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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 1 à 5 d'une nouvelle série ayant débuté en 2012. La création de cette nouvelle équipe fait suite à Avengers vs. X-Men (en abrégé AvX). Les scénarios sont de Rick Remender, les dessins et l'encrage de John Cassaday pour les épisodes 1 à 4. L'épisode 5 est dessiné par Olivier Coipel, encré par Mark Morales. La mise en couleurs est effectuée par Laura Martin, avec l'aide de Larry Molinar pour l'épisode 4.

Dans la première page, le supercriminel de l'histoire est en train de réaliser une trépanation sur un cadavre ayant vu un avatar de la force Phénix de près avant de passer l'arme à gauche. Puis le récit passe à l'eulogie de Logan à l'occasion de l'enterrement de Charles Xavier. Parallèlement Alex Summers rend visite à sont frère en prison. En sortant il est interpelé par Captain America et Thor qui ont une proposition à lui faire. Ils estiment tous les 2 qu'il est temps que les Avengers envoient un signe clair en faveur de l'intégration des mutants dans la société. Ils souhaitent confier une nouvelle branche des Avengers (Unity Squad) à Alex Summers. Ces 3 superhéros doivent intervenir séance tenante dans les rues de New York où le mutant Avalanche (Dominikos Ioannis Petrakis) cause des destructions de grande ampleur. Alors que Wanda Maximoff (Scarlet Witch) se recueille sur la tombe de Xavier, elle est apostrophée par Anna-Marie (Rogue) qui lui reproche d'être à l'origine de toutes ces catastrophes ("No more mutants" dans House of M). Les 2 sont interrompues dans leur vive discussion par les S-Men (Goat-faced Gril, Dancing Water, Insect, Mzee, Honest John la propagande vivante, Living Wind, et Dangerous Djinn). Épisode 5 - Les Avengers annoncent publiquement la création de la nouvelle équipe.

Rarement un titre de série aura eu une visée aussi mercantile, provoquant un moment de vif recul immédiat du lecteur familier de ce genre de tactique. Après que Brian Michael Bendis ait intégré Spider-Man et Wolverine dans les Avengers (voir Breakout en 2005), c'était la dernière tactique bassement commerciale restant à Marvel : associer des Avengers et des X-Men dans une même série, en faisant figurer de manière proéminente l'adjectif "Uncanny", longtemps indissociable de la série "Uncanny X-Men". On ne peut pas dire qu'une telle démarche soit de nature à inspirer confiance à l'acheteur potentiel.

C'est donc avec peu d'espoir quant à la qualité du récit que le lecteur découvre ce récit (encore plus de réticences s'il connaît déjà le principal supercriminel qui sent franchement le réchauffé). La page d'introduction assez cryptique ne permet pas de se faire une idée. le discours de Logan est celui attendu sur le rêve de cohabitation pacifique, avec une amertume sous-jacente neutralisant toute mièvrerie. le dialogue entre les frères Summers correspond à celui d'adultes, avec des prises de position justifiables. La proposition de Steve Rogers est pleine de bon sens, permettant de faire amende honorable sur un oubli inexcusable (la passivité des Avengers face au racisme anti-mutants, encore qu'il y ait déjà eu des mutants dans les Avengers, par exemple Scarlet Witch et Quicksilver, ou encore Beast l'un des premiers X-Men). La franche explication entre Rogue et Scarlet Witch permet enfin d'exprimer clairement le sentiment de plusieurs lecteurs sur la culpabilité de Maximoff. Cassaday réalise un travail soigné avec des arrières plans en quantité raisonnable, des poses iconiques, des personnages aux expressions nuancées.

Mince ! Dès la fin du premier épisode, Rick Remender (également scénariste de Captain America dans le cadre de l'opération "Marvel NOW!", à partir de Cast away in dimension Z) a réussi son pari : justifier l'existence de cette équipe faite de pièces rapportées. Par la suite, il ne peut pas faire autrement que de passer par 2 points obligés : un ravivement de la haine contre les mutants (attisée par le supercriminel), et la nécessité d'insérer des scènes dans lesquelles Alex Summers s'impose devant Steve Rogers et Thor. Quand Havok rétorque à Captain America sur le champ de bataille qu'il doit choisir entre lui laisser le commandement ou se passer de ses services, le lecteur grimace un peu devant le cliché. Par contre quand Alex Summers rejette la démarche de son frère, ou quand il s'adresse à la presse pour donner son avis sur la haine anti-mutant, le lecteur découvre un personnage avec un point de vue cohérent et crédible. Remender ne se contente pas d'aligner des lieux communs déjà mille fois lus dans les séries des X-Men (ou de reprendre les dialogues de Kieron Gillen dans AvX Consequences), il a pris soin de construire un discours qui tienne la route. Quant à l'intrigue, les épisodes 1 à 4 permettent à l'équipe de justifier l'existence de l'escadron Unité, avec un supercriminel ayant commis une profanation tellement énorme qu'elle suffit à nourrir le récit. le cinquième épisode sert à officialiser l'équipe de manière publique et à introduire un mystère pour les épisodes suivants.

Alors que la politique éditoriale de Marvel est toujours aussi transparente (mettre un dessinateur de renom sur les premiers épisodes d'une série pour accrocher le lecteur, puis le remplacer par un dessinateur de moindre envergure), le lecteur a le plaisir de constater que John Cassaday ne s'est pas économisé, ni sur les personnages ni sur les décors (sauf peut-être dans le dernier épisode pour les décors). Il s'agit donc de dessins précis et réalistes, avec un bon niveau de détails, des costumes variés avec un soin apporté à leur texture. Cassaday dessine des personnages aux expressions nuancées, aux postures crédibles, avec une exagération pour les poses superhéroïques. Les S-Men bénéficient d'une apparence originales, de la femme à tête de chèvre, au dieu africain (très belles écailles), en passant par Dancing Water dont la texture est très bien rendue par les effets spéciaux de la mise en couleurs de Laura Martin. Pour le dernier épisode, Olivier Coipel est dans un mode un peu moins pressé que pour Primer. Ses planches présentent un côté plus aérien et plus légèrement plus romantique que celle de Cassaday, avec un soupçon de malice, très agréable. Par contre il accentue le décolleté de Scarlet Witch, au-delà du crédible.

Le tome se termine avec la reproduction des différentes couvertures variantes réalisées par Daniel Acuña, Adi Granov (magnifique Scarlet Witch), Neal Adams, Scottie Young, Mark Brooks, J. Scott Campbell, Milo Manara (une autre Scarlet Witch très séduisante), Simone Bianchi, Steve McNiven et Olivier Coipel.

Alors que le lecteur pouvait craindre une série prétexte reposant uniquement sur l'artifice de réunir des Avengers et des X-Men (Ah non, pardon, j'ai confondu avec A+X), il découvre une construction solide justifiant l'existence de l'escadron Unité, avec des dessins de bonne facture, et une intrigue retorse et sacrilège, mettant en scène des personnages avec des convictions et des comportements adultes. Remender continue de rapprocher les Avengers et les X-Men dans The Apocalypse twins, dessiné, encré et mis en couleurs par Daniel Acuña.
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