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Critique de PGilly


Cet ouvrage tombe à pic à la veille des rentrées scolaires et universitaires. Il parle d'abord aux enseignants mais une première partie sur les biais cognitifs et les pressions affectives qui influencent nos réactions et nos pensées intéressera un large public.
L'éducation au doute et au scepticisme raisonnables constitue une des missions centrales du système éducatif. L'auteur s'appuie sur une pédagogie de la métacognition pour amener les étudiants, petits, moyens et grands, à détecter leurs propres mécanismes de mépensée, "en particulier leurs raisonnements spontanés parfois fallacieux ainsi que les biais qui les conduisent à faire preuve de crédulité excessive."
Autrement dit, la métacognition c'est apprendre à penser sur sa façon de penser, à décrypter les fausses informations émergeant de la surabondance d'énoncés sur Internet et les réseaux sociaux, entre autres. (L'auteur fait une fixette sur le complotisme).
Pareille éducation au doute exige du doigté et la pose préalable d'un socle de certitudes chez l'apprenant et l'acquisition de compétences. Marc Romainville présente tardivement à mon goût (p.128) une série d'activités incarnant la métacognition : évaluation de la confiance vis-à-vis d'une source Internet ; jeux de rôle enregistrés ; situations-problèmes ; travaux individuels et en groupe.
Il s'agit de développer chez l'élève une sorte de vigilance et d'attention, activée à bon escient (pas tout le temps), en ancrant la méthode dans des disciplines, à partir de quelque chose de concret. Inutile d'asséner des consignes de manière autoritaire, plutôt adopter une pédagogie active.
Les habitudes de lecture changent, Marc Romainville préconise dès lors de réhabiliter les pratiques de lecture-réflexion sur des supports papier et d'y entraîner explicitement les élèves, dès le plus jeune âge.
L'enseignant universitaire colle aux usages dominants. Il donne à analyser les logiques à la source de Facebook- conflit éludé - et de Twitter (X) - conflit cultivé -. Il souligne également l'utilisation de ChatGPT par les professeurs comme outil de développement de l'esprit critique.
L'ouvrage est d'une solidité irréprochable, au détriment d'une facilité de lecture. Toutefois, ce long tunnel pour démonter nos façons confortables et paresseuses de penser est absolument nécessaire tant la tendance est lourde à remplacer une question complexe par une question plus rudimentaire pour contourner un réel effort de rigueur au profit d'une réponse rapide, dont la solution permet d'extrapoler une réponse plausible à la question complexe. Simplifier au lieu de creuser, la tentation guette à chaque clic.
Nous sommes invités, à l'instar d'Edgar Morin, à une juste "connaissance de la connaissance", en ayant à l'esprit que le monde des idées ne se résume pas à une vaste combat entre le bien-penser et le mal-penser absolus. La réalité est beaucoup plus nuancée, rendant l'éducation au doute (raisonnable et raisonné) extrêmement complexe et ... passionnante.
Indispensable aussi ! Et URGENTE !
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