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Critique de Brooklyn_by_the_sea


Comment faire la chronique d'un tel livre sans tomber dans l'indécence ? Comment même penser à en faire la chronique, et prendre le risque de le réduire à une suite de mots maladroits ? Cependant, il me semble important de donner envie de le lire, alors voici :
Paul Bäumer, jeune troufion de 19 ans, raconte la première guerre mondiale telle qu'il la vit, heure après heure, jour après jour, mois après mois, année après année. D'une façon étrangement douce et posée, il raconte comment ses copains de classe et lui se sont enrôlés sous la pression de leur professeur, de leurs parents, de la société entière. Il raconte les dix semaines d'instruction militaire, puis la boue, le front, la guerre, les gaz, les hôpitaux, les permissions parfois, la camaraderie toujours : "ce que la guerre produisit de meilleur".
Toutefois, ce n'est pas un "livre de guerre pour garçons" -préjugé qui m'avait d'abord rebutée, jusqu'à ce que je découvre la merveilleuse chronique de Tiptop92 (un énorme merci à lui). C'est avant tout une réflexion sur la vie, la mort, et la guerre. Car Paul Bäumer est un jeune homme intelligent et instruit, et son récit -au présent- est haletant et bouleversant. Il fait le constat d'une jeunesse saccagée, jeunesse pour laquelle le slogan "no future" aurait dû être inventé, et c'est sans doute ce qui m'a le plus touchée. En outre, grâce à lui, j'ai compris comment des hommes, qui ne se connaissent pas, peuvent se jeter tout à coup furieusement les uns sur les autres pour s'entretuer. Plus qu'une dénonciation politique de la guerre, Erich Maria Remarque fait ici la démonstration philosophique et psychologique de son inanité. Pas étonnant que les nazis aient brûlé ce livre dès 1933.
Il est impossible de sortir indemne de ce récit, d'autant que malgré sa lucidité douloureuse, il est traversé de fulgurances de beauté et d'humanité : lorsque les soldats s'émerveillent devant un champ de coquelicots ou le vol de papillons, lorsqu'ils goûtent à la langueur d'un soir d'été, qu'ils partagent une cigarette ou un pot de confiture, ou qu'ils font la cour à de belles Françaises. Car malgré la chape de crasse, de destruction et d'absurdité qui les écrase, la vie continue de palpiter en eux -même malgré eux.
C'est un livre qui devrait être étudié dans tous les collèges de France et d'ailleurs. Non seulement pour se souvenir, mais surtout pour comprendre et se prémunir ; car même si la technologie et la rhétorique évoluent, la chair à canon reste la même.
Et si vos années-collège sont loin derrière vous... lisez-le quand même, car en décrivant le pire, Erich Maria Remarque exalte le meilleur qu'il y a en nous.
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