaliste après tout ? La capacité d'abnégation était là, que manifeste l'entêtement, réel celui-là, du soldat. La situation était là : des hommes de toute nationalités rassemblés de part les alliances militaires, et s'appréciant par delà leurs nationalité, des ouvriers, des paysans en arme, s'entretuant jusqu'à l'absurde ; une vraie révolution qui venait d'avoir lieu juste à côté avec des soldats communistes intrépides qui faisaient de la propagande dans et par-dessus les tranchées.

L'épisode que l'auteur décrit aurait bien pu avoir lieu...  Et c'est enthousiasmant. L'auteur nous fait partager l'envie que ça ait lieu.

L'histoire du chien au collier rouge introduit un autre thème philosophique : le courage et la fidélité ne sont jamais que des qualités animales - elles peuvent être nuisibles ; le propre de l'être humain serait plutôt de réfléchir en s'appuyant sur l'expérience, ce qui pourrait l'amener à trahir (la patrie) pour ne pas trahir (l'humanité), etc.

Bon, j'en ai peut-être déjà trop révélé, mais les aventures de l'histoire du soldat Morlac et de son chien, sous la plume de l'auteur, sont un regal à découvrir.

Merci à l'auteur de nous avoir fait toucher du doigt, à partir de ce petit épisode, de ce petit roman, comment l'état d'esprit de soldats qui avaient tout subi pouvait devenir révolutionnaire et comment la révolution aurait pu s'étendre.
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